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BOULADOUX MAURICE (1907-1977)

Maurice Bouladoux est né à Parthenay (Deux-Sèvres). Il a quinze ans quand commence pour lui la vie de travail : il est aide-comptable dans une entreprise de textile. Mais il est attiré par l'action militante du syndicalisme. Aussi est-il, en 1929, l'un des fondateurs de la Jeunesse syndicaliste chrétienne, mouvement qui sera une pépinière de militants pour la C.F.T.C. créée en 1919. En 1937, alors que la centrale connaît une expansion spectaculaire provoquée par la poussée populaire de 1936, il est remarqué par Gaston Tessier, secrétaire général en exercice, et élu secrétaire général adjoint. Il devient alors le principal collaborateur de Tessier, dont il sera plus tard l'héritier. Dès lors, jusqu'à sa mort, Maurice Bouladoux va être un acteur de premier plan dans tous les grands moments que connaîtra le mouvement syndical d'inspiration chrétienne, français et international, et, dans bien des cas, son action sera déterminante.

Signataire en 1940, contre le régime de Vichy, du célèbre Manifeste des Douze, qui annonce le programme du Conseil national de la Résistance, Bouladoux, en 1948, après le nouveau départ du syndicalisme qui suit la Libération, succède à Gaston Tessier, qui devient président, au poste de secrétaire général de la C.F.T.C. L'organisation, à l'époque, est dangereusement déchirée par les affrontements entre Tessier et une majorité traditionnelle attachée à la référence religieuse explicite de la C.F.T.C. d'une part, et, d'autre part, les jeunes générations de militants issus de la Résistance et soucieux d'ouvrir largement l'organisation aux hommes et aux idées venus d'autres horizons. Bouladoux va mener une politique apparemment impossible – se montrer le disciple de Tessier et le chef de la majorité, mais manifester une ouverture audacieuse aux innovations souhaitées par la minorité. Il réussira à surmonter les clivages et à s'entourer d'une équipe de responsables des différents courants qui traversaient la C.F.T.C. : avec eux, la cohésion retrouvée, il conduira l'organisation sans à-coups sur la voie qui l'amènera, en 1964, à se transformer en C.F.D.T.

Pour la C.F.T.C., en même temps que sa « déconfessionnalisation », la grande affaire des années 1957-1964 a été la prise de conscience, amorcée dans la Résistance, des implications politiques de son action, et par conséquent de la nécessité pour elle de se considérer comme un acteur, à sa façon et non à la façon d'un parti, de la vie politique française. Cette réflexion collective s'est déroulée tout au long de ces années marquées par la guerre d'Algérie, par la chute de la IVe République et les débuts de la Ve ; elle a pu progressivement mûrir sans menacer la cohésion de l'organisation, au contraire en la renforçant : ce succès est à mettre au crédit de Maurice Bouladoux, de son obstination, de sa diplomatie et de sa parfaite connaissance des possibilités réelles de l'organisation.

Au niveau international, Bouladoux, ayant eu la sagesse de refuser l'entrée de la C.F.T.C., en 1945, dans une F.S.M. faussement unitaire, plus tard dans une C.I.S.L. outrageusement dominée par les Américains, s'attacha au développement de la Confédération internationale des syndicats chrétiens. Mais il restait parfaitement conscient des faiblesses du syndicalisme international, y compris dans sa branche « chrétienne ». Devenu en 1961 président de la C.I.S.C., avec la même intelligence et la même énergie qu'il a montrées à la tête de la C.F.T.C., il mènera une action qui débouchera sur la transformation de la C.I.S.C. en une Confédération mondiale du travail qui s'ouvre, comme la C.F.D.T., aux perspectives d'un socialisme autogestionnaire. Par ailleurs et jusqu'à la fin de son mandat de président, en 1973, il s'efforcera de lever les obstacles énormes[...]

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