MIRZAKHANI MARYAM (1977-2017)

Maryam Mirzakhani, d’origine iranienne, est la première femme à recevoir la médaille Fields (2014), une des deux plus prestigieuses récompenses en mathématiques, avec le prix Abel. Ses travaux de recherche menés aux États-Unis ont apporté une compréhension nouvelle et profonde des surfaces de Riemann et de leurs espaces de modules.

Mathématicienne iranienne, source d’inspiration universelle

Maryam Mirzakhani est née le 12 mai 1977 à Téhéran, à la veille du conflit Iran-Irak (1980-1988), qui allait décimer la jeune génération masculine des deux pays. Rêvant de devenir écrivaine, elle se signale aussi par des aptitudes scientifiques exceptionnelles qui lui valent de participer à un programme d’excellence (NODET). Celui-ci, initié sous le shah, est renforcé par le gouvernement iranien, soucieux de voir se perpétuer une tradition scientifique ancrée dans l’histoire et la culture du pays, mise à l’arrêt par le conflit. La formation d’élite qu’elle reçoit et ses propres talents lui permettent d’obtenir une première médaille d’or aux Olympiades nationales de mathématiques puis, en 1994 et 1995, deux médailles d’or aux Olympiades internationales avec les scores remarquables de 41/42 et 42/42. Elle obtient ensuite un bachelor à l’université Sharif de technologie à Téhéran, où elle bénéficie là encore d’une excellente formation.

Ces récompenses constituent un sauf-conduit pour intégrer les universités américaines les plus prestigieuses, dont l’environnement scientifique très stimulant attire les jeunes talents du monde entier. C’est ainsi qu’elle mène ses travaux de thèse à l’université Harvard sous la direction de Curtis Mc Mullen, lui-même lauréat de la médaille Fields en 1998. Elle soutient son mémoire en 2004. Il porte sur l’étude des espaces de modules des surfaces de Riemann, avec trois résultats d’importance majeure, dont un, optimal, sur le comptage des géodésiques simples sur ces surfaces, qui avait résisté jusqu’alors aux efforts des spécialistes du domaine. Les avancées profondes desquelles ce résultat est déduit lui valent l’admiration des spécialistes mondiaux et, la même année, un poste d’associée à l’institut Clay de mathématiques à Cambridge (Massachusetts). Elle devient ensuite professeure à l’université de Princeton (New Jersey) puis, en 2009, à Stanford (Californie), où elle poursuit ses recherches sur les espaces de modules et obtient des résultats marquants sur la dynamique du flot de Teichmüller dans l’espace des modules. En 2014, elle obtient, en collaboration avec Alex Eskin et Amir Mohammadi, des résultats de régularité sur les espaces de modules qui surprennent autant qu’ils impressionnent. C’est la même année qu’elle se voit décerner la médaille Fields, l’ensemble des travaux cités, leur originalité, l’humilité et la profondeur de la mathématicienne forçant l’admiration de ses pairs.

Maryam Mirzakhani est emportée le 14 juillet 2017, à l’âge de quarante ans, par un cancer, diagnostiqué quatre ans plus tôt. Elle est devenue sans conteste une source d’inspiration pour les jeunes femmes qui se destinent à la recherche mathématique. Première femme ayant reçu la médaille Fields, elle déclarait avec raison que des portes s’ouvriraient : cinq ans plus tard, Karen Uhlenbeck sera lauréate du prix Abel ; et, en 2022, Maryna Viazovska deviendra la seconde femme récompensée par la médaille Fields. Pas moins de six bourses sont allouées à son nom, dont une en Iran.