DURUFLÉ MAURICE (1902-1986)
Dernier survivant de la grande école de l'orgue symphonique française, Maurice Duruflé voit le jour à Louviers le 11 janvier 1902. À la maîtrise de la cathédrale de Rouen, il est l'élève de Jules Haelling (1912-1918), avant de se fixer à Paris, en 1919. Il travaille l'orgue avec Alexandre Guilmant et, I'année suivante, il entre au Conservatoire, où il suit les cours d'Eugène Gigout (orgue), Jean Gallon (harmonie), Georges Caussade (contrepoint et fugue) et Paul Dukas (composition). Cinq premiers prix couronneront ses études : orgue (1922), harmonie et fugue (1924), accompagnement (1926) et composition (1928). Poursuivant sa formation d'organiste, il travaille avec Charles Tournemire et Louis Vierne, dont il devient l'assistant, respectivement à Sainte-Clotilde et à Notre-Dame de Paris (1929-1931). En 1929 et 1930, il reçoit à deux reprises le premier prix des Amis de l'orgue, comme exécutant et improvisateur, puis comme compositeur, pour son Prélude, adagio et choral varié sur le thème du Veni Creator. Cette même année 1930, il est nommé organiste titulaire de l'orgue de Saint-Étienne-du-Mont à Paris, poste qu'il conservera toute sa vie, secondé plus tard par sa femme, Marie-Madeleine Duruflé-Chevalier.
Ses premières œuvres sont couronnées, en 1936, par le prix de la fondation Blumenthal. Suppléant de Marcel Dupré à la classe d'orgue du Conservatoire à partir de 1942, il y est nommé professeur d'harmonie l'année suivante, fonction qu'il occupera jusqu'en 1973, comptant parmi ses élèves Pierre Cochereau, Xavier Darasse et Daniel Roth. Sa carrière prend un essor international, notamment aux États-Unis et en Grande-Bretagne, où il joue régulièrement. Il recoit en 1956 le grand prix musical du département de la Seine et, en 1962, au Vatican, il est nommé commandeur de l'ordre de Saint-Grégoire-le-Grand pour l'ensemble de son œuvre religieuse. Il continue à jouer régulièrement jusqu'au début des années 1980 ; un accident d'automobile l'oblige alors à se retirer. Il meurt à Louveciennes le 16 juin 1986.
À l'image de celle de son maître Paul Dukas, l'œuvre de Maurice Duruflé compte un nombre très restreint de partitions : il ne livrait que des œuvres mûrement élaborées, sans cesse remises sur le métier. Au fil des années, elles se font de plus en plus rares, l'homme voyant se creuser un fossé entre une esthétique traditionnelle dont il ne voulait pas se détacher et les nouvelles techniques de composition sans lesquelles il n'y avait pas de salut. Pour son instrument, il a laissé une demi-douzaine d'œuvres, qui s'échelonnent entre 1926 et 1943, notamment Prélude, adagio et choral varié sur le thème du Veni Creator, op. 4 (1929), la Suite op. 5 (1930) et Prélude et fugue sur le nom d'Alain op. 7 (1943), hommage à son camarade Jehan Alain, tué au front en 1940. Dans le domaine instrumental et de la musique de chambre, il a écrit un Triptyque pour piano (1926) ainsi que Prélude, récitatif et variations pour flûte, alto et piano op. 3 (1928), créé par Marcel Moyse. Pour l'orchestre, deux partitions : Trois Danses op. 6 (1935), créées 1'année suivante par Paul Paray, et Andante et scherzo op. 8 (1940), créé par Charles Münch.
Mais c'est surtout par sa musique religieuse que Duruflé a attiré l'attention : le Requiem op. 9 (1947), les Quatre Motets sur des thèmes grégoriens pour chœur a cappella op. 10 (1960) et la Messe « cum jubilo » pour baryton, chœur de barytons et orchestre op. 11 (1966). Le Requiem avait révélé, lors de sa création sous la baguette de Roger Désormière, un musicien fervent, au langage original, même si ses références étaient César Franck, Gabriel Fauré ou le chant grégorien. Au premier, il emprunte une écriture contrapuntique solide, au second[...]
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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