MARTENOT MAURICE (1898-1980)

Maurice Martenot a réalisé la synthèse de sa double formation d'ingénieur et de musicien en créant l'instrument qui porte son nom, les ondes Martenot. Ayant vu le jour dans une famille de musiciens (à Paris, le 14 octobre 1898), il pratique le piano et le violoncelle, et suit au Conservatoire de Paris les cours de composition d'André Gédalge. Ses premières recherches sont dirigées autant vers le domaine instrumental que vers la pédagogie, mais cette seconde activité est vite éclipsée par la création des ondes Martenot. Il crée pourtant un enseignement de la musique digne des méthodes actives, bien avant que l'on connaisse les préceptes de Carl Orff ou de Zoltán Kodály en la matière. Ces méthodes sont appliquées dans le cadre de l'enseignement musical dispensé à l'école Martenot, établissement fondé en 1912 par sa sœur Madeleine Martenot.

Ses recherches instrumentales sont couronnées de succès en 1928, lorsqu'il présente les ondes Martenot au cours d'un récital à l'Opéra de Paris. Trois ans plus tard, il publie une méthode pour l'enseignement des ondes Martenot, méthode qui sera complétée en 1952. En 1937, il reçoit le grand prix de l'exposition des Arts et des Techniques de Paris ; en 1947, il se voit confier une classe d'ondes au Conservatoire de Paris. En 1954, il apporte les dernières modifications à l'instrument, qui jouit déjà d'une renommée internationale. Ginette Martenot, sa sœur, en fut la première virtuose avant que ne s'y intéressent Jeanne Loriod et Françoise Deslogères, qui formeront elles-mêmes de nombreux élèves en France et à l'étranger. Maurice Martenot meurt à Paris le 10 octobre 1980.

Instrument électronique, les ondes Martenot ressemblent à une épinette aux touches étroites, d'une tessiture de sept octaves. C'est un instrument mélodique, qui ne produit donc qu'un seul son à la fois, mais la couleur et l'intensité de ce son peuvent varier au gré de l'exécutant. La production sonore repose sur le phénomène de battement de deux ondes de haute fréquence (inaudibles) qui engendre une fréquence différentielle audible. Celle-ci est amplifiée et émise par des haut-parleurs. Le son obtenu est un son brut, sans harmoniques, mais l'instrument est équipé de diffuseurs qui redonnent au son des harmoniques, lui permettant de revêtir dix timbres différents. L'instrumentiste peut en outre faire varier la vibration du son par un simple vibrato de la touche, analogue à celui des instruments à cordes, ou pratiquer des attaques très diverses. Le glissando est particulièrement spectaculaire. Les possibilités sont donc considérables dans le domaine expressif mais aussi dans celui de l'intensité car les ondes Martenot peuvent couvrir un orchestre qui joue fortissimo.

Les compositeurs ont vite pris conscience des possibilités de ce nouvel instrument et ont écrit pour lui des concertos, des partitions symphoniques, des œuvres de musique de chambre, sans compter les musiques de film, où ses immenses ressources se sont révélées très utiles sur le plan descriptif. Arthur Honegger a été l'un des tout premiers à lui consacrer une partie importante, dans Jeanne d'Arc au bûcher (1935), mais c'est peut-être Olivier Messiaen qui a le plus contribué à la popularité des ondes Martenot (Trois Petites Liturgies de la Présence divine, Turangalîla-Symphonie, Saint-François d'Assise...). Beaucoup d'autres musiciens ont écrit pour elles : Edgar Varèse (Ecuatorial, initialement écrit pour Thereminovox), Charles Koechlin, Darius Milhaud, Tristan Murail, Claude Vivier, sans oublier les trois concertos essentiels qui figurent au répertoire de l'instrument, ceux d'André Jolivet, de Charles Chaynes et de Jacques Charpentier. À côté des créations originales, de nombreuses transcriptions ont[...]