LEHMANN MAURICE (1895-1974)
Né à Paris, Maurice Lehmann fait ses classes au conservatoire ; sorti avec un premier prix de comédie, il est tout d'abord engagé à la Comédie-Française. Mais très vite Henri Hertz l'appelle au théâtre de la Porte-Saint-Martin, où il est notamment partenaire de Mistinguett dans Madame Sans-Gêne. La mort de Hertz, survenue en 1924, le place à la tête des théâtres de la Porte-Saint-Martin et de l'Ambigu. Le comédien désormais s'efface derrière l'« homme de grand spectacle ».
Entre 1924 et 1925, il monte vingt-quatre pièces à l'Ambigu. À la Porte-Saint-Martin, il reprend les chefs-d'œuvre de Henri Bataille et crée une pièce de Jean Sarment, La Madelon.
Au printemps de 1928, Alexandre Fontanes, âgé de soixante-dix ans, lui propose la codirection du Châtelet. Quand Lehmann prend ses fonctions, le Châtelet est surtout réputé pour être le refuge des maraîchers des Halles. Il commence par remplacer les musiciens fantômes par de vrais artistes, engage une équipe de techniciens, réunit une chorale et crée une école de danse. Du jour au lendemain, le Châtelet devient le temple de l'opérette. « Pour moi, devait-il déclarer en 1971 dans son livre de souvenirs, Trompe-l'œil, l'opérette, c'est quelque chose de sérieux. J'y crois et je demande à tous mes collaborateurs d'y croire... C'est un moyen d'exprimer la joie, le plaisir... » Et, en effet, le Châtelet monte des opérettes comme Robert le pirate, Nina Rosa. Le succès est si évident que Lehmann implante ce genre de spectacle à la Porte-Saint-Martin, d'abord en remontant de vieux succès du répertoire, comme Le Petit Duc, La Fille de Mme Angot, La Mascotte, Rip, puis en faisant jouer, en 1933, une adaptation française des Valses de Vienne de Johann Strauss. Quelque temps après, Lehmann décide, sans trop y croire, de donner sa chance à un jeune comique ; ce sera Ignace, avec Fernandel.
En juin 1945, le gouvernement français, désireux de mettre de l'ordre dans le fonctionnement de l'Opéra et de l'Opéra-Comique, le nomme administrateur de la Réunion des théâtres lyriques nationaux. Mais le nouvel administrateur n'a pas le loisir de donner la mesure de son talent ; à peine un an après sa nomination, il doit abandonner son poste pour raison de santé. Les pouvoirs publics le rappelleront cinq années plus tard, en septembre 1951. De son bureau du palais Garnier, le successeur de Georges Hirsch va accomplir de nouveaux miracles : une de ses plus grandes réussites sera de ressusciter un chef-d'œuvre de Rameau oublié depuis deux siècles : Les Indes galantes. Ce sera ensuite Obéron, puis en 1954, dans des décors de Chapelain-Midy, La Flûte enchantée de Mozart. La danse non plus ne sera pas oubliée : Noces fantastiques, Hop Frog, L'Oiseau de feu, Cinéma, Études, Les Caprices de Cupidon, La Tragédie de Salomé, etc., et surtout la création de La Belle Hélène d'Offenbach.
En dépit de ces succès, Lehmann, en 1955, décidera de laisser sa charge irrévocablement. Ayant repris la direction du Châtelet, il donnera, pour sa rentrée, une opérette de Francis Lopez, Méditerranée, avec Tino Rossi. Dix ans plus tard, en 1965, il aura la joie de terminer sa direction sur un très grand succès, Monsieur Carnaval (livret de Frédéric Dard, musique de Charles Aznavour, chorégraphie de Dick Sanders).
L'administrateur honoraire de la Réunion des théâtres lyriques nationaux, qui avait été, le temps d'un film, Une jeune fille savait, un producteur de cinéma, devait s'éteindre à Paris le 17 mai 1974.
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Écrit par
- Paul MORELLE : critique littéraire
Classification
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- Écrit par Ivan A. ALEXANDRE
- 11 918 mots
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