MASSAÏ
Le pays massaï, allongé du nord au sud, chevauche la frontière Kenya- Tanzanie. Région montagneuse creusée par la Great Rift Valley, l'altitude y varie de 1 500 à 3 000 mètres environ. Elle est dominée par les monts Elgon, Kenya, Kilimandjaro et Meru. L'eau est rare, les pluies peu abondantes. Les Massaï, qui étaient environ 800 000 à la fin des années 1990, comportent plusieurs tribus : les Samburu, les Arusha, les Baraguyn ou Kwavi et les Ilmaasaï, et se répartissent à peu près pour moitié entre les deux États.
La majorité des Massaï tirent leur subsistance d'une forme de pastoralisme nomade. Méprisant les étrangers – leurs voisins bantous et les Européens –, ils ont résisté longtemps à toute acculturation. Leur histoire n'est pas connue : on suppose qu'ils viennent du Nord parce qu'ils parlent le maa, une langue nilo-hamitique.
Une économie d'élevage
Les Massaï possèdent environ une dizaine de bovidés par individu, et autant de chèvres et de moutons. Lait, sang et viande constituent la base de l'alimentation, et sont les seules nourritures permises aux guerriers. Les enfants et les personnes mariées consomment aussi des haricots, du millet, du maïs, obtenus, par échange, des populations voisines. La traite des vaches est faite par les femmes ; le bétail est saigné au moyen d'une flèche à tranchant transversal, tirée dans la veine jugulaire. Il est interdit d'absorber lait et viande le même jour ; le lait peut être bu mélangé à du sang, mais il ne doit pas être bouilli.
Comme un grand nombre d'animaux sont abattus pour la boucherie, le taux naturel de reproduction ne suffit pas à la demande. Les Massaï croient que Dieu leur ayant donné tout le bétail de la terre, ils ont seuls le droit d'en posséder. Aussi la principale occupation des hommes jeunes était-elle, jadis, la guerre afin de se procurer le bétail supplémentaire. Les troupeaux sont marqués au fer rouge d'un signe qui indique le clan du propriétaire. Leur soin est confié aux jeunes garçons et aux vieillards.
Les femmes ramassent le bois et puisent l'eau, construisent les huttes de terre, chargent les ânes et les conduisent lors des déplacements, font les vêtements de peau. Elles commercent avec les tribus voisines, les hommes n'ayant avec ces dernières que des contacts belliqueux.
La chasse, peu prisée, est pratiquée occasionnellement. Seuls, le buffle et l'élan, une grande antilope, considérés comme du bétail, sont propres à la consommation. Les lions et autres prédateurs sont tués pour défendre le bétail.
Les seuls artisans spécialistes sont les forgerons, caste méprisée.
Les Arusha de Tanzanie sont des Massaï devenus agriculteurs, depuis 1830 environ. Fermiers prospères, ils n'en ont pas pour autant rejeté les valeurs des Massaï et comme eux, ils ont résisté à l'occidentalisation. Les Massaï les tolèrent mieux que les Bantous et font beaucoup d'échanges avec eux.
Les campements massaï forment des groupes d'une cinquantaine de huttes : les guerriers habitent des camps spéciaux manyata, où ils vivent avec leurs mères et leurs sœurs célibataires. Les « kraals » (mot d'origine sud-africaine désignant des ensembles d'habitations groupées autour d'un parc à bétail) des personnes mariées sont entourés d'une palissade qui protège, la nuit, le bétail. L'usage de chaque entrée est réservé à une famille.
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Écrit par
- Jacques MAQUET : professeur à l'université de Californie à Los Angeles
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Médias
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