MAURITANIE
Nom officiel | République islamique de Mauritanie |
Chef de l'État et du gouvernement | Mohamed Ould Ghazouani - depuis le 1er août 2019 |
Capitale | Nouakchott |
Langue officielle | Arabe (La Constitution de 1991 désigne l'arabe comme langue officielle, et l'arabe, le ouolof, le peul et le soninké comme langues nationales.) |
Population |
5 022 441 habitants
(2023) |
Superficie |
1 030 700 km²
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Article modifié le
La Mauritanie depuis l'indépendance
Ould Daddah, père de la nation
La transmission de l'État colonial
Depuis l'instauration de la IVe République française en 1946, la Mauritanie, qui était jusque-là associée au Sénégal, peut élire ses propres représentants à l'Assemblée nationale. Les partis politiques se multiplient et, dès 1948, naît l'Union progressiste mauritanienne (U.P.M.), parti proche de l'administration coloniale et apparenté au Rassemblement pour la France du général de Gaulle ; en 1950, l'Entente mauritanienne (section de la S.F.I.O.), dirigée par Horma Ould Babana, élu député de Mauritanie à la première Assemblée nationale ; et, en 1955, l'Association de la jeunesse mauritanienne (A.J.M.), pro-arabe et influencée par le nassérisme. Ces partis représentent surtout les populations beidanes (Maures blancs), alors que la création du Bloc démocratique du Gorgol, en 1957, ou l'Union des originaires de la Mauritanie du Sud, en 1958, ont pour but la défense des intérêts des Noirs mauritaniens face à l'importance politique des Maures. Ce foisonnement politique traduit ainsi les frictions et les antagonismes entre Nord et Sud, nomades et sédentaires, Maures et Noirs.
Moktar Ould Daddah appartient à l'U.P.M. dès sa fondation, et participe aux élections de 1951 où son parti remporte la victoire électorale. Il se présente aux élections législatives de mars 1957 et, en mai de la même année, est élu vice-président du Conseil de gouvernement par l'Assemblée territoriale de Mauritanie. En mai 1958, Ould Daddah raffermit son influence politique : avec les plus jeunes membres de son parti, il fonde le Parti du regroupement mauritanien (P.R.M.) dont il devient le secrétaire général. Ce parti, nationaliste, regroupe notamment les élites formées à l'école française, et représente un courant modéré, militant pour l'indépendance tout en désirant maintenir les liens avec la France. Lors du référendum organisé le 28 septembre 1958, après le retour au pouvoir du général de Gaulle, le P.R.M. se positionne résolument en faveur de la Communauté française, et l'emporte largement. Des élections législatives se tiennent en juin 1959, au cours desquelles le P.R.M. remporte tous les sièges. Moktar Ould Daddah est nommé Premier ministre et c'est sous son autorité que le pays accède à l'indépendance le 28 septembre 1960, sous le nom de République islamique de Mauritanie.
La Constitution de 1959 prévoit la séparation des pouvoirs entre une Assemblée nationale législative et un gouvernement exécutif dirigé par le Premier ministre. Le multipartisme est affirmé, le gouvernement est responsable devant l'Assemblée, sans avoir le pouvoir de la dissoudre. À la tête de l'État, Ould Daddah a de multiples défis à relever. La structure sociale mauritanienne éclatée entre lignages et familles promptes aux divisions, les rivalités entre classes, entre Beidanes et Négro-Africains, le poids prépondérant des chefferies locales concourent à opposer diverses conceptions du pouvoir. Sur le plan économique, la colonie de Mauritanie a été peu développée par les Français, qui ont pensé à la rattacher au Sénégal, puis à déplacer sa frontière méridionale vers le nord, ou encore à l'inclure dans l'Organisation commune des régions sahariennes qui tenta, de 1957 à 1962, de réunir les parties sahariennes des colonies françaises. Enfin, sur le plan international, la Mauritanie doit faire face aux ambitions du Maroc, qui se sont exprimées dès les années 1950, avec les théories du « Grand Maroc » (englobant Rio de Oro et Mauritanie et portant sa frontière sud jusqu'au fleuve Sénégal). Ainsi, le Maroc ne reconnaît pas la Mauritanie indépendante, et s'oppose, avec l'aide de la Ligue arabe et du groupe de Casablanca, à son adhésion à l'O.N.U. en décembre 1960. La Mauritanie devra attendre jusqu'au 27 octobre 1961 pour y entrer.
