MASSIF CENTRAL
Le dépeuplement rural
Une grande partie du massif a été peuplée très tôt : les hautes terres ont attiré les pasteurs et les troupeaux, et les régions basses permettaient des cultures variées, céréales, vignes jusqu'à 600 ou 700 mètres d'altitude, et un petit élevage. Jusque vers le milieu du xixe siècle, les villages, les hameaux et les fermes du massif ont connu une vie intense et n'ont cessé de se peupler. Dans les années 1870, le Massif central abritait plus de 5 millions d'habitants, en majorité des ruraux. Le passage du peuplement au dépeuplement rural s'est fait graduellement.
Dans un premier temps, au cours du xixe siècle, les petites gens sont parties par nécessité absolue, pour gagner quelque argent et dans l'espoir de revenir « au pays » pour s'établir. Le manque de travail, les enfants trop nombreux, les dettes, l'hiver trop long, tout cela a joué pour entraîner sur les routes d'innombrables scieurs de long, sabotiers, ramoneurs, terrassiers, colporteurs, chaudronniers... Le Limousin a fourni énormément de maçons, de cochers de fiacre, de marchands de vin. Le Cantal des colporteurs a connu, à la fin du xixe siècle, une véritable spécialisation avec les marchands de toile de l'Artense et du Cézallier.
Une attention particulière doit être accordée aux Auvergnats de Paris. Ils sont, en fait, originaires d'une grande partie du Massif central : Corrèze, Lot, Cantal, Puy-de-Dôme, Lozère, Aveyron. La « colonie auvergnate » de Paris se forma tout au long du xixe siècle et atteignit son apogée après la Première Guerre mondiale. De génération en génération, le porteur d'eau devint petit boutiquier (bois et charbons, charbougnat, bougnat) puis cafetier, restaurateur. On peut encore parler d'une colonie car les Auvergnats de Paris conservent leurs amicales, leur journal, leur solidarité. Ils essaient de rester fidèles à une vieille idée : travailler à Paris pour revenir assez tôt au village.
De plus en plus, les départs se sont faits définitifs, et les belles « villas » construites au pays pour la retraite sont devenues les maisons de vacances des petits-enfants. L'émigration définitive conduit au vieillissement qui, à son tour, détériore la vitalité « naturelle ». Il convient pourtant de nuancer ce tableau trop général de la crise rurale. Il s'applique surtout aux régions les plus montagnardes et les plus isolées où la pauvreté rurale est flagrante. La chute du nombre de naissances est responsable de la constante augmentation du déficit naturel de population, alors que le nombre de décès est resté stable. De fait, depuis la fin des années 1970, les décès excèdent les naissances dans les régions isolées. Pour autant, si la tendance est toujours négative, la population décroît dans les années 2000 trois fois moins vite qu'à la fin du xxe siècle (principalement dans le sud du Massif).
Par ailleurs, le solde migratoire avec le reste de la métropole est positif : selon l'I.N.S.E.E., le gain est de 27 000 habitants de 1990 à 1999 (même s'il reste faible par rapport à ceux de certaines régions voisines, comme Midi-Pyrénées ou Languedoc-Roussillon). L'apport de population se concentre aux abords des centres urbains ; il est composé essentiellement de retraités et de ménages dont la moyenne d'âge est de 30 ans et plus. Cet excédent ne compense malheureusement pas les départs des jeunes de moins de 30 ans, pas plus qu'il ne permet de lutter contre le vieillissement de la population, ni de redresser une fécondité toujours aussi faible.
Au début du xxie siècle, le Massif central compte 3,7 millions d'habitants, soit une perte de 25 p. 100 en un siècle. En fonction des études menées de1982 à 1999, la population devrait encore diminuer de 273 000 habitants à l'horizon de 2030, à l'inverse de la tendance du reste du[...]
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Écrit par
- André FEL : professeur de géographie à l'université de Clermont-Ferrand
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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