BIRAUD MAURICE (1922-1982)
Entre l'âge d'or de la radio, symbolisée par des hommes comme Jean Nohain et Saint-Granier, et le temps du marketing qui s'annonce avec les années 1980, Maurice Biraud a sans aucun doute été la personnalité radiophonique la plus populaire de la décennie 1960-1970, celui en qui bien des Français se retrouvaient. La jeune station périphérique Europe 1 était alors à la recherche d'un ton nouveau : Biraud le trouve d'emblée. « Mon succès vient de ce que je parle comme tout le monde », disait-il volontiers. C'est vrai que le succès de ses émissions du matin prend alors des dimensions d'événement national. La recette en est très simple : quelques calembours, des jeux de mots, un feuilleton comique, une ligne ouverte qui permet de dialoguer avec les auditeurs, et des chansons. À cela, il faut ajouter ce qui fait la personnalité de Biraud : une voix, tout d'abord, où dominent les accents gouailleurs du titi parisien, un peu traînante mais bien sympathique. Un sens de l'improvisation hors du commun, l'art et le goût du dialogue, un zeste de charme pour séduire un vaste auditoire féminin, le don de la formule lapidaire (« Bof »... « Faut l'faire ») qui entre dans le vocabulaire de la rue, et enfin une véritable gentillesse, une bonne humeur communicative.
Maurice Biraud est né en 1922 à Boulogne-Billancourt. Après des débuts modestes, c'est à Europe 1 qu'il franchira tous les échelons. D'abord secrétaire, puis comptable, discothéquaire, régisseur de studio, assistant metteur en ondes, puis animateur – un peu par hasard –, il va se spécialiser dans cette dernière branche, surpris tout d'un coup par le succès. Europe 1 n'aura pas à se repentir de son choix : Signé Furax (avec le tandem Francis Blanche-Maurice Biraud), Monsieur Flûte et Le Café de l'Europe seront de grands moments de radio de détente.
Comédien de vocation, longtemps relégué dans les petits rôles, Biraud est révélé grâce au film de Denys de La Patellière, Un Taxi pour Tobrouk (1961). Il s'y montre remarquable, et les propositions affluent. Ce seront tour à tour Le cave se rebiffe (G. Grangier, 1961) avec Jean Gabin, Mélodie en sous-sol (H. Verneuil, 1963), avec Alain Delon, Les Aventures de Salavin (ibid.). Une cinquantaine de films en tout, dans lesquels Biraud incarne des personnages qui l'éloignent définitivement de son identité d'amuseur. Non pas qu'il renie cette première phase de sa carrière : il s'agit d'une reconversion souhaitée et réussie. Biraud est capable de passer des rôles troubles et violents à l'humour et à la fantaisie. La radio, telle qu'elle se pratique désormais, soumise à l'esclavage des sondages et condamnée à un ton résolument agressif, ne le tente plus.
C'est à la télévision qu'il se verra confier dans les dernières années de sa vie ses meilleurs rôles. Sous la direction de réalisateurs comme Gilles Grangier, Jean Lhote (en particulier Les Confessions d'un enfant de chœur, 1977), Maurice Ronet (Bartleby, 1976), Alexandre Astruc, Jean Kerchbron et André Cayatte (Des yeux pour pleurer, 1982), Maurice Biraud retrouve la cote d'amour du public. C'est à Serge Moati, qui fera appel à lui cinq fois (notamment pour Ciné-roman, 1978 et Mont-Oriol, 1980), qu'il devra ses personnages les plus accomplis, les plus denses.
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Écrit par
- Robert de LAROCHE : journaliste à Radio-Monte-Carlo
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