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GARIN MAURICE (1871-1957)

Coureur cycliste français d'origine italienne né le 3 mars 1871 à Arvier (Val d'Aoste). Installé à Lens, Maurice Garin est naturalisé français en 1892 (certaines sources indiquent néanmoins qu'il fut naturalisé bien plus tard). Il est l'un des protagonistes des temps « héroïques » du cyclisme, et participe dès 1893 à des épreuves de grand fond (les Huit Jours de Paris). Il gagne les Vingt-Quatre Heures de Liège en 1894, les Vingt-Quatre Heures des Arts libéraux en 1895, Paris-Le Mans en 1896, remporte Paris-Roubaix en 1897 et en 1898. Il est engagé par l'équipe La Française en 1901, s'impose dans Paris-Brest-Paris la même année, s'adjuge Bordeaux-Paris en 1902.

Son nom reste avant tout attaché à l'histoire du Tour de France, en tant que vainqueur de la première édition de ce qui deviendra la plus prestigieuse compétition cycliste. Henri Desgrange, directeur du quotidien sportif L'Auto, avait imaginé cette épreuve pour promouvoir son journal, menacé par son concurrent, Le Vélo, dirigé par Pierre Giffard. Le 1er juillet 1903, Maurice Garin fait partie des soixante téméraires qui s'élancent devant Le Réveil-Matin, café de Villeneuve-Saint-Georges en banlieue parisienne, situé à l'embranchement des routes de Montgeron et de Draveil, pour un périple de 2 428 kilomètres en six étapes. Maurice Garin remporte la première étape, à Lyon ; il gagne également à Nantes et s'impose aussi à Paris, terme de la sixième et dernière étape. Il a nettement dominé tous ses concurrents, devance son dauphin, Lucien Pothier, de 2 h 59 min 21 s, alors que Fernand Augereau se classe troisième à 4 h 29 min 24 s. Maurice Garin devient une vedette et se voit fêté comme un héros dans sa ville de Lens.

L'année suivante, il inscrit de nouveau son nom, du moins de manière provisoire, à ce prestigieux palmarès. Sur la route, il remporte la première étape, et Lucien Pothier, qui court comme lui sur une bicyclette de marque La Française, ne tente pas de lui contester la victoire finale (il sera deuxième à 3 min 28 s), bien que le règlement stipule que l'épreuve est « strictement individuelle ». De plus, de nombreux incidents ont émaillé cette deuxième édition du Tour de France (des coureurs ont été agressés par des spectateurs, il est avéré que certains concurrents ont effectué une partie du parcours en train, etc.). Le jour de l'arrivée, les premiers mots de l'éditorial qu'Henri Desgrange publie dans L'Auto sont symptomatiques : « Le Tour de France est terminé et sa seconde édition aura, je le crains bien, été sa dernière. Il sera mort de son succès... » Néanmoins, Desgrange ne songe pas à remettre en cause le classement. L'Union vélocipédique de France va s'en charger. Le 2 décembre 1904, son verdict tombe : les quatre premiers du classement général (Maurice Garin, Lucien Pothier, César Garin et Hippolyte Aucouturier) sont disqualifiés ; la victoire revient à Henri Cornet. Cette décision est assortie pour Maurice Garin d'une suspension de deux ans. Pour lui, le glas a sonné et sa carrière s'achève tristement.

— Pierre LAGRUE

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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