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BOLOGNINI MAURO (1922-2001)

Mauro Bolognini est né à Pistoia en 1922. Après des études d'architecture, il s'oriente vers le cinéma en suivant la voie traditionnelle de l'assistanat, en France et en Italie. Il débute en 1953 avec Ci troviamo in galleria, une comédie, genre alors très en vogue. Fort de ce succès modeste qui lui confère la confiance des producteurs, Mauro Bolognini va se spécialiser un temps dans des comédies qui paraissent bien éloignées des films qui feront plus tard sa renommée. Pourtant, on décèle une amertume sous-jacente dès Guardia, guardiascelta, brigadiere e maresciallo (1956) ou le très rageur Arrangiatevi (1959). Les films qu'il consacre à la jeunesse (Les Amoureux, GliInnamorati, 1955 ; Les Jeunes Maris, GiovaniMariti, 1958) s'éloignent parfois du néo-réalisme rose pour se rehausser d'ombres intenses. Sur une comédie anodine comme Marisa la civetta(1957), il fait travailler Pasolini, qui va permettre le passage vers des films plus ambitieux mais que Bolognini, au fond, portait déjà en lui : Les Garçons (La Notte brava, 1959) d'après le roman de Pasolini, Ragazzi di vitaet Ça s'est passé à Rome (La Giornatabalorda, 1960) sont des versions acerbes des Amoureux ou des Jeunes Maris, et Le Bel Antonio (Il Bell'Antonio, 1960, d'après le roman de Vitaliano Brancati) traite en tragédie un sujet qu'un rien pourrait faire basculer vers la comédie.

Il fallait encore que Bolognini se sépare de Pasolini pour affirmer pleinement sa personnalité de cinéaste.

C'est ce qui se produit avec La Viaccia (1961), son premier film totalement personnel : malgré des moyens modestes, la Florence du début du siècle est recréée avec une attention méticuleuse et un sens pictural qui seront désormais la signature du cinéaste. Il n'en fallait pas plus pour que l'on parle d'un émule de Visconti qui, comme lui, se partage entre cinéma, théâtre et opéra. Bolognini est alors catalogué comme un petit maître. C'est ignorer que le « calligraphisme » est une composante essentielle de l'esthétique cinématographique italienne à laquelle Visconti et Bertolucci sacrifient régulièrement. Bolognini s'y réfère de manière obstinée : décors et costumes, d'une exactitude maniaque, emprisonnent mieux qu'un beau discours les personnages dans les conventions qui