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DANTEC MAURICE GEORGES (1959-2016)

Né à Grenoble le 13 juin 1959, Maurice Georges passe une partie de son enfance et de son adolescence en région parisienne. Il fréquente le lycée Romain-Rolland d'Ivry et y rencontre deux futurs romanciers, Tonino Benacquista et Jean-Bernard Pouy. Ce dernier, alors animateur socioculturel, l'initie à la science-fiction moderne. Philip K. Dick, Norman Spinrad, Philip José Farmer, J. G. Ballard, Roger Zelazny comptent parmi les auteurs qui marquent sa jeunesse. Bien après, lorsqu'il découvrira le roman noir américain (Raymond Chandler, Chester Himes, James Ellroy), il décidera de se consacrer à ces deux courants littéraires du xxe siècle et de tenter leur fusion. En 1977, il abandonne ses études de lettres pour devenir musicien dans divers groupes de rock. L'expérience dure une douzaine d'années, à l'issue desquelles il travaille comme rédacteur publicitaire jusqu'en 1991. Deux ans plus tard, son premier roman, La Sirène rouge, est publié dans la Série noire. Il constitue une sorte d'événement. Outre qu'il s'agit du livre le plus épais publié dans la collection (479 pages), il renoue avec le roman feuilleton. Son protagoniste, Hugo, est membre d'un réseau international clandestin qui lutte contre la résurgence des totalitarismes. Par hasard, il rencontre Alice, une surdouée de douze ans qui fuit sa mère après avoir découvert ses infâmes et meurtriers trafics. Cet insolite duo va être poursuivi par une bande de tueurs commandités par la mère de l'enfant. À partir de ce scénario qui n'a rien de très original, Dantec fait entrer de plain-pied son lecteur dans un récit mené avec rythme et invention. Si cette épopée se présente sous la forme d'un conte (il pourrait s'intituler Alice au pays des horreurs), sa modernité est indéniable, et le regard que porte Dantec sur la fin du siècle reste très pessimiste. Il s'indigne notamment de la lâcheté et de l'hypocrisie des gouvernements européens, et dénonce avec vigueur leur passivité dans le conflit yougoslave. Le livre aborde également l'évolution technique : si elle peut servir à l'homme, elle permet aussi à certaines pratiques malsaines de s'épanouir. C'est le sujet des Racines du mal (1995), son second roman (631 pages). Cette fois, Dantec utilise un thème usé jusqu'à la corde, celui du « tueur en série », qu'il renouvelle totalement grâce à diverses trouvailles romanesques et à une entrée en matière percutante. Persuadé que la France est dirigée par des nazis, après avoir été envahie par des habitants de la planète Vega, un pauvre bougre se lance dans une cavale meurtrière. Trois scientifiques, chargés d'analyser le comportement des tueurs en série, se rendent vite compte qu'ailleurs d'autres tueurs opèrent et commencent à les traquer. Dantec imagine alors un ordinateur de type supérieur, une « neuromatrice », parfaite réplique du cerveau humain d'un des trois chercheurs, mais qui fonctionne à une vitesse supérieure. Cette arme futuriste permettra de démanteler une secte de tueurs en série qui projettent de célébrer l'an 2000 de façon apocalyptique. Mais demain peut-être les tueurs disposeront-ils à leur tour d'une « neuromatrice »... Choisir comme personnage central un spécialiste de l'étude du chaos et de la « nature quantique des phénomènes inconscients », situe bien l'une des préoccupations du romancier. Pour lui, en cette époque où les plus innovantes découvertes cohabitent avec des idéologies moyenâgeuses, l'humanité court à sa perte si elle ne s'attaque pas aux racines du mal.

En 1998, Maurice G. Dantec quitte la France et s’installe à Montréal (Québec). Avec Babylon Babies (1999), il va mêler plus étroitement encore roman noir et science-fiction. En parallèle, il publie les deux volumes[...]

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  • BABYLON BABIES (M. G. Dantec)

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    • 743 mots

    De tout temps, des écrivains ont tenté de se projeter dans le futur par le biais du roman. Maurice G. Dantec appartient à cette lignée de visionnaires. Il avait longuement développé ce qu'il appelait « les enjeux de l'acte littéraire, en cette fin de siècle et de millénaire » dans l'article « La Fiction...