Affirmation du pouvoir et difficultés internes
L'année 1961 voit des mutations importantes dans l'organisation politique et l'affermissement du pouvoir de Moktar Ould Daddah. Ce dernier cherche à rendre plus cohérent un régime qui a pour mission de construire un État-nation. Il est donc nécessaire de réduire les dissensions et d'affaiblir les forces centrifuges, notamment celles des chefferies. Rompre avec le modèle français (multipartite et parlementaire) est aussi une manière d'affirmer la personnalité propre du pays. Une nouvelle Constitution est alors adoptée en mai 1961. De type présidentiel, elle permet au chef de l'État d'être également le chef du gouvernement et de prendre des décisions d'ordre législatif avec l'Assemblée. C'est sur cette base constitutionnelle que Moktar Ould Daddah est élu président de la République le 20 août 1961. Fort de ses pouvoirs renforcés, il lance le processus politique pour le monopartisme. En décembre 1961, le Congrès de l'unité aboutit à la formation d'un nouveau parti, le Parti du peuple mauritanien (P.P.M.) et, en octobre 1963, la Conférence des cadres du P.P.M. prend la décision de promouvoir le monopartisme. Finalement, la révision constitutionnelle de janvier 1965 fait du P.P.M. un parti unique. La conception unitaire du pouvoir défendue par Moktar Ould Daddah est justifiée par la lutte contre les particularismes, la volonté d'unité nationale et d'efficacité économique pour mettre en œuvre le développement. Cette concentration des pouvoirs ne permet pourtant pas de résoudre les problèmes de l'hétérogénéité culturelle, du racisme latent, des tensions sociales et économiques, et de la course au pouvoir teintée de tribalisme.
L'antagonisme entre les groupes arabo-berbère et négro-africain se révèle de nouveau en janvier 1965, lorsque l'arabe devient, par décret, la langue obligatoire de l'enseignement. Le mécontentement des populations noires qui se sentent marginalisées commence alors à s'exprimer, notamment à l'occasion des élections législatives de mai (liste unique du P.P.M.). Francophones plus qu'arabophones, les Négro-Mauritaniens se voient écartés des postes administratifs les plus élevés. Lorsque, en janvier 1966, la loi sur l'arabisation entre en vigueur, des élèves noirs se mettent en grève, soutenus par certains hauts fonctionnaires, pour accuser le régime de vouloir arabiser la Mauritanie. Des heurts violents ont lieu à Nouakchott. Moktar Ould Daddah fait alors preuve d'une grande habileté politique pour désamorcer la crise. Il lance une campagne de communication nationale insistant sur l'unité de la nation et l'intérêt du bilinguisme, et impose deux remaniements ministériels qui écartent ses anciens alliés pro-arabes aux profits de techniciens modérés. Moktar Ould Daddah est réélu président le 7 août 1966. Il fait adopter le bilinguisme, et l'arabe devient, en mars 1968, la seconde langue officielle de la Mauritanie (avec le français).
La contestation reprend, cependant, avec l'opposition de gauche, dont l'influence grandit avec la grève de la Société des mines de fer de Mauritanie (Miferma) en 1968. Moteur du développement et de l'extraversion de l'économie, elle est le symbole des industries d'extraction (fer de Zouerate, cuivre d'Akjoujt et de Guelb Moghrein) sur lesquelles le régime fonde le décollage et la diversification de l'économie. Mais la Miferma repose sur des capitaux internationaux, en particulier français, la Mauritanie perçoit seulement les royalties issues de l'exploitation du minerai. Ce néo-colonialisme est montré du doigt par une opposition marxiste qui soutient la grève des mineurs. Face à l'élargissement du mouvement, Moktar Ould Daddah réprime durement la grève et contre-attaque avec une série de mesures économiques : en juin 1973, il met en circulation l'ouguiya, la nouvelle monnaie nationale et, en novembre 1974, la Miferma est nationalisée. Dans le même temps, les accords de coopération avec la France sont révisés, et le rapprochement avec les pays du Tiers-Monde, les États non alignés notamment, est accéléré. Ould Daddah garde ainsi son prestige de leader « tiers-mondiste », tandis qu'il attire au pouvoir des membres de l'opposition. En 1975, la contestation, organisée essentiellement autour du Mouvement national démocratique (M.N.D., opposition marxiste), est récupérée par le pouvoir avec l'entrée de la majorité de ce mouvement au sein du P.P.M. Leader charismatique, social et modéré, garant de l'unité et du développement du pays, Moktar Ould Daddah est alors à l'apogée de son pouvoir. Son habileté politique et la longévité de son régime paraissent être les gages de la réussite de la modernisation de la Mauritanie.
