SUZUKI MASAAKI (1954- )
« Après mes études, je me suis concentré sur la musique sacrée de Jean-Sébastien Bach et ce dernier est certainement au centre de ma vie. Toutefois je n’ai jamais cessé d’interpréter la musique d’autres compositeurs, aussi bien sur la période classique que romantique et même contemporaine. » En quelques années, Suzuki Masaaki s’est hissé au niveau des plus remarquables interprètes du cantor de Leipzig. Ceci sans renoncer à de fructueuses échappées vers les univers musicaux qui lui ont succédé.
Sous le signe de Bach
Suzuki Masaaki naît à Kōbe (Japon) le 29 avril 1954, de parents chrétiens qui pratiquent la musique en amateurs. Cet environnement familial lui donne une formation musicale initiale suffisante pour lui permettre, dès l’âge de 12 ans, de tenir l’orgue lors des offices dominicaux. À l’université des Beaux-Arts et de la Musique de Tōkyō, où il travaille la composition, il obtient un diplôme dans deux disciplines : l’orgue et la direction d’orchestre. Il va perfectionner sa maîtrise de l’orgue et du clavecin au conservatoire Jan Pieterszoon Sweelinck d’Amsterdam, dans les classes de Ton Koopman et Piet Kee. Il enseigne, de 1981 à 1983, le clavecin au conservatoire de Duisbourg (Allemagne). En 1982, il remporte le troisième prix du concours d’orgue de Bruges (Belgique). De retour au Japon, il se produit dans tout le pays comme organiste et claveciniste. Il obtient un poste à l’université féminine de Shoin, dont la magnifique chapelle abrite un orgue classique français construit par Marc Garnier. Il fonde en 1990 le Bach Collegium Japan, un ensemble instrumental et vocal qui utilise, selon les répertoires pratiqués, les instruments anciens ou modernes. Il va consacrer l’essentiel de ses activités à l’interprétation de la musique orchestrale et sacrée de Jean-Sébastien Bach. Très vite admiré pour l’équilibre qu’il obtient entre expression dramatique, cohérence musicale, finesse d’articulation et perfection instrumentale, il rivalise avec les plus respectés des baroqueux européens. « Il est important d’interpréter les compositions de Bach sur instruments d’époque, compte tenu de la relation intime qu’il y a entre la musique et le texte. L’enjeu est de définir comment exprimer toute l’énergie et la tension intégrées dans la musique de Bach, étant donné l’atténuation des nuances qu’imposent parfois les instruments anciens. En outre, Bach a exploité les notes les plus basses comme les plus hautes de la portée, alors qu’il y a toujours une certaine limite dans la tessiture des instruments anciens. C’est pourquoi on ne peut pas vraiment exprimer tous les climats ou tous les caractères voulus par Bach, car certaines notes vont au-delà de la limite même des instruments. C’est le même problème avec les volumes. Même si les instruments d’époque peuvent tout à fait jouer fortissimo, ils ne déploieront jamais le volume sonore des instruments modernes ».
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Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
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