Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MATIÈRE (physique) État gazeux

Les gaz réels en équilibre thermodynamique

Forces intermoléculaires

La nature des forces intermoléculaires est d'origine électromagnétique et résulte de l'existence de charges électroniques et nucléaires. L'interaction entre deux molécules séparées par la distance r s'exprime par l'énergie potentielle V(r) ou par la force F(r) reliée au potentiel par :

Énergie d'interaction de deux molécules - crédits : Encyclopædia Universalis France

Énergie d'interaction de deux molécules

En général, V(r) et F(r) dépendent également de l'orientation relative des molécules. Le potentiel intermoléculaire V(r) possède la forme générale représentée sur la figure 3. Cette forme traduit l'existence de forces attractives à longue portée (r ~ 1 nm) et répulsives à courte portée (r ~ 0,1 nm). Les premières, appelées forces de Van der Waals, sont responsables de la condensation des gaz lorsque leur température est suffisamment basse. Les secondes sont à l'origine de la compressibilité limitée de la matière condensée. L'idée que les molécules se repoussent à courte distance et s'attirent à longue distance a été proposée pour la première fois par le physicien allemand Rudolf Clausius en 1857. Mais ce n'est que grâce à la mécanique quantique qu'on a pu arriver, vers 1930, à une compréhension satisfaisante de la nature des forces intermoléculaires. Leur description précise, entreprise depuis le début des années 1960, est l'un des objectifs majeurs de la physique moléculaire.

Forces attractives

Un atome, ou une molécule, constitue une distribution de charges caractérisée par ses moments multipolaires :

ri est le vecteur repérant la position de la charge qi. Le moment monopolaire M0 = Σ qi est nul pour une espèce neutre. En revanche, les moments d'ordre supérieur ne le sont pas nécessairement et leur grandeur dépend de la symétrie de la distribution de charges. Le moment dipolaire
se mesure en debye (D) (1D = 3,335 64 × 10—30 C.m). Les molécules polaires telles que HCl, H2O, NH3, SO2... possèdent un moment dipolaire permanent de l'ordre du debye.

L'énergie potentielle d'interaction s'exprime par une série de termes faisant intervenir les moments d'ordres croissants et l'orientation relative des molécules. Le premier terme non nul décrivant l'interaction entre deux molécules neutres fait intervenir leurs moments dipolaires MA1 et MB1. Dans un gaz, la moyenne de l'énergie d'interaction dipôle-dipôle effectuée sur toutes les orientations possibles vaut :

où ε0 est la permittivité du vide.

Les termes suivants, décrivant les interactions dipôle-quadrupôle, quadrupôle-quadrupôle..., sont en général plus faibles. Les forces attractives entre multipôles permanents constituent les forces d'orientation.

En présence d'un champ électrique E, la distribution de charge d'une molécule est modifiée. Il apparaît un moment dipolaire induit μ = αE, où α est la polarisabilité de la molécule dont l'ordre de grandeur est 4πε0 fois son volume, soit 10—40 F.m2. Il en résulte une interaction dipôle-dipôle induit dont l'énergie moyenne a pour expression :

Les forces attractives correspondantes sont appelées forces d'induction.

Une molécule dépourvue de moments électriques permanents possède néanmoins un moment dipolaire instantané résultant du mouvement des électrons par rapport aux noyaux. Bien que la valeur de ce moment soit nulle en moyenne, la valeur moyenne du produit des moments de deux molécules voisines ne l'est pas. L'énergie d'interaction qui résulte de cet effet purement quantique vaut en première approximation :

où EA1 est l'énergie d'ionisation de la molécule A. Les forces attractives correspondantes se nomment forces de dispersion ou forces de London.

Les forces de Van der Waals sont très faibles par rapport aux forces intramoléculaires. Dans une molécule stable, l'énergie de liaison[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur ès sciences, directeur de recherche au C.N.R.S.
  • : docteur ès sciences, directeur de recherche au C.N.R.S.

Classification

Médias

États désordonnés de la matière - crédits : Encyclopædia Universalis France

États désordonnés de la matière

Représentation du diagramme de phase d'un corps pur - crédits : Encyclopædia Universalis France

Représentation du diagramme de phase d'un corps pur

Température d'ébullition des gaz rares - crédits : Encyclopædia Universalis France

Température d'ébullition des gaz rares

Autres références

  • ÉTAT DE LA MATIÈRE, notion d'

    • Écrit par
    • 1 521 mots

    L'expérience quotidienne permet à chacun d'appréhender la notion d'état de la matière (parfois appelé phase) et celle de transition de phase qui lui est étroitement liée. L'exemple typique est celui des trois états si différents que prend l'eau lorsque sa température varie : à partir de 0 ...

  • MATIÈRE, notion de

    • Écrit par
    • 2 022 mots

    Le mot « matière » cache sous sa généralité abstraite une origine concrète fort éclairante. En latin archaïque, materia appartient à la langue rustique et désigne la substance dont est fait le tronc de l'arbre, en tant qu'elle est productrice (de branches, de feuilles). L'élargissement successif...

  • PARTICULES ÉLÉMENTAIRES

    • Écrit par et
    • 8 172 mots
    • 12 médias

    Les physiciens poursuivent l'étude de la structure de la matière dans le but de trouver plus d'unité et de simplicité dans un monde qui nous frappe par sa diversité et son apparente complexité. N'est-il pas remarquable de pouvoir ramener la variété quasi infinie des objets qui nous entourent...

  • ANTIMATIÈRE

    • Écrit par et
    • 6 931 mots
    • 4 médias
    ...associé est bâti avec les antiquarks correspondants. Les mésons résultent de la liaison d'un quark et d'un antiquark. Dans cette description moderne, la matière est constituée par trois « générations » de quarks et de leptons, le nombre trois a été établi par les expériences du C.E.R.N. (laboratoire européen...
  • ATOME

    • Écrit par
    • 9 140 mots
    • 13 médias

    L'atome est le terme ultime de la division de la matière dans lequel les éléments chimiques conservent leur individualité. C'est la plus petite particule d'un élément qui existe à l'état libre ou combiné. On connaît 90 éléments naturels auxquels s'ajoutent le ...

  • BOHR ATOME DE

    • Écrit par
    • 369 mots
    • 1 média

    Deux ans après avoir soutenu sa thèse sur la théorie électronique des métaux, le physicien danois Niels Bohr (1885-1962) écrit en 1913 trois articles fondamentaux qui révolutionnent la compréhension de la structure de la matière. Le premier, paru le 5 avril dans le Philosophical Magazine...

  • Afficher les 39 références