Le conflit du Sahara occidental
Néanmoins, les vieilles convoitises territoriales sont à l'origine d'une rapide déstabilisation du pouvoir. Dès 1957, Moktar Ould Daddah évoquait les similitudes culturelles et géographiques avec les territoires sahariens espagnols, et pensait à une fusion de ceux-ci avec la Mauritanie. Mais, par la résolution 1154 du 4 décembre 1960 de l'O.N.U., le Sahara espagnol figure sur la liste des pays colonisés pouvant accéder à l'indépendance. Le 16 décembre 1965, la résolution 2072 demande à l'Espagne de se retirer du territoire et, en décembre 1966, la résolution 2229 des Nations unies appelle cette dernière à organiser un référendum sur le droit à l'autodétermination de la population du territoire. Cependant, le Maroc, l'Algérie et la Mauritanie dévoilent des intérêts divergents. La création du Front Polisario (Front populaire pour la libération de la Saguia el-Hamra et du Rio de Oro), constitué de militants nationalistes, en mai 1973, et le déclenchement de la lutte armée des Sahraouis contre l'Espagne pour accéder à l'indépendance, n'empêche pas que, en 1974, le Maroc et la Mauritanie signent des accords secrets pour le partage du Sahara occidental. L'O.N.U., de son côté, vote pour un arbitrage par la Cour internationale de justice de La Haye, qui rend son rapport, le 16 octobre 1975, en faveur de l'indépendance du Sahara. Mais le roi Hassan II du Maroc refuse et lance la Marche verte, au cours de laquelle 350 000 Marocains sans armes pénètrent au Sahara occidental. L'Espagne, prise de court, est obligée de négocier. Le 14 novembre 1975, elle signe avec le Maroc et la Mauritanie les accords (tripartites) de Madrid prévoyant qu'au fur et à mesure du retrait des forces espagnoles, les armées marocaine et mauritanienne prennent le contrôle du territoire sahraoui. Malgré l'opposition de l'Algérie et la proclamation, par le Front Polisario, le 27 février 1976, de la création de la République arabe sahraouie démocratique (R.A.S.D.), une convention de frontière commune est signée le 14 avril 1976 entre le Maroc et la Mauritanie. En rupture diplomatique avec l'Algérie qui soutient le Front Polisario, Nouakchott doit administrer le sud du Sahara occidental tout en faisant face à la guérilla des Sahraouis. Un commando sahraoui réussit à attaquer Nouakchott en juin 1976, et un autre raid atteint Zouerate en mai 1977, obligeant la Mauritanie à demander la protection des forces marocaines. La stratégie du Polisario consiste à porter des coups aux forces économiques du pays. Il mène des attaques contre les centres d'extraction et le train d'évacuation du minerai de fer afin de ralentir les exportations, tandis que les dépenses militaires de l'État vident rapidement les caisses du Trésor public. La Mauritanie est obligée de demander l'aide des pays arabes, ainsi que l'aide militaire et logistique de la France. Enfin, le 13 mai 1977, la Mauritanie doit signer une convention d'assistance mutuelle de défense avec le Maroc.
Le conflit engendre rapidement le mécontentement des populations face aux difficultés économiques et politiques, aggravées par les épisodes de sécheresse des années 1970. Le pays doit faire appel à l'aide internationale pour combler son déficit alimentaire, il connaît une inflation dépassant 30 % et voit sa dette extérieure quadrupler, l'obligeant à entamer des négociations pour revenir dans la zone franc. Ce rapprochement avec la France et les États arabes, la présence toujours accrue du Maroc et de ses soldats, y compris sur le territoire même de la Mauritanie, et la rupture avec l'Algérie sont rejetés par les Mauritaniens qui ne comprennent pas cette guerre menée contre les Sahraouis (proches culturellement). Certains groupes du nord vont même jusqu'à les soutenir, accentuant les divisions internes. Les jeunes progressistes critiquent les nouvelles alliances, les milieux d'affaires sont effrayés par les difficultés économiques, les militaires désapprouvent la conduite hasardeuse des opérations armées. De plus en plus isolé, le président convoque un congrès extraordinaire du P.P.M. en janvier 1978 pour tenter de reprendre en main la situation, en vain. Le 10 juillet 1978, Moktar Ould Daddah est renversé par un coup d'État dirigé par un Comité militaire de redressement national (C.M.R.N.).
