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CLAVEL MAURICE (1920-1979)

Maurice Clavel est mort au terme d'une décennie qui, dans le monde intellectuel français, aura largement été marquée par ses interventions, dans l'ordre politique comme dans l'ordre spirituel.

Après avoir longtemps oscillé et erré de l'enseignement au théâtre et au roman, du journalisme à la politique, de la Résistance et du gaullisme R.P.F. aux franges du communisme, cette force à éclipses, ce héros en quête de rôle, cette impatience maladroite qu'était Clavel a trouvé sa ligne au moment de l'affaire Ben Barka en 1966. Gaulliste en révolte contre la raison d'État, il a alors forgé son personnage et son style. Ses chroniques de L'Observateur devinrent rapidement le rendez-vous des lecteurs cherchant la faille, de ceux que travaillaient l'espérance et la nostalgie. Il a su prendre acte du déclin de l'univers politique et intellectuel de l'après-guerre, qui ne tenait plus qu'au prix d'un durcissement sénile. En ce sens, il fut un libérateur, un de ces écrivains de transition qui ouvrent des portes plus qu'ils ne laissent une œuvre. Clavel était d'avance sur les lieux où s'est produite l'explosion de 1968, qui, elle non plus, n'a pas changé le cadre de notre vie mais qui a bousculé toutes les crédibilités, donnant ainsi leur chance aux remises en cause qui allaient suivre. L'après-Mai-68, époque de révoltes souvent myopes, époque de malaise plus que d'invention, a été marqué par un conflit multiforme entre les persistances du dogmatisme et les espoirs d'une action enfin vraie, enfin libératrice. C'est dans ce cadre qu'est intervenu le personnage Clavel.

Il s'est alors qualifié lui-même de « journaliste transcendantal », fonction qu'il définissait en se référant à Michel Foucault, pour qui rien n'est plus important que de savoir « ce qui se passe » maintenant. Clavel s'est donné pour tâche de lire l'époque, au plus profond, et ainsi (malgré ses proclamations excessives sur sa petitesse et son humilité) il a prétendu la guider.

La lecture clavélienne de l'époque a été avant tout philosophique. En cela, il se distingue profondément, quoi qu'on ait dit, d'un auteur comme Bernanos, qui fut lui aussi journaliste, mais journaliste spirituel, polémiste, homme d'avertissements et d'interpellations, alors que Clavel se plaçait quelque part entre le pédagogue, l'idéologue et le stratège intellectuel. Clavel, à la différence de Bernanos, n'était pas à l'aise dans le concret ; en témoigne la médiocrité de son œuvre romanesque (à l'exception relative des Paroissiens de Palente, ouvrage consacré à l'affaire Lip, 1974). Son domaine, c'est la culture, c'est le conflit des grandes représentations du monde ; c'est à travers cela qu'il voyait le présent.

Après la critique novatrice du marxisme dans Qui est aliéné ? (1970), c'est, en 1975, avec son Ce que je crois, que Clavel donne le sens du combat dont les livres qui se succéderont ensuite seront des étapes : Dieu est Dieu, nom de Dieu (1976), Délivrance (1977), Ce Juif de Socrate (1977), Deux Siècles chez Lucifer (1978). Il s'agit de marquer le point où nous sommes de l'histoire occidentale. Clavel reprend le travail de Foucault sur la croissance conjointe de l'État et de la rationalité depuis la Renaissance, aux dépens de la « plèbe », c'est-à-dire de l'homme concret et sans pouvoir, aux dépens aussi de Dieu. La cause de la liberté et celle de Dieu sont ainsi articulées : « Le péché d'empire du monde, d'étatisme et d'asservissement des hommes est la conséquence de quelque chose de plus profond » (Lucifer) ; ce quelque chose, c'est le refus de la foi, qui suppose que l'on s'avoue vaincu et ignorant, qu'on limite la raison comme Kant[...]

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  • GLUCKSMANN ANDRÉ (1937-2015)

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    • 833 mots

    Figure de la « nouvelle philosophie » dans les années 1970, profondément marqué par la lecture de Soljenitsyne, André Glucksmann fit siens les combats contre les totalitarismes.

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