CATTELAN MAURIZIO (1960- )

La provocation

En 1999, Maurizio Cattelan organise la biennale des Caraïbes avec le critique d'art Jens Hoffmann. À partir de fonds privés, onze artistes et quelques professionnels triés sur le volets furent invités à passer une semaine de détente sur une île paradisiaque. Cette expérience, qui ne donna lieu à aucune production d'œuvre, fut qualifiée d'« exposition » et dûment répercutée par des moyens de communication « sérieux ». Ce type de comportement s'apparente autant à une distance critique envers le système de l'art qu'à une attitude potache extrêmement déstabilisante. « J'essaie d'être un clandestin dans toutes mes activités » reconnaît Maurizio Cattelan.

Il aime tester l'élasticité de l'art, la provocation servant bien davantage de moyen que de finalité. Ainsi, en 2001, pendant la biennale de Venise, il dispose au sommet d'une décharge publique de Palerme les fameuses lettres « HOLLYWOOD » reproduites à la même échelle que celles qu'on voit sur la colline dominant Los Angeles. Pour cet autodidacte, la mise à mal des icônes et des croyances contemporaines demeure un champ privilégié et inépuisable. « Je vois que l'art possède un grand potentiel à s'étendre jusqu'à de plus larges débats, à sortir de son domaine et toucher un plus grand public. Et si mon travail ne peut pas le faire, alors, il ne sert à rien. » Pourtant, Cattelan ne donne jamais d'explications charpentées à ses gestes iconoclastes quasi punitifs. Il va même jusqu'à privilégier une douce image d'idiot du village, toujours en retrait de l'exercice public narcissique. Son irrévérence est certainement celle-ci. Et de montrer au final que « la réalité est beaucoup plus provocatrice que [son] travail ».

Lors de la rétrospective All, organisée au musée Guggenheim de New York en 2011, Maurizio Cattelan présente ses œuvres suspendues dans l'espace central du musée.