L'armée au pouvoir
Avec la chute de Moktar Ould Daddah et la mainmise des militaires sur le pouvoir, la Mauritanie entre dans une période d'incertitude et d'instabilité. Les putschs faisant se succéder rapidement les chefs d'État et les pouvoirs autoritaires entraînent des luttes de clans politiques et tribaux, des tensions sociales et ethniques. Malgré une timide tentative de démocratisation sous le gouvernement du colonel Ould Taya (1984-2005), l'armée n'arrive pas à sortir le pays du marasme.
Coups d'État et déséquilibres
Dès son arrivée au pouvoir, le C.M.R.N. suspend la Constitution et dissout le Parlement et le P.P.M. Le colonel Moustafa Ould Mohamed Salek est nommé président. Le nouveau gouvernement, qui rassemble conservateurs et technocrates, affiche sa volonté de mettre fin au conflit du Sahara occidental, de redresser l'économie et de remettre de l'ordre dans l'État.
Très rapidement, le Front Polisario proclame unilatéralement un cessez-le-feu. Mais le nouveau régime militaire ne peut abandonner l'alliance avec le Maroc, dont l'armée est toujours présente sur le territoire, au profit du Front Polisario et de l'Algérie. La « question sahraouie » commence à créer des dissensions au sein de la junte jusqu'à ce que Salek décide de concentrer tous les pouvoirs entre ses mains. Le statu quo sur le Sahara occidental ne l'empêche pas d'être confronté à des difficultés croissantes, comme l'hostilité de la France face à une situation économique difficile, et l'aggravation des rivalités communautaires. Les Négro-Mauritaniens s'inquiètent de la domination des Maures, et commencent à évoquer la sécession du sud. Le colonel Salek, de plus en plus isolé, est écarté du pouvoir le 6 avril 1979 par un pronunciamiento.
La nouvelle faction militaire, pro-marocaine, transforme le C.M.R.N. en Comité militaire de salut national (C.M.S.N.), et promeut une nouvelle charte constitutionnelle. L'autorité politique est attribuée au Premier ministre, tout d'abord le lieutenant-colonel Ahmed Ould Bouceif (ancien vice-président du C.M.R.N.), puis, à partir du 31 mai 1979, à Mohamed Khouna Ould Haidallah. Le lieutenant-colonel Mohamed Mahmoud Ould Louly devient président en juin.
Le colonel Haidallah, chef de la junte, engage des pourparlers de paix avec le Polisario. La Mauritanie signe, à Alger, des accords de paix « séparée et définitive » avec le Front Polisario, le 5 août 1979. Elle se retire des territoires du sud du Sahara occidental, qui sont immédiatement occupés par le Maroc. Le colonel Ould Haidallah devient président, et concentre tous les pouvoirs entre ses mains le 4 janvier 1980.
Au cours des quatre ans du régime d'Ould Haidallah, la Mauritanie ne connaît pas la stabilité. Bien que les partis ne soient pas officiellement autorisés, ils s'organisent dans une semi-clandestinité. D'un côté, il y a les partisans du Baath (ou Baas) soutenus par l'Irak, et les nationalistes arabes pro-nassériens (plus influencés par le socialisme) ; de l'autre côté, les Forces de libération des Africains de Mauritanie (F.L.A.M.), créées en 1983 pour contrer l'arabisation et le pouvoir majoritaire des Maures, et le mouvement el-Hor (L'Homme libre), composé de Harratines voulant s'affranchir de leurs maîtres. D'autres mouvements qui transcendent les communautés, le M.N.D. ou l'Alliance pour une Mauritanie démocratique (A.M.D.), prennent également position dans l'opposition. D'autres fractures d'origine ethnique contribuent à la division du pays. Les solidarités régionales et de groupes s'accentuent et se retrouvent au niveau de l'État où elles servent de base aux factions. Cette situation complexe génère de nombreuses tentatives de putsch, dont celle qui est menée le 16 mars 1981 par les colonels Bah Ould Abdel Kader et Ahmed Salem Ould Sidi, soutenus par le Maroc et l'A.M.D. pro-marocaine. En février 1982, ce sont les baassistes pro-irakiens qui tentent un putsch, réprimé lui aussi. Pour contrer cet activisme, l'autoritarisme du pouvoir s'accentue : les libertés publiques sont bafouées, les opposants subissent arrestations arbitraires et tortures.
