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CONDÉ MARYSE (1934-2024)

Maryse Condé - crédits : Philippe Giraud/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Maryse Condé

Figure importante des littératures de langue française, l’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé est l’auteure d’une œuvre, profuse et variée, composée de nouvelles, de romans, de pièces de théâtre et d’essais. Internationalement reconnue, elle a été traduite en plusieurs langues et a reçu de multiples prix. Elle a fait entendre une voix singulière, résolument originale, dans le concert des francophonies. Si les questions liées à la négritude, l’antillanité, la créolité et la condition postcoloniale, à l’aune de l’expérience féminine, figurent au cœur des préoccupations de Maryse Condé, ses écrits excèdent la Caraïbe où elle est née pour évoquer les espaces coloniaux et postcoloniaux des Amériques, de l’Europe et de l’Afrique.

Une vie nomade

Née le 11 février 1934 à Pointe-à-Pitre, Maryse Liliane Appoline Boucolon est la huitième et dernière enfant d’une famille bourgeoise de Guadeloupe. Son père y avait fondé une caisse coopérative de prêts et sa mère était l’une des premières institutrices noires de sa génération. Après une enfance et une adolescence sur l’île, Maryse Condé se rend à Paris pour continuer ses études au lycée Fénelon avant de s’inscrire en Sorbonne. Elle se mêle alors aux jeunes intellectuels africains et antillais qui résident dans l’Hexagone, découvre les écrivains de la négritude, à commencer par le Discours sur le colonialisme (1950) de Césaire. Elle se marie avec le comédien guinéen Mamadou Condé en août 1958. L’Afrique, qui n’était au départ qu’un « objet littéraire », va prendre une place importante dans sa vie.

En Côte d’Ivoire, puis en Guinée, au Ghana et au Sénégal – où elle part enseigner le français et rencontre Richard Philcox, un Britannique, professeur de langue anglaise, qu’elle épousera en 1982 –, Maryse Condé assiste à l’essor et aux désillusions des indépendances. Elle qui s’est confrontée à l’Afrique réelle tombe désormais d’accord avec Frantz Fanon : le monde noir et la négritude sont des idées à dépasser. Elle revient à Paris en 1970, travaille à la librairie et maison d’édition Présence africaine avant de soutenir, en 1975, une thèse de doctorat de lettres portant sur la littérature des Caraïbes, sous la direction de René Etiemble.

En 1976, Maryse Condé publie son premier roman, Heremakhonon, revenant sur les désillusions des indépendances africaines. Quelques années plus tard, Ségou, roman historique en deux tomes (1984-1985) qui, à travers le destin de trois frères, retrace la chute du royaume bambara, la fait connaître d’un vaste public. Invitée par diverses universités aux États-Unis, d’abord en Californie, puis en Virginie et au Maryland, elle termine sa carrière professorale à l’université Columbia, de 1997 – année où elle crée le Centre des études françaises et francophones qu’elle dirigera – jusqu’en 2002. Après avoir vécu quelques années entre New York et la Guadeloupe, elle fait le choix de revenir définitivement en métropole pour soigner une maladie neurologique et retrouver une partie de sa famille. Établie d’abord à Paris, elle se fixe ensuite à Gordes (Vaucluse). Elle publie Le Fabuleux et Triste Destin d’Ivan et d’Ivana (2017) ou encore L’Évangile du Nouveau Monde (2021). Le prix Nobel alternatif de littérature lui est décerné à Stockholm, le 9 décembre 2018, par la Nouvelle Académie.

Maryse Condé meurt le 2 avril 2024 à Apt, dans le Vaucluse.

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Écrit par

  • : professeur de littératures francophones et de littérature comparée, université Paris-Nanterre, membre de l'Institut universitaire de France

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Média

Maryse Condé - crédits : Philippe Giraud/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Maryse Condé

Autres références

  • CARAÏBES - Littératures

    • Écrit par , , et
    • 15 575 mots
    • 4 médias
    Maryse Condé revient aux îles et à l'Amérique dans les romans de sa maturité (Moi, Tituba sorcière, 1986 ; La Vie scélérate, 1987 ; Traversée de la mangrove, 1989 ; La Colonie du Nouveau Monde, 1993 ; Desirada, 1997 ; La Belle Créole, 2003) : ce sont des fresques familiales où, paradoxalement,...
  • FRANCOPHONES LITTÉRATURES

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    • 7 220 mots
    • 5 médias
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