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FUKSAS MASSIMILIANO (1944- )

Né en 1944 à Rome, Massimiliano Fuksas a reçu une formation de peintre avant d'embrasser la carrière d'architecte. C'est auprès de Giorgio De Chirico qu'il s'initie à la couleur, qui sera une composante importante de son œuvre. Marqué par le maître de la peinture métaphysique, Fuksas mènera de front une activité de peintre et son métier d'architecte. Il exerce d'abord celui-ci dans un domaine où les jeunes architectes n'ont guère l'habitude de se risquer : les cimetières. Mais l'insuffisance des commandes le pousse à s'intéresser à la dernière demeure des hommes dans la banlieue de Rome. Pour le cimetière d'Orvieto (1991), il n'hésite pas à renouer avec la tradition, en empruntant aux Étrusques l'utilisation du tufo (une pierre volcanique), afin de construire un rempart moderne. À Civitacastellana, il dresse une enceinte en ellipse (1991), inspirée d'une œuvre de Giotto. Mais l'une des œuvres emblématiques de cette première période de Fuksas, marquée par des projets très narratifs, reste le gymnase de Palliano (1985), dont la façade néo-classique, volontairement basculée, semble s'effondrer : par ce geste, l'architecte veut dénoncer l'emprise du postmodernisme qui fait rage en Italie dans les années 1980.

Puis il quitte la Ville éternelle pour s'établir dans la Ville-Lumière afin de construire dans une France dopée par la politique des « grands travaux ». Fuksas participe ainsi, en 1987, à l'un des plus grands « coups » médiatiques lancé par un maire, François Geindre, le premier magistrat de Hérouville-Saint-Clair (dans la banlieue de Caen), qui se montre très ouvert à la création architecturale. Avec l'Allemand Otto Steidle, le Britannique William Alsop et le Français Jean Nouvel, l'architecte romain conçoit une tour qui va défrayer la chronique, un cadavre exquis qui est entré dans les collections du centre Pompidou. L'îlot Candie, dans le XIe arrondissement de Paris, dont les premiers dessins apparaissent en 1987, est son œuvre marquante (achevée en 1997). En rupture avec la politique urbanistique frileuse de la Ville de Paris, mais en continuité avec le contexte parisien, cet ensemble de logements adopte la forme d'une grande vague de zinc. Dans ce projet-manifeste, l'architecte cherche à gommer l'idée même de façade, en traitant de la même manière, c'est-à-dire dans la même matière – le zinc, qu'il affectionne particulièrement pour son côté vivant –, toitures et façades. L'intérêt de ce projet réside dans son caractère résolument urbain intégrant logements et équipements sportifs pour une opération de revitalisation d'un quartier insalubre. Au pied des habitations, des courts de tennis installés sur le toit d'un gymnase participent à l'animation de ce lotissement À cette occasion, Fuksas fait venir l'un de ses compatriotes, le peintre romain Enzo Cucchi, pour réaliser une immense fresque à l'intérieur du gymnase.

Les projets qui suivent sont de la même force : d'abord la médiathèque de Rezé, en Loire-Atlantique (1991), un bloc noir incliné greffé sur le bloc de béton d'une église désaffectée ; puis le bâtiment de l'entrée de la grotte de Niaux dans l'Ariège (1993), que l'on peut considérer comme le chef-d'œuvre de Fuksas. Très sculpturale, cette structure de près de 30 mètres de haut, en acier prérouillé, déploie ses grandes ailes au sortir de la grotte tout en semblant s'y engouffrer. Ce bâtiment, conçu comme un parcours initiatique, prépare le visiteur à la découverte des signes paléolithiques peints quelques centaines de mètres plus loin sous la roche. Étonnant travail sur la matière, également, que la Maison des arts de l'université de Bordeaux-Talence (1994), un signal vert au cœur du campus, long monolithe de cuivre[...]

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Écrit par

  • : journaliste, critique d'architecture, rédacteur en chef de la revue D'architectures

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