En février 1984, le président Haidallah reconnaît la R.A.S.D. Un traité de fraternité est signé avec l'Algérie et la Tunisie, et la Mauritanie adhère au groupe des partisans du Polisario. Le régime trouve ainsi des appuis extérieurs, mais rencontre de nouvelles difficultés. Le Maroc, suivi par la Libye, réaffirme son hostilité, et le Sénégal s'inquiète du rapprochement de la Mauritanie avec le Maghreb. Au sein du C.M.S.N., Haidallah est accusé de compromettre la politique d'équilibre à propos du Sahara occidental, alors que le pouvoir est déjà incriminé pour corruption et mauvaise gestion. Le 12 décembre 1984, alors qu'il assiste au onzième sommet franco-africain de Bujumbura, le colonel Haidallah est renversé par son chef d'état-major, le colonel Maaouya Ould Sid Ahmed Taya.
Le colonel Ould Taya ou la « démocratie autoritaire »
Maaouya Ould Sid Ould Taya appartient aussi au sérail militaire, mais les premières mesures qu'il prend, libération des prisonniers politiques et promesse d'un pouvoir plus ouvert, font bonne impression. La sortie du conflit saharien, la relative détente avec les pays maghrébins lui permettent de rétablir l'économie du pays et de remettre de l'ordre dans l'État. De fait, les deux premières années de son pouvoir se caractérisent par une amorce de démocratisation. Pour la première fois en Mauritanie, des élections municipales sont organisées en 1986, et des réformes libérales permettent de renouer avec les institutions financières internationales. Mais les conflits demeurent entre les arabo-berbères qui concentrent l'essentiel du pouvoir et la communauté négro-mauritanienne. Cette dernière s'est rapprochée des Harratines car, bien que l'esclavage ait été aboli en juillet 1980, les mentalités n'ont guère changé. De plus, les grands épisodes de sécheresse des années 1970 et 1980, ont décimé les troupeaux des nomades. Maures et Harratines dépendants se sont donc réfugiés dans les villes du sud et dans la vallée du fleuve Sénégal, occasionnant des heurts avec les populations noires et des litiges fonciers. Ces tensions se sont aggravées avec la réforme foncière de 1983, qui permet le rachat des terres par les Maures, et la constitution des F.L.A.M. la même année. Elles prennent une nouvelle dimension en 1986, lorsque les F.L.A.M. publient un « Manifeste du Négro-Mauritanien opprimé », accusant le régime d'apartheid. La crise éclate en 1989. En avril, une rixe entre paysans sénégalais et pasteurs peuls mauritaniens dégénère en conflit frontalier. Des émeutes anti-mauritaniennes et anti-sénégalaises éclatent à Dakar et à Nouakchott du 20 au 29 avril. La police et l'armée mauritaniennes répriment toutes les personnes suspectées de « sénégalité » – les Noirs étant assimilés aux Sénégalais et les Blancs aux Mauritaniens –, causant plusieurs centaines de morts et provoquant la fuite vers le Sénégal et le Mali de plusieurs milliers de Négro-Mauritaniens. En représailles, des centaines de Maures installés au Sénégal sont chassés de ce pays. On dénombre environ 300 000 réfugiés. En août 1989, les relations diplomatiques sont rompues entre Dakar et Nouakchott, tandis que le pouvoir, jouant la carte arabe, lance une vaste répression contre les Négro-Mauritaniens. L'armée, la police et l'administration font l'objet d'une vaste épuration des cadres et des officiers noirs. Cette crise a également d'importantes répercussions économiques puisque les Sénégalais et Négro-Mauritaniens assuraient une grande partie de la production agricole de la vallée du fleuve Sénégal, et le budget de l'État peine à réinsérer les centaines de Mauritaniens réfugiés. Il faut attendre le 2 mai 1992 pour que la frontière soit de nouveau ouverte entre le Sénégal et la Mauritanie, sans toutefois que disparaissent les ressentiments entre communautés.
