COUVE DE MURVILLE MAURICE (1907-1999)
Maurice Couve de Murville fut le troisième et dernier Premier ministre du général de Gaulle, quelques mois seulement, de juillet 1968 à juin 1969. Mais il aurait pu aspirer à de plus hautes fonctions. Georges Pompidou, qui ne l'aimait pas, écrit dans ses Mémoires posthumes (Pour rétablir une vérité, Flammarion) : « Il voulait être Premier ministre jusqu'en 1972, date normale de l'élection présidentielle, afin d'être candidat à la présidence. Le calendrier était en effet favorable. » L'échec du référendum du 27 avril 1969 et le départ prématuré du général en ont décidé autrement.
Rien pourtant ne prédisposait ce haut fonctionnaire discret et impassible à faire de la politique. Né en 1907 à Reims dans ce qu'on appelle la haute société protestante, il intègre l'École libre des sciences politiques, puis l'Inspection des finances dont il sort « major » en 1932. Il s'oriente alors vers la banque, puis vers l'administration des Finances. Il travaille notamment aux côtés de Paul Reynaud, puis de Jacques Rueff.
La défaite de 1940 et l'Occupation n'émeuvent pas outre mesure ce fonctionnaire qui s'installe presque naturellement à Vichy. Il est nommé directeur des Finances extérieures et des Changes en septembre 1940 et siège à ce titre à la commission d'armistice de Wiesbaden. Muni d'un passeport diplomatique, il rejoint néanmoins Alger après le débarquement allié en Afrique du Nord. Mais il rallie dans un premier temps le général Giraud, rival du général de Gaulle, qui en fera pourtant bientôt un commissaire aux Finances. Les Américains décideront du changement de carrière de ce financier qui va se muer en diplomate. Comme ils lui reprochent d'avoir été trop proche des Allemands, de Gaulle l'éloigne d'Alger et le nomme délégué auprès de la Commission alliée pour les questions italiennes et balkaniques.
C'est le début d'une brillante carrière de diplomate qui, là encore, traversera avec indifférence les régimes et les crises : directeur des Affaires politiques du Quai d'Orsay en novembre 1945, ambassadeur de France en 1950, en poste au Caire (1950-1954), puis auprès de l'O.T.A.N. (1954), puis à Washington (1955), et enfin à Bonn (1956-1958) où le surprend la chute de la IVe République. La légende veut que cet amateur de golf ait refusé de prendre le général de Gaulle au téléphone, le temps de terminer son parcours...
De Gaulle, qui décidément ne lui tient rigueur de rien, le nomme ministre des Affaires étrangères. Il restera dix ans au Quai d'Orsay, une durée inégalée sous la Ve République. C'est là qu'il met en musique la politique extérieure du général de Gaulle. Sa discrétion, son mutisme presque, contraste avec la verve et les coups d'éclat du président de la République. Ministre de l'Économie et des Finances pendant quelques semaines, au cœur de la tourmente de mai et juin 1968, il succède ensuite à Georges Pompidou à Matignon. Ce dernier lui vouera une solide rancœur pour sa passivité voire sa complicité supposées face aux développements de l'affaire Markovic qui éclabousse l'ancien Premier ministre.
L'élection de Georges Pompidou à la présidence de la République en juin 1969 sonne le glas de la carrière ministérielle de Maurice Couve de Murville et marque le début pour lui d'une nouvelle vie, parlementaire cette fois. Se frottant pour la première fois, à soixante ans, au suffrage universel, « Couve » va d'abord connaître deux échecs : dans le VIIe arrondissement de Paris en 1967 face à l'inamovible Édouard Frédéric-Dupont ; puis dans les Yvelines, lors d'une élection partielle en 1969, où il est battu par le secrétaire national du P.S.U., Michel Rocard...
Il lui faut donc attendre 1973 pour entrer comme député du VIIIe arrondissement[...]
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Écrit par
- Bruno DIVE
: journaliste éditorialiste à
Sud Ouest
Classification
Média
Autres références
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CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - La période gaullienne (1958-1969)
- Écrit par Pierre BRÉCHON
- 8 909 mots
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