GOERNE MATTHIAS (1967- )
Héritier d’une longue et glorieuse lignée de barytons allemands, Matthias Goerne impose sa haute stature et l’évidence de son talent aussi bien dans le monde de l’opéra que dans l’univers intime du lied. La grande tradition germanique domine dans un répertoire qui relie les auteurs classiques aux partitions contemporaines.
De Papageno à Wotan
Matthias Goerne naît à Chemnitz (Saxe) le 31 mars 1967. Il commence très tôt son éducation musicale et pratique la discipline collective des chœurs d’enfants. Il aborde l’étude du chant en 1985 à la Musikhochschule de Leipzig avec Hans-Joachim Beyer. C’est auprès de Dietrich Fischer-Dieskau et d’Elisabeth Schwarzkopf qu’il vient se perfectionner. En 1989, il est lauréat du concours international Robert Schumann (Zwickau), puis, l’année suivante, des concours Paula Salomon Lindberg (Berlin) et Hugo Wolf (Stuttgart). Il fait ses premiers pas sur scène dans le rôle-titre du Prince de Hombourgde Hans Werner Henze, d’abord à Cologne (1992), puis à Zurich (1993). Il chante Marcello (La Bohème de Giacomo Puccini) à la Komische Oper de Berlin avant d’intégrer pour deux saisons (1993-1995) la troupe de l’Opéra de Dresde. L’Opéra de Cologne lui offre en 1996 le rôle de Wolfram von Eschenbach (Tannhäuser de Richard Wagner), personnage qu’il incarnera quelques années plus tard à l’Opéra de Paris (2008). Il se fait applaudir également sous les traits de Papageno (La Flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart) au festival de Salzbourg (1997) et au Metropolitan Opera de New York (1998). Il triomphe dans le rôle-titre de Wozzeck d’Alban Berg à Zurich (1999) et le reprendra avec le même succès pour ses débuts au Covent Garden de Londres en 2002. Il sera encore, dans L’Or du Rhin et La Walkyrie de Richard Wagner, le plus impressionnant Wotan de sa génération, renouvelant la performance du légendaire Hans Hotter. Il montre une même aisance avec Oreste (Elektra de Richard Strauss), Jochanaan (Salomé de Richard Strauss) ou le rôle-titre d’Eugène Onéguine (Piotr Ilitch Tchaïkovski). Matthias Goerne manifeste un goût affirmé pour les partitions du xxe siècle ‒ Tiefland d’Eugen d’Albert, Le Château de Barbe-Bleue de Béla Bartók, Lear d’Aribert Reimann ou Mathis der Maler de Paul Hindemith ‒ et participe à plusieurs créations : Brahms de Thomas Adès (2001), Alois de Luciano Berio (2001), There issomethingbetween us… de Harrison Birtwistle (2001) et l’Upupaund der Triumph der Sohnesliebe de Hans Werner Henze (2003). Cela ne l’empêche pas de s’illustrer en soliste dans de nombreuses pages symphoniques sous la baguette de Riccardo Chailly, Nikolaus Harnoncourt, Philippe Herreweghe, Daniele Gatti, Valery Gergiev, Paavo Järvi, Seiji Ozawa ou Esa-Pekka Salonen.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
Classification
Média