MATHIAS Ier CORVIN (1443-1490) roi de Hongrie (1458-1490)
Roi de Hongrie (1458-1490) né le 24 février 1443 à Kolozsvár (Transylvannie ; auj. Cluj, en Roumanie), mort le 6 avril 1490 à Vienne.
Mátyás Hunyadi, surnommé Mathias Corvin, est le fils cadet de János Hunyadi. Après la mort de son père (en 1456) et de son frère aîné (en 1457), Mathias hérite de vastes terres. À la mort du roi de Hongrie Ladislas V le Posthume (Habsbourg), la diète générale organisée à Buda et à Pest en janvier 1458 élit Mathias roi malgré les prétentions dynastiques de son oncle l'empereur Frédéric III. C'est la première fois depuis le Moyen Âge que le royaume de Hongrie est confié à un noble, dépourvu d'ancêtres et de relations dynastiques. Cette élection, qui altère la succession dynastique habituelle et contrecarre les plans des Habsbourg et des Jagellon, provoque une vaste controverse en Europe centrale.
Après avoir assuré son trône contre les attaques répétées des barons hongrois et des prétendants dynastiques étrangers opposés à son élection, Mathias Ier repousse les envahisseurs turcs, qui ont annexé les territoires serbes et bosniaques au sud de ses frontières, et réorganise son système de défense, tenant compte de ses forces réduites. Il s'efforce d'accroître les recettes de l'État et de moderniser son armée. En 1467, il lance ainsi une réforme des finances et de l'impôt, mettant fin aux exemptions dont bénéficiaient les grands propriétaires. En quelques années, l'administration fiscale devient une institution bien organisée, qui collecte régulièrement les taxes extraordinaires (prévues en cas d'urgente nécessité, le plus souvent sous la menace turque). Le royaume s'enrichit considérablement tandis que la paysannerie supporte l'essentiel de l'impôt.
Ces réformes financières sont difficilement acceptées, des révoltes menacent le gouvernement, et parfois le règne de Mathias. L'opposition, encouragée depuis l'étranger, rallie à ses côtés certains des plus anciens conseillers du roi. Mais Mathias réussit toujours, par la force et la diplomatie, à calmer l'opposition et à rétablir, voire renforcer, son assise politique et sociale. Il étend l'influence de la basse noblesse au détriment des barons et tente de réprimer, ou du moins de modérer, l'anarchie féodale. Il protège en outre les marchands, les petits propriétaires et même les paysans contre les troubles. Il tente enfin d'améliorer le gouvernement central (sans nuire aux autonomies locales), en renforçant surtout le rôle des chanceliers et des secrétaires royaux. Ses juristes entament une vaste entreprise de codification qui se traduit en 1486 par un décret royal tentant de résumer les grands principes du droit. Ces réformes, ainsi que la mise sur pied d'une armée permanente, instaurent une certaine centralisation, dans les limites d'un État essentiellement seigneurial.
Les succès politiques étrangers, diplomatiques et militaires que Mathias remporte contribuent à asseoir sa propre autorité et à stabiliser la position de son royaume. Sa diplomatie devient de plus en plus active durant la deuxième et la troisième décennie de son règne. Il maintient des relations constantes avec le Saint-Siège, Venise, Naples et d'autres États italiens et échange régulièrement des émissaires avec la France, la Bourgogne, la Suisse et de nombreux territoires allemands. Par la suite, il tente d'établir des contacts réguliers avec la Russie et, parfois, la Perse et l'Égypte. Il cherche ainsi à créer un système d'alliances contre ses ennemis actuels ou potentiels, sa diplomatie évoluant au gré de sa politique étrangère. Après avoir soumis la Bosnie, en 1463, Mathias tente d'envahir la Bohême. Mais les Jagellons interviennent. Après dix ans de lutte, la paix d'Olomouc (1479) accorde la Bohême à Ladislas II Jagellon, tandis que Mathias conserve la Moravie et la Silésie.[...]
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Écrit par
- Lajos ELEKES : professeur d'histoire médiévale de la Hongrie à l'université Loránt-Eötvös, Budapest (Hongrie)
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Autres références
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GEORGES DE PODEBRADY (1420-1471) roi de Bohême (1458-1471)
- Écrit par Anne BEN KHEMIS
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Hussite de tradition, Georges de Podebrady est un nationaliste tchèque. Son arrière-grand-père avait repris l'usage de la langue slave dans sa famille, son père était le bras droit de Jean Žižka, général des troupes hussites contre l'empereur Sigismond, héritier du trône...
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HONGRIE
- Écrit par Jean BÉRENGER , Lorant CZIGANY , Encyclopædia Universalis , Albert GYERGYAI , Pierre KENDE , Edith LHOMEL , Marie-Claude MAUREL et Fridrun RINNER
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...d'or qui fut pour plusieurs siècles la charte des libertés nobiliaires. Malgré des guerres civiles fréquentes, le pouvoir monarchique recouvra la plénitude de son autorité sous la dynastie angevine (des neveux de Saint-Louis et des parents de Charles d'Anjou) et surtout sous Mathias Corvin (1458-1490).