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BANDELLO MATTEO (1484-1561)

La fortune de Bandello

Elles expliquent entre autres pourquoi sa fortune s'affirma essentiellement à l'étranger. En Italie, on était trop attaché aux qualités de la langue et du style, aux résonances de la parole évocatrice où excellaient les Toscans, pour apprécier le discours pléthorique et raboteux, le lexique de ce Septentrional à la prose adipeuse, irrégulière et mal limée. En revanche, sa renommée se répandit largement en France – où le « Bandel » atteint une quarantaine d'éditions en moins d'un demi-siècle –, en Espagne et en Angleterre, où écrivains et lettrés, plus sensibles aux choses qu'aux mots, ont vu en lui un chroniqueur pittoresque, plein de faconde et de leçons morales. Certains d'entre eux, et non des moindres (Montemajor, Painter, Shakespeare, Webster, Calderón, Cervantes, Lope de Vega), ont trouvé dans son recueil un répertoire de canevas transposables dans leurs œuvres narratives et surtout dramatiques. Réexhumé par les romantiques (Musset, Balzac, Stendhal), aujourd'hui, dans la perspective de l'histoire de la culture, Bandello apparaît comme un conteur qui a su briser le carcan de la tradition narrative toscane et introduire dans l'art de conter un souci de vérité, une technique extensive, un mode de récit désinvolte, fragmentaire, touffu, qui véhicule une substance historique et culturelle d'une richesse singulière.

— Adelin Charles FIORATO

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