MATIN SUR LE RIESENGEBIRGE (C. D. Friedrich)
À l'exception de quelques portraits, et de quelques tableaux où les figures prennent le pas sur leur environnement, Caspar David Friedrich (1774-1840), contrairement à son contemporain Philipp Otto Runge, n'a exécuté que des paysages. Il les charge toutefois d'une signification nouvelle pour son époque, tout en manifestant les qualités techniques attendues chez un paysagiste : exactitude topographique, réalisme des éléments végétaux, minéraux ou monumentaux, rendu de l'atmosphère. Matin sur le Riesengebirge (Nationalgalerie-Galerie des peintres romantiques, Berlin), un de ses tout premiers paysages sur toile, est très caractéristique de son art. Friedrich veut exprimer des idées très élevées à l'aide d'un vocabulaire iconographique simple et restreint. La montagne, symbole de la vie terrestre et de la vie éternelle, est rendue avec réalisme, et, quoique peinte complètement en atelier, elle s'inspire étroitement des études que Friedrich avait faites sur le motif, dans les monts de Bohême. La présence d'une croix au centre du tableau, montrée comme le but de l'ascension du couple (et donc comme la finalité et l'explication du destin humain), lui donne une signification religieuse et même morale dans l'aide qu'apporte à l'homme la femme pour atteindre le sommet. Il est possible que Friedrich ait ici fait allusion dans ce tableau à son histoire personnelle, en rappelant le décès prématuré et tragique de son frère puis celui de sa sœur alors qu'il était encore enfant.
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Écrit par
- Barthélémy JOBERT : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
Classification
Média