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PICKFORD MARY (1893-1979)

Archétype de la star du cinéma muet telle que Hollywood l'avait conçue dans son âge d'or, Mary Pickford avait réussi à incarner, aux alentours de la Première Guerre mondiale, cette petite « fiancée de l'Amérique » aux vertus cardinales, entretenant avec tout le pays une liaison amoureuse qui ne s'est jamais démentie, tout en restant la star inaccessible, vivant dans une folle prodigalité, et dont la vie privée fascinait chaque Américain.

Mary Pickford est née à Toronto. Très jeune, elle va connaître ses premiers succès sur les planches à Broadway. Elle incarne de jeunes héroïnes touchantes évoluant dans un univers hostile, mais qui triomphent de l'adversité grâce à leur ingénuité. Elle joue à l'époque sous son nom de Gladys Smith. Le cinéma, en pleine période artisanale, est alors en quête de visages « touchants », et, dès 1909, Mary Pickford va tourner ses premières bandes.

Alternances de scènes comiques et de scènes mélodramatiques, ces premiers balbutiements ont pour noms : The Lonely Villa, The Little Darling, The Renunciation... et sont. l'œuvre des studios Biograph. Ce n'est qu'après sa rencontre avec le metteur en scène D. W. Griffith que l'actrice va prendre au sérieux ce nouveau moyen d'expression et mettre toute son énergie dans cet art en plein devenir. Tous deux participent à la naissance des studios hollywoodiens. En 1910, Mary Pickford fait partie des noms plébiscités par un public de plus en plus large, grâce à des titres comme Ramona ou The Unchanging Sea. Elle ne tournera pas moins de cent vingt-cinq courts-métrages. Son personnage se dessine : petite bouche, grandes boucles blondes et sourire désarmant. En quelques années, elle devient une des femmes les plus riches du pays et un des atouts majeurs des premiers studios californiens.

Charlie Chaplin, Mary Pickford et Douglas Fairbanks - crédits : Topical Press Agency/ Moviepix/ Getty Images

Charlie Chaplin, Mary Pickford et Douglas Fairbanks

Parmi ses succès, quelques titres : The New York Hat (1912), Cinderella (1914), Un bon petit diable (1913), d'après la comtesse de Ségur. Une héroïne de roman se matérialisait devant les yeux émerveillés du public... Elle tournera les tout premiers films de Maurice Tourneur (Pauvre Petite Fille riche, 1917) et de Cecil B. de Mille (La Petite Américaine, 1917). Devant ce succès, Adolph Zukor, fondateur des studios Paramount, lui propose un salaire fabuleux. Au sommet de sa carrière, Mary Pickford épouse une autre grande vedette de l'époque, Douglas Fairbanks Senior. Tous deux, en compagnie de D. W. Griffith et de Chaplin, fondent en 1919 leur propre maison de production, United Artists. La petite fille prenait sa revanche : elle devenait une imposante femme d'affaires. Pour respecter les vœux d'un public qui souhaitait que les stars vivent dans le faste, elle fit construire Pickfair, fabuleuse demeure, véritable musée où elle vécut jusqu'à sa mort.

<it>La Petite Vendeuse</it>, de Sam Taylor - crédits : Collection privée

La Petite Vendeuse, de Sam Taylor

À la fin des années 1920, elle prend conscience de la jeunesse et de la fragilité des héroïnes qu'on lui fait incarner. Le cinéma aussi est en pleine mutation. C'est l'avènement du parlant. Mary Pickford adopte une coiffure « à la garçonne » symbolisant son affranchissement, décide de changer de registre (Rosita, 1923, La Petite Vendeuse, 1927, Coquette, 1929), mais le public ne suit pas. L'actrice se retire en 1933 après avoir tourné Secrets, de Frank Borzage, avec Leslie Howard.

— André-Charles COHEN

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Charlie Chaplin, Mary Pickford et Douglas Fairbanks - crédits : Topical Press Agency/ Moviepix/ Getty Images

Charlie Chaplin, Mary Pickford et Douglas Fairbanks

<it>La Petite Vendeuse</it>, de Sam Taylor - crédits : Collection privée

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