GRÜNEWALD MATTHIAS (1475 env.-1528)
L'autel du Miracle de la neige et le panneau des saints Maurice et Érasme
Vers 1517-1519, Grünewald travaillait à l'autel de Notre-Dame-des-Neiges. Il lui avait été commandé par le chanoine Heinrich Reitzmann. C'était une donation pour une chapelle de la collégiale d'Aschaffenburg. Malheureusement, le retable n'a pas été conservé intégralement. Il en reste un panneau représentant la Vierge et l'Enfant, qui se trouve à Stuppach, en Bavière, et un volet qui se trouve à Fribourg-en-Brisgau (Augustinermuseum).
La Madone de Stuppach est une des œuvres les plus recueillies de l'artiste. La Vierge offre un fruit à l'Enfant Jésus debout sur ses genoux ; tout autour d'eux, des fleurs et des objets symboliques ; à l'arrière-plan, une cathédrale gothique symbolise la Jérusalem céleste, et, dans les nuages, au centre d'une auréole, on voit Dieu le Père qu'accompagnent les anges. Le volet de Fribourg décrit une scène où le pape Libère désigne l'endroit où doit être construite l'église Sainte-Marie-Majeure, à Rome. Le tableau est éclairé par la pourpre des vêtements du pape et des cardinaux et par l'éclat des étendards. À l'arrière-plan, on reconnaît la ville baignée dans une lumière mystique et, à gauche, le palais où est représenté le pape endormi.
Les œuvres des dernières années du peintre sont encore moins connues. Parmi les meilleures, il faut certainement ranger les Saints Maurice et Érasme (Alte Pinakothek, Munich). L'archevêque de Mayence et Magdebourg, Albrecht von Brandenburg, avait commandé ce tableau à Grünewald qui était alors à son service. L'œuvre devait prendre place dans la nouvelle cathédrale Saint-Maurice-et-Sainte-Madeleine, à Halle (Saxe). Albrecht von Brandenburg avait introduit à Halle le culte de saint Érasme, et il est lui-même représenté sous les traits du saint dans le tableau.
Vers 1526, Grünewald peint une Crucifixion et un Portement de croix (primitivement à Tauberbischofsheim), dernière œuvre connue du peintre (Karlsruhe, Kunsthalle). Une fois de plus, Grünewald exprime la souffrance du Christ d'une façon bouleversante. Les bras de la croix s'affaissent sous le poids du corps inanimé et, dans Le Portement de croix, le Christ, écrasé sous la charge, frappé et harcelé par ses bourreaux, lève vers le ciel un regard implorant. À l'arrière-plan, le verset d'Isaïe gravé sur un écriteau rappelle au passant : « Il a été frappé pour nos péchés. »
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Écrit par
- Thomas Wolfgang GAEHTGENS : professeur d'histoire de l'art à l'université de Berlin
Classification
Médias
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