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PÖPPELMANN MATTHÄUS DANIEL (1662-1736)

Zwinger, D. Pöppelmann et B. Permoser - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Zwinger, D. Pöppelmann et B. Permoser

Les ambitions d'Auguste le Fort, qui monte sur le trône de Saxe en 1694, si elles n'eurent pas toujours politiquement d'heureux effets, aboutirent du moins à faire de Dresde, dans les premières décennies du xviiie siècle, un grand centre artistique et une capitale monumentale. Le souverain trouva, pour mettre à exécution ses projets, quelques hommes de premier plan, en particulier Matthäus Daniel Pöppelmann. Saxon d'origine, Pöppelmann est officiellement appointé par la cour de Dresde dès 1689. Il fit ses débuts sous la direction de Marcus Conrad Dietze, et c'est lui qui, après la mort de ce dernier en 1704, mena à bien la reconstruction du château royal de Dresde ; on y trouve tout un système de cours bordées de galeries basses qui inspira visiblement Pöppelmann dans sa réalisation la plus fameuse, le Zwinger.

<it>Nymphe</it> (détail), B. Permoser - crédits :  Bridgeman Images

Nymphe (détail), B. Permoser

Cet étonnant bâtiment, que la Seconde Guerre mondiale a malheureusement beaucoup abîmé et qui a dû être reconstruit en très grande partie, est plutôt une enceinte conçue en vue de tournois et de défilés qu'un palais proprement dit. En fait, les travaux, qui commencèrent en 1709 et durèrent plus de dix ans, ne furent jamais menés à bien et, de l'enchaînement de cours prévu par Pöppelmann, seule une moitié fut édifiée. Des galeries basses, percées d'arcades, dessinent une sorte de rectangle et relient des pavillons plus massifs et plus élevés ; alors que les arcades sont assez sobrement traitées, les pavillons rappellent presque des pièces d'orfèvrerie : pilastres et colonnes doublés, parfois même triplés, toits à double pente ou en bulbes, frontons brisés, cartouches, pour ne pas parler de l'abondante décoration sculptée due à Permoser. On ne trouve nulle part ailleurs en Europe une architecture de fête ainsi conçue pour être permanente, et à cette échelle.

Les pavillons du Zwinger ont un certain air de chinoiserie ; on retrouve ce goût de l'exotisme oriental, beaucoup plus clairement affirmé, dans le palais dit « palais japonais » que Pöppelmann élève vers 1730. Meissen était alors la seule manufacture d'Europe à pouvoir concurrencer les porcelaines chinoises, et une arrière-pensée de propagande derrière ces conceptions architecturales serait sans peine décelable. Pöppelmann n'en a pas moins donné là quelques-unes des œuvres les plus singulières et les plus intéressantes du xviiie siècle allemand.

— Georges BRUNEL

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de lettres, conservateur des objets d'art des églises de la Ville de Paris

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Zwinger, D. Pöppelmann et B. Permoser - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Zwinger, D. Pöppelmann et B. Permoser

<it>Nymphe</it> (détail), B. Permoser - crédits :  Bridgeman Images

Nymphe (détail), B. Permoser

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  • BAROQUE

    • Écrit par , et
    • 20 831 mots
    • 23 médias
    ...méconnus ni oubliés : tels, au xviiie siècle, les palais de Stockholm ( Tessin le Jeune) de Copenhague ou de Potsdam. À Dresde, l'architecte Daniel Pöppelmann crée une œuvre unique en Europe : des galeries à arcades et les pavillons du Zwinger autour d'une cour, destinée aux fêtes et spectacles (1711-1728)....