Néanmoins, en 1991 a lieu une nouvelle ouverture démocratique. Celle-ci trouve, en partie, son origine dans la guerre du Golfe. La Mauritanie qui, au début des hostilités, prend parti pour l'Irak, doit faire face à la fin des aides financières des pays arabes et aux tensions avec les pays producteurs de pétrole. Incapable de respecter ses engagements auprès du F.M.I. et de la Banque mondiale, la Mauritanie voit ses prêts suspendus. Acculée, elle se rapproche des pays occidentaux et de la France. Sous la pression concomitante de l'opinion publique et des pressions françaises, le colonel Ould Taya réengage le processus de démocratisation. Une nouvelle Constitution, qui instaure un régime présidentiel, est adoptée par référendum le 12 juillet 1991 (l'article 6 affirme que seul l'arabe est langue officielle). Le 25 juillet, la liberté de la presse est rétablie et le multipartisme autorisé. De nombreux mouvements se créent, malgré une bipolarisation de fait entre le Parti républicain démocrate et social (P.R.D.S.), soutien du pouvoir, et l'Union des forces démocratiques (U.F.D.), dirigé par Ahmed Ould Daddah, demi-frère de Moktar Ould Daddah et qui regroupe le M.N.D., El Hor, l'Alliance populaire pour le progrès (nassériens), l'Union populaire socialiste et démocratique (nationalistes maures) ou encore les baassistes de l'Attaliaa (Avant-Garde nationale, pro-irakien). Cette bipolarisation se retrouve lors de l'élection présidentielle du 24 janvier 1992, à l'issue de laquelle Maaouya Ould Taya est élu avec 62,65 % des suffrages, face à Ahmed Ould Daddah (32,75 %).
L'U.F.D. conteste les résultats en dénonçant une fraude électorale. De fait, le P.R.D.S. bénéficie du soutien et des finances de l'État, des cadeaux sont octroyés aux notables (on parle de « démocratie Toyota »). Face à cette situation, l'opposition appelle au boycott des élections législatives de mars 1992 : le P.R.D.S. obtient une écrasante majorité à l'Assemblée et au Sénat, et se voit accusé de devenir le nouveau parti unique. Néanmoins, le C.M.S.N. est dissous le 18 avril et Sidi Mohamed Ould Boubacar, nommé Premier ministre, engage le pays dans une normalisation apparente. Sur le plan diplomatique, la Mauritanie renoue avec la France (visite officielle du président Ould Taya en décembre 1993 et, en retour, celle du président Jacques Chirac à Nouakchott en septembre 1997). La reprise des relations, en 1992, avec le Sénégal permet, par ailleurs, de régler la question négro-mauritanienne. Le pouvoir libère 2 500 prisonniers, et une loi d'amnistie est votée en mai 1993. Les réfugiés sont encouragés à revenir, notamment par des indemnités. Enfin, la Mauritanie renoue avec ses voisins sahéliens, en établissant des liens avec le Mali et le Burkina Faso, rééquilibrant ainsi ses relations entre le Maghreb et l'Afrique subsaharienne. Réintégrant l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (créé en 1972), elle s'engage avec les autres pays riverains dans l'exploitation du barrage de Manantali. Sur le plan économique, les réformes structurelles entreprises lui permettent de renouer avec le F.M.I. En échange de l'appui de ce dernier et de la Banque mondiale, à travers plusieurs plans d'ajustement structurel, la Mauritanie accepte de dévaluer l'ouguiya.
Cette relative stabilité dure peu. Dès la fin des années 1990, les tensions réapparaissent, notamment sur le plan politique, entre les tentations autoritaires du pouvoir et l'opposition. En octobre 1995, les baassistes d'Attalia sont arrêtés, le mouvement dissous, et l'ambassadeur d'Irak expulsé. En octobre 1996, l'opposition cherche à se structurer face au déroulement des élections législatives et à la nouvelle victoire du P.R.D.S. L'U.F.D. et Action pour le changement (A.C., Harratines), créé en 1995, créent un Front uni. Ils décident, pour protester contre la « farce électorale », de boycotter l'élection présidentielle de décembre 1997. Le président Ould Taya est réélu, avec 90 % des suffrages. La nouvelle dérive autoritaire est dénoncée autant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Le pouvoir mauritanien interrompt la coopération militaire avec Paris – en protestation de l'arrestation, en juillet 1999, en France, du capitaine Ely Ould Dah, inculpé de torture et de mauvais traitements sur les prisonniers politiques – et décide l'instauration d'un visa d'entrée pour les ressortissants français. L'intimidation politique se poursuit en octobre 2000, avec la dissolution de l'U.F.D. et, en janvier 2002, celle de l'A.C., tandis que les baassistes du Parti du renouveau national (P.R.N., créé en août 2001 après la dissolution d'Attaliaa) sont à nouveau inquiétés et ses dirigeants arrêtés. Le pouvoir est, par ailleurs, de plus en plus clanique, regroupant autour du chef de l'État la majorité de ses réseaux lignagers, au détriment des autres composantes ethniques. Le mécontentement monte, d'autant qu'après la rupture avec l'Irak, en 1995, le pouvoir s'aligne sur la politique américaine, et que les tensions resurgissent avec le Sénégal. C'est dans ce contexte que l'opposition, désabusée, assiste à la nouvelle victoire du P.R.D.S. aux élections législatives du 26 octobre 2001.
Cette situation est, sans doute, à l'origine de la tentative de coup d'État du 8 juin 2003, fomentée par des proches des courants nationalistes arabes ou nassériens. Mais elle s'inscrit également dans la lutte des clans familiaux et des rivalités régionales, la majorité des acteurs de ce putsch, conduits par Mohamed Ould Cheikhna, étant des Maures originaires de l'Est, alors que le président Ould Taya et son entourage sont issus de la province d'Atâr dans le centre-nord. Ce putsch est déjoué le 9 juin, après de violents combats. Deux cents militaires sont arrêtés, mais sept d'entre eux réussissent à s'échapper, dont le commandant Saleh Ould Hanana, qui fonde avec Mohamed Ould Cheikhna un mouvement d'opposition armé, les « Cavaliers du changement », qui appelle ouvertement, dès septembre 2003, à un soulèvement de l'armée contre le régime d'Ould Taya. C'est donc dans un climat de tension extrême que se déroule l'élection présidentielle de novembre 2003. L'opposition ne la boycotte cependant pas, et Ahmed Ould Daddah se présente à nouveau contre Ould Taya, sous le sigle du Rassemblement des forces démocratiques (R.F.D., créé en juillet 2001 après la dissolution de l'U.F.D.). D'autres candidats indépendants ou de l'opposition se présentent également, tels Mohamed Khouna Ould Haidalla ou Messaoud Ould Belkheir. Le président sortant remporte l'élection dès le premier tour avec 67 % des voix, Ould Haidalla, arrivé deuxième, n'en obtient que 18,73 %. Ce dernier avait été arrêté avant le scrutin, puis libéré pour voter et arrêté de nouveau le lendemain des élections. Cette affaire renforce les accusations multiples de fraudes et la réclamation, par l'opposition, de l'annulation des élections. Dans ce contexte ont lieu de nombreuses tentatives de coup d'État et les procès se succèdent.
Finalement, le 3 août 2005, alors que Maaouya Ould Taya assiste aux obsèques du roi Fahd à Riyad, un groupe d'officiers mené par le colonel Ely Ould Mohamed Vall prend, sans violence, le pouvoir à Nouakchott.
Vers la démocratisation
Ould Vall, « le putschiste tranquille »
Le nouvel homme fort de la Mauritanie, Ely Ould Mohamed Vall, avait participé au coup d'État de 1984, il était membre du Comité militaire de redressement national, directeur de la Sûreté nationale depuis 1985, et il organisait un putsch avec des soldats issus pour la plupart de la garde présidentielle. Il n'apparaît donc pas, a priori, comme le meilleur garant du changement. Pourtant, des manifestations spontanées de joie rassemblant des centaines de personnes à Nouakchott accompagnent sa prise de pouvoir. En outre, la nouvelle junte annonce le jour même du putsch qu'elle s'engage à créer les conditions favorables d'un « jeu démocratique ouvert et transparent sur lequel la société civile et les acteurs politiques auraient à se prononcer librement » et qu'elle « n'entend pas exercer le pouvoir au-delà d'une période de deux ans, jugée indispensable pour la préparation et la mise en place de véritables institutions démocratiques ». Cependant, la méfiance persiste et la communauté internationale condamne avec vigueur et unanimité ce nouveau régime établi par la force. Face aux nombreuses critiques, le nouveau Conseil militaire pour la justice et la démocratie (C.M.J.D.) tente de rassurer. Il annonce l'organisation d'un référendum pour adopter une nouvelle Constitution devant mettre en place un mandat présidentiel renouvelable une seule fois, et des mécanismes juridiques pour empêcher les futurs présidents de changer la Loi fondamentale. Les militaires du C.M.J.D. précisent aussi qu'ils ne pourront être candidats aux futures élections, tout en prenant contact avec les partis politiques, la société civile, la presse, les syndicats. Le colonel Vall n'instaure pas de couvre-feu, il reçoit dès le 5 août les ambassadeurs des États-Unis et d'Israël pour leur assurer qu'il ne changera pas l'alignement international de la Mauritanie, et il envoie des messages positifs au Sénégal et au Maroc. Afin de garantir la transparence des élections prévues (municipales, législatives et présidentielle), une Commission électorale nationale et indépendante est créée, composée de quinze membres, tous nommés en concertation avec l'ensemble des partis et des organisations de la société civile. La parole se libère aussi sur les ondes de la télévision nationale, et les radios étrangères peuvent à nouveau être écoutées.
Finalement, le 25 juin 2006, soit moins d'un an après le putsch militaire, les Mauritaniens approuvent, à 97 %, la nouvelle Constitution. Le colonel Ould Vall rappelle son engagement de remettre le pouvoir aux civils à l'issue de l'élection présidentielle prévue en 2007 et gagne son surnom de « putschiste tranquille ».
La transition démocratique
Le 3 décembre 2006, la population mauritanienne est de nouveau appelée aux urnes pour les élections législatives. L'ancienne opposition fait une entrée en force à l'Assemblée, avec 41 sièges (dont 4 pour les islamistes) sur 95, alors que le P.R.D.S. ne remporte que sept sièges. Pour la première fois, les campagnes des candidats axées sur des programmes tribalistes, ou tentant de jouer la carte de l'opposition Maures - Négro-Mauritaniens n'ont pas mobilisé. De plus, des personnalités influentes ont été battues, alors que certains élus sont issus des classes pauvres ou laborieuses. Des femmes ont même été élues, grâce à l'instauration d'un quota par la junte militaire.
Enfin, le 25 mars 2007, en avance sur le calendrier annoncé par les militaires se tient le second tour de l'élection présidentielle. Un candidat « indépendant », ancien ministre de l'Hydraulique puis des Pêches sous le régime de Ould Taya tombé en disgrâce et exilé au Niger, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, se présente contre Ahmed Ould Daddah. À l'issue de la consultation, qualifiée d'« honnête » par les observateurs internationaux, Sidi Ould Cheikh Abdallahi l'emporte avec près de 53 % des suffrages. Le nouveau président, le premier à être démocratiquement élu, n'a jamais adhéré à un parti et s'est présenté comme un candidat du rassemblement. Sa victoire a été assurée par le ralliement, entre les deux tours, de Messaoud Ould Boulkheir, candidat des Harratines.
Toutefois, dix-huit mois plus tard, le président Abdallahi est renversé par des militaires. La junte au pouvoir, présidée par Mohamed Ould Abdel Aziz , installe alors un gouvernement civil de transition et annonce l’organisation d’une élection présidentielle. Des négociations sont engagées entre les parties, sous l’égide du Sénégal et de l’Union africaine ; elles aboutissent à la signature, le 4 juin 2009, de l’accord de Dakar qui prévoit l’organisation d’un scrutin présidentiel pluraliste. Tenu le 18 juin 2009, celui-ci voit la victoire dès le premier tour d’Abdel Aziz. Les priorités du nouveau gouvernement sont la relance du développement économique après plus d’un an sans aide internationale, le combat contre le terrorisme d’Al-Qaida au Maghreb islamique qui sévit dans le pays et la lutte contre l’insécurité alimentaire.
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Écrit par
- Jean-Louis BALANS : maître assistant à l'Institut d'études politiques de Bordeaux
- Pierre BOILLEY : professeur d'histoire contemporaine de l'Afrique, université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, directeur du C.E.M.A.F. (Centre d'études des mondes africains, U.M.R. 8171)
- François BOST : agrégé de géographie, maître de conférences à l'université Paris-X-Nanterre
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Autres références
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