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CHALLE MAURICE (1905-1979)

Maurice Challe est né le 5 septembre 1905 au Pontet (Vaucluse). À sa sortie de Saint-Cyr, il choisit l'aéronautique. En 1927, il est lieutenant pilote. Il fait une carrière rapide dans les états-majors d'escadre, à la tête de la 2e escadrille de la 35e escadre, de 1934 à 1936, puis, après son passage à l'École supérieure de guerre aérienne, à l'état-major de la VIIe armée en 1939 et du grand quartier général des forces de l'air en 1940.

Après la défaite, il appartient brièvement à une sous-commission de la commission d'armistice à Wiesbaden. Il prend ensuite le commandement du groupe de reconnaissance 2/14 à Avignon en 1941. La zone libre envahie, il dirige le réseau de renseignements Villon S. R. Air qui fournit aux Alliés l'ordre de bataille aérienne allemand à l'ouest.

Paris libéré, le lieutenant-colonel Challe combat avec la 11e brigade française de bombardement. Sous-chef de l'état-major de l'armée de l'air le 10 juin 1947, il est, deux ans plus tard, général de brigade aérienne et commandant de l'air au Maroc. En 1953, il dirige l'état-major particulier du secrétaire d'État à l'air, puis prend la tête du Centre d'enseignement supérieur aérien et de l'École de guerre aérienne. Il passe de l'armée de l'air à l'état-major des forces armées et se trouve à la charnière des grandes décisions politiques et militaires. Chef de l'état-major en 1955, sous les ordres du général Ély, il joue en 1956 un rôle très important dans les négociations franco-anglaises qui préparèrent l'affaire de Suez.

Il ressent de l'échec de l'opération et de ses contacts avec le monde politique d'alors une certaine amertume. Il a cependant la réputation d'un officier républicain et, comme il le dira, il « penche à gauche ».

Il critique, en outre, l'insuffisance d'une stratégie d'ensemble en Algérie.

En mai 1958, soupçonné d'être sorti de ses attributions en liaison avec les événements d'Alger, le général Challe est convoqué par Pierre de Chevigné, ministre de la Défense nationale, qui lui notifie une mesure d'éloignement immédiat à Brest.

Le général de Gaulle, à son arrivée au pouvoir, lui rend son poste. Puis Maurice Challe est nommé, le ler octobre, adjoint interarmées au général Salan en Algérie.

Celui-ci perd, le 10 décembre, ses fonctions de délégué général, qui sont confiées à Paul Delouvrier, et de commandant en chef, qui sont attribuées au général Challe. Les deux hommes agissent en parfait accord.

Le commandant en chef, pour sa part, réorganise le dispositif militaire, constitue une puissante réserve générale et lance une série d'opérations d'ouest en est. À Paris, il avait cru à une solution politique du problème algérien.

Sur place, le succès de sa méthode offensive l'amène à croire possible une victoire militaire. Celle-ci donnerait à la France un délai suffisant pour mettre en place, à moyen terme, une formule d'indépendance.

Ainsi fait-il accepter par des cadres réticents, à la fin d'août 1959, la politique gaulliste d'autodétermination. Mais les chefs de ses réserves générales, parachutistes notamment, sont en désaccord avec cette politique. En janvier 1960, lorsque éclate à Alger l'affaire des barricades, le commandant en chef se trouve partagé, à la fois sans véritable prise sur les événements et sensible à l'atmosphère d'Alger plus qu'aux ordres de Paris. Il reste, sans enthousiasme, fidèle au gouvernement et finit, poussé par Paul Delouvrier, par gagner, pour échapper à la pression algéroise, son état-major de la Reghaïa.

Son attitude est jugée sévèrement par le général de Gaulle. En mai 1960, Maurice Challe est nommé commandant en chef des forces alliées Centre-Europe à Fontainebleau.[...]

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