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NADEAU MAURICE (1911-2013)

Maurice Nadeau - crédits : Sophie Bassouls/ Sygma  Getty Images

Maurice Nadeau

Maurice Nadeau est né à Paris le 21 mai 1911. Avant de diriger La Quinzaine littéraire, bimensuel à la fois élégant et austère, Nadeau a exercé divers métiers. Orphelin de père, pur produit de la méritocratie républicaine, le fils de Zilda Clair, une servante qui ne savait pas lire, poursuivra des études qui le mèneront à l’École normale supérieure de Saint-Cloud. De cette époque datent ses principaux engagements, en politique comme en littérature. Après un bref passage au Parti communiste français, dont il est exclu en 1932, il adhère à la Ligue communiste de France, mouvement trotskiste, animé par Pierre Naville, sociologue et philosophe dont la rencontre a été déterminante. Il choisit d’être instituteur en banlieue parisienne et le restera jusqu’à son entrée en journalisme. Il découvre dans le même temps les surréalistes, se lie avec Benjamin Péret, André Breton, côtoie Prévert, Aragon ou Limbour.

Pendant l’Occupation, Nadeau appartient à un réseau de résistance animé, notamment, par David Rousset. Il échappe de peu aux arrestations. Ce n’est pas le cas de Rousset, qui écrira Les Jours de notre mort, l’un des premiers témoignages sur les camps de concentration, publié en 1947 par Nadeau devenu éditeur. Par l’entremise de Pascal Pia dont il sera un ami fidèle, le jeune professeur est engagé à Combat, le quotidien dirigé par Camus. Il travaille également à L’Express, à France Observateur. Il fait connaître au public René Char, Antonin Artaud, Henry Miller ou Claude Simon. Il écrit sur le marquis de Sade, sur Flaubert et Gide. Il est également l’auteur, en 1945, de la première Histoire du surréalisme, ouvrage qui fera référence.

Outre le métier de critique littéraire, il exerce donc celui d’éditeur. Diverses maisons d’édition, de Corréa à Denoël, lui proposeront de diriger une collection ; celle-ci sera presque toujours interrompue parce qu’on lui reproche de faire perdre de l’argent avec les auteurs qu’il publie. Il est l’éditeur français de Malcolm Lowry, Lawrence Durrell, Stig Dagerman, de la première traduction des Récits de Kolyma de Varlam Chalamov ou de Georges Perec. Il découvre de nombreux écrivains désormais célèbres, dont Witold Gombrowicz ou le futur Prix Nobel J-M Coetzee. Il regrettera toujours de n’avoir pas été l’éditeur de Beckett.

Le critique et éditeur est aussi, et enfin, directeur de revue. D’abord aux Lettres nouvelles, de 1953 à 1976. On y lira les premières « Mythologies » de Roland Barthes, mais aussi Marguerite Duras, Michel Leiris, Octavio Paz, Elio Vittorini, Leonardo Sciascia ou Georges Séféris. L’éclectisme, la diversité des signatures, est toujours synonyme de qualité et d’originalité. Le nom de la revue s’associe bientôt au sien, avant que le seul nom de Maurice Nadeau ne devienne en 1977 celui de sa maison d’édition. Il est, avec Extension du domaine de la lutte, le premier éditeur du romancier Michel Houellebecq. Sa fidélité à certaines valeurs et à certains amis ne le quittera jamais. On le voit notamment dans sa manière de diriger La Quinzaine littéraire. Il avait fondé cette revue avec François Erval en juin 1966 et conduisait une équipe constituée d’universitaires et de spécialistes, tous bénévoles. C’était un directeur ouvert, qui faisait confiance, n’attendant de ses collaborateurs que le respect des livres et l’attention aux idées. Il refusait la publicité, craignait plus que tout de se soumettre à des puissances financières. Cette indépendance coûtait cher. En mai 2013, Nadeau avait lancé un appel pour sauver sa revue en danger de mort ; cet appel aura été entendu. Une fois de plus aurait-on envie d’ajouter, tant l’existence de La Quinzaine a été fragile, sauvée à diverses reprises par des interventions que son directeur jugeait presque magiques.

L’existence très riche de Maurice Nadeau a son unité, celle d’un[...]

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Média

Maurice Nadeau - crédits : Sophie Bassouls/ Sygma  Getty Images

Maurice Nadeau

Autres références

  • SERREAU GENEVIÈVE (1915-1981)

    • Écrit par
    • 543 mots

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    Agrégative de lettres, elle part pour Lyon pendant la guerre,...