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BANDELLO MATTEO (1484-1561)

Au moment où commence la production narrative de Bandello, l'art de la nouvelle est toujours largement tributaire en Italie de l'imitation du Décaméron de Boccace. Il fait une part essentielle à la riche élégance du style, à la force du mot sans réplique qui résout un dilemme ou un embarras, à l'exemplarité morale ou pratique du dénouement. Sans se borner à des sujets tirés de l'actualité, Bandello apporte dans la nouvelle plus de liberté d'écriture, le sens de la chronique, du « vécu » quotidien, le goût de l'histoire saisissante ou captivante par elle-même, indépendamment de sa signification idéologique ou de sa portée morale. Conteur abondant, qui sait multiplier et étendre les péripéties, il a fourni une ample matière aux narrateurs et aux dramaturges européens des xvie et xviie siècles.

La carrière de Bandello

La vie de Bandello a été consacrée principalement à la religion, à l'étude, à l'activité politique et mondaine. Mais ce moine dominicain a été le témoin et la victime des grands bouleversements qui ont secoué l'Italie dans la première moitié du xvie siècle. Né à Castelnuovo Scrivia (Lombardie) en 1484, il reçut une bonne formation religieuse et littéraire. Son oncle Vincenzo, prieur puis général des Dominicains, l'ayant déterminé à entrer en religion, il fit ses études dans les couvents de l'ordre à Milan, à Ferrare, à Pavie, à Gênes. Son expérience de la vie italienne de la Renaissance fut intense et variée. Au cours de nombreux voyages à travers la péninsule et en France, il eut des relations avec d'illustres princes et prélats, érudits, capitaines et marchands, écrivains et artistes, grandes dames et courtisans de son temps. Il passa la plus grande partie de sa vie à Milan, à Mantoue, à Vérone, fréquentant les cours somptueuses des Sforza et des Gonzague, les salons aristocratiques des grandes familles septentrionales, les Bentivoglio, les Visconti, les Sanseverino, les Fregoso, etc., qui l'employaient comme agent diplomatique et comme paranymphe, ainsi que les cercles de lettrés et d'humanistes que fréquentaient des hommes tels que Antiquario, Equicola, Fracastoro, Scaliger. La bataille de Pavie (1525) et la conjuration anti-espagnole de Morone, à laquelle il a été fort probablement mêlé, l'obligèrent à quitter Milan et à abandonner l'habit religieux. Il allait dès lors mener une vie errante au service de grands capitaines de la Ligue : Luigi Gonzaga, Guido Rangone, Cesare Fregoso, partageant la vie aventureuse des camps et des garnisons. On le trouve en Lombardie en 1526, sous les murs de Rome en 1527, au Piémont entre 1536 et 1538. Pendant les périodes de trêve, il se consacrait « à lui-même et aux Muses », composant des milliers de vers à la gloire des dames de ses pensées : la Mencia qu'il avait rencontrée à Mantoue vers 1515 et Lucrèce Gonzague dont il fut le précepteur à Castelgoffredo entre 1538 et 1540. Le diplomate de François Ier, Cesare Fregoso, qui se l'était attaché comme secrétaire, ayant été assassiné par les sicaires impériaux, Bandello suivit en 1541 la veuve de ce général en Guyenne, où le roi de France avait accordé d'importants bénéfices aux enfants Fregoso. Dans les villégiatures de l'évêché d'Agen, Bandello connut enfin la paix studieuse tant souhaitée, à peine troublée par la révolte de la Gabelle et par les prodromes des guerres de religion. À part une courte période au cours de laquelle il assura l'intérim de l'évêché d'Agen (1550-1555), il consacra les vingt dernières années de sa vie à corriger et à publier ses œuvres poétiques et son abondant recueil de Nouvelles. Il mourut en Guyenne en 1561.

Ses œuvres secondaires – quelques narrations et discours en latin, de nombreuses lettres, les Canti XI de le lodi de la signora Lucrezia[...]

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