MASSIFS ANCIENS
Les types morphologiques de massifs anciens
La typologie morphologique des massifs anciens doit donc reposer sur les caractères de la tectonique de rajeunissement. Mais ceux de la structure géologique des portions de plate-forme concernées interviennent également, en fonction des possibilités que celles-ci offrent à l'érosion différentielle.
Les types appalachiens
Les massifs anciens de types appalachiens (fig. 1) dérivent de plates-formes caractérisées par l'ampleur des structures rubanées, recourbées en boucles dans les terminaisons périanticlinales et périsynclinales. La gamme des formes structurales correspondantes englobe des crêtes de grès ou de quartzites et des sillons, plus ou moins épanouis, évidés dans des argilites ou des schistes, des cuvettes synclinales « en fond de bateau » (canoe valleys) et des terminaisons d'anticlinaux « en bout de cigare ». La combinaison morphologique est remarquable par le parallélisme de ses éléments selon la direction des plissements et par la subégalité locale des altitudes des crêtes qui révèlent les surfaces d'aplanissement initiales défoncées par l'érosion différentielle. Les réseaux hydrographiques, « en baïonnette », y associent des éléments longitudinaux à des éléments transversaux recoupant les crêtes en cluses, fonctionnelles (water gaps) ou mortes (wind gaps).
Issus d'un vigoureux rajeunissement tectonique, ces massifs constituent de véritables chaînes de montagnes au relief très différencié ( Appalaches, Oural, MacDonnell Ranges en Australie). Dans les Appalaches, qui atteignent 2 037 mètres dans les Blue Ridge, une dizaine de hautes crêtes s'alignent ainsi sur 1 500 kilomètres du nord-nord-est au sud-sud-ouest. Mais, lorsque le rajeunissement est peu intense, on a affaire à des plateaux peu élevés, remarquables par le compartimentage dû au réseau géométrique des crêtes.
Les types tabulaires
Les massifs anciens correspondant à des architectures cristallines peu rajeunies comptent parmi les massifs les plus monotones. Les gauchissements provoqués par des mouvements épirogéniques à grand rayon de courbure en font des plateaux de faible altitude, parfois étagés, témoins d'aplanissements d'âges divers, simplement entaillés par des vallées aux versants raides. Si leur trame structurale ne manque pas de diversité, son exploitation par l'érosion différentielle reste médiocre. Parmi les rares formes structurales qui les accidentent localement, les plus remarquables consistent en crêtes appalachiennes de grès ou de quartzites, dégagées dans des éléments de structures rubanées.
Le massif Armoricain et le Massif schisteux rhénan appartiennent à ce type tabulaire. Tous deux doivent leur faible rajeunissement à leur éloignement des orogènes alpins. Par ailleurs, leur nature fondamentalement schisteuse a contribué également à réduire le rôle de la fracturation. D'où leur allure de plateau d'altitude médiocre (357 m dans les Coëvrons et 818 m dans le Hunsrück), aux vallonnements indécis coupés de gorges aux tracés largement indifférents à la structure du socle. Des formes appalachiennes isolées se cantonnent dans quelques secteurs privilégiés (nord et sud de la Bretagne, Cotentin et Bocage normand ; Condroz, Hunsrück et Taunus). À l'occasion, des crêtes filoniennes et des batholites de granite, en relief ou déprimés en cuvettes d'érosion différentielle (Flamanville, dans le Cotentin), contribuent aussi à diversifier quelque peu ce relief uniforme.
Les types montagneux
Au contact des systèmes plissés alpins, la plate-forme calédono-hercynienne a subi un rajeunissement tertiaire intense. Là se localisent la plupart des massifs anciens illustrant des types montagneux originaux, caractérisés notamment par le rôle géomorphologique décisif joué par les failles et parfois le volcanisme, surtout quand il s'agit[...]
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Écrit par
- Roger COQUE : professeur des Universités, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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