STILLER MAURITZ (1883-1928)
Contemporain, collaborateur et émule de Sjöström, qu'il dirigea comme metteur en scène, Stiller forma avec celui-ci le duo créateur de l'école suédoise de cinéma. D'origine judéo-russe, il était d'une santé délicate et d'une vive sensibilité, moins profonde peut-être que celle de Sjöström, mais aussi plus diverse. Cela explique la place de la comédie, qu'on tend trop à minimiser dans son œuvre. Elle lui permet de s'exprimer sans contrainte et non sans audace : il pratique le burlesque, la satire plaisante, la comédie américaine ou de boulevard, et ne craint pas d'aborder ouvertement l'homosexualité dans Les Ailes (Vingarna, 1916), ni de professer l'amoralisme dans le très actuel Erotikon (1920). C'est une verve « au champagne » qui fait le charme d'Amour et journalisme (Kärlek och journalistik, 1916). Plus poétique, Wolo (Ballett primadonnan, 1916) lui donne l'occasion d'exercer sa virtuosité plastique, qui est la qualité majeure des drames qui l'ont rendu célèbre.
Le style épique de Griffith, l'utilisation à la fois lyrique et psychologique du paysage par Thomas Ince et par Sjöström ont certes influencé Stiller. Dans les remous (Sången om den eldröda blomman, 1918), d'après le roman du Finlandais Linnankoski, Le Trésor d'Arne (Herr Arnes Peningar, 1919), Le Vieux Manoir (Gunnar Hedes Saga, 1922), et la Gösta Berlings Saga (1924), tous trois inspirés de Selma Lagerlöf, témoignent d'un style authentique et personnel bien que soient repris les apports essentiels de Sjöström : l'alliage contrapuntique du mysticisme avec le réalisme, l'approfondissement du folklore national par le sens du mystère des êtres, un moralisme naïf et puritain, enfin la maîtrise de la composition picturale, et cet art de la lumière qui nous ont valu quelques-unes des séquences les plus exemplaires du cinéma muet.
Dans Gösta Berling apparaissait Greta Garbo, que Stiller mena vers la gloire.
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Écrit par
- Hubert HARDT : professeur honoraire, critique de cinéma
Classification
Média
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