GOERNE MATTHIAS (1967- )
Un maître du lied
La chaleur de son timbre, la flexibilité d’une voix qui s’irise d’un large éventail de couleurs sonores, son agilité technique et une irrésistible présence dramatique font de Matthias Goerne l’un des maîtres du lied les plus admirés de sa génération. Son style s’appuie moins sur la mise en valeur des consonnes et l’exploitation des contrastes émotionnels proposés par le texte que sur une inépuisable longueur de souffle, un legato souverain et la sophistication de pianissimi arachnéens. En cela, il s’écarte de l’esthétique de l’un de ses illustres prédécesseurs, Dietrich Fischer-Dieskau. Il parvient le plus souvent à se tenir aussi éloigné du maniérisme que de la distance expressive. S’il s’aventure parfois jusqu’à Chostakovitch et Berio, il explore sans se lasser ‒ en compagnie de pianistes de haute volée comme Pierre-Laurent Aimard, Leif Ove Andsnes, Alfred Brendel, Christoph Eschenbach, Elisabeth Leonskaïa, Daniil Trifonov ou Mitsuko Uchida ‒ toute l’étendue du lied allemand, de Mozart jusqu’à nos jours. Chez Decca, Hyperion et Harmonia Mundi, sa discographie se centre essentiellement autour de Schubert : il enregistre l’intégrale de ses lieder dont, par trois fois, Le Voyage d’hiver. Elle se nourrit également dans ce domaine de Beethoven, Brahms (les Quatre Chants sérieux), Berg, Eisler (Hollywood Songbook,ErnsteGesänge), Schönberg, Schumann (Dichterliebe, Liederkreis op. 24 et 39, Gedichteop. 35) ou Wolf.
Cette discographie nous offre également de belles interprétations de Jean-Sébastien Bach : quelques cantates sous la direction de Roger Norrington et d’Helmuth Rilling, la Passion selon saint Jean et la Passion selon saint Matthieu, toujours avec Helmuth Rilling, la Messe en si mineuranimée par René Jacobs. Il reviendra une nouvelle fois à la Passion selon saint Matthieu avec Christoph Prégardien, Christine Schäfer et Elisabeth von Magnus sous la baguette de Nikolaus Harnoncourt. Il enregistre le recueil Des KnabenWunderhorn de Mahler avec Barbara Bonney et Riccardo Chailly, le Requiem de Fauré en compagnie de Philippe Jaroussky et de Paavo Järvi, ainsi que le War Requiem de Britten sous la direction de Seiji Ozawa. Naxos a conservé sa trace dans deux opéras de Wagner ‒ L’Or du Rhin et La Walkyrie ‒ où il est entouré par Michelle DeYoung, Stuart Skelton, Heidi Melton, Petra Lang et l’Orchestre philharmonique de Hong Kong dirigé par Jaap van Zweden. Il grave aussi deux opéras du xxe siècle : Elektrade Richard Strauss (avec Jeanne-Michèle Charbonnet, Angela Denoke, Felicity Palmer, sous la direction de Valery Gergiev) ainsi que Le Château de Barbe-Bleue de Béla Bartók (avec Elena Zhidkova, sous la direction de Seiji Ozawa)
Matthias Goerne a été, de 2001 à 2005, professeur de lied à la Musikhochschule Robert Schumann de Düsseldorf.
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Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
Classification
Média