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MONNIER MATHILDE (1959- )

Chorégraphe française reconnue, dans la génération de la «  nouvelle danse » française des années 1980, pour ses désirs d'émancipation exigeants et combatifs, Mathilde Monnier s'est imposée comme une artiste singulière par les croisements inédits qu'elle a institués avec d'autres disciplines artistiques. Elle a progressivement défini un style qui se distingue par sa rigueur abstraite et par l'intensité de son lyrisme.

Les révélations de sa personnalité

Née à Mulhouse le 2 avril 1959, Mathilde Monnier s'est formée à la danse à Lyon auprès de Michel Hallet Eghayan avant d'intégrer, en 1981, la compagnie de Viola Farber. Cette chorégraphe américaine jouera un rôle déterminant pour elle en favorisant l'expression d'une pensée libre, à la fois imprégnée du théâtre dansé (Tanztheater) et arrimée à la rigueur de la postmodern dance. Après des créations, en collaboration avec François Verret et Alain Rigout, elle présente en 1984, à New York, Pudique Acide, conçue avec Jean-François Duroure. Cette pièce phare remet en cause les normes classiques de la danse, notamment tout ce qui touche le rapport à l'espace, à la musique et au rythme. Suivent, en 1985, Cru, pièce écrite avec Alain Rigout, et Extasis, qui affirme le désir de disséquer le mouvement pour faire surgir des formes nouvelles et plus personnelles. Pudique Acide et Extasis seront à nouveau montées en 2011 dans le cadre du festival Montpellier Danse et celui du Festival d'Automne à Paris.

Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt (1988) est la première œuvre que Mathilde Monnier a écrite seule, à l'écoute de l'inconscient et du surréalisme. Dans le solo Chinoiserie (1991), sur une musique de Louis Sclavis, elle interroge différentes facettes de la féminité. Pour Antigone s'ouvre ensuite au tragique ainsi qu’à la confrontation entre les cultures occidentale et africaine. Conçue en 1993, cette œuvre fait date par son caractère explosif et la part singulière qu'y occupent les danseurs burkinabés. En 1994, elle est nommée à la tête du Centre chorégraphique national (C.C.N.) de Montpellier Languedoc-Roussillon, après la disparition de Dominique Bagouet, une des grandes figures de la nouvelle danse française.

Suivent des créations à la poésie incandescente  : Nuit (1995) avec la plasticienne Beverly Semmes, imprégnée d'Afrique ; L'Atelier en pièces (1996), où elle bouleverse les codes scénographiques en s'inspirant de travaux d'atelier dans l'univers psychiatrique et autour de l'autisme ; Arrêtez, arrêtons, arrête (1997), imaginée à partir des témoignages violents de Nijinski (notamment tels qu’ils apparaissent dans ses Cahiers) et sur un texte agressif de Christine Angot ; Les Lieux de là (1999), œuvre en trois volets qui interroge les thèmes du collectif et de société aux prises avec la notion d'utopie.

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Écrit par

  • : professeure de lettres, critique d'art, membre de l'Association internationale des critiques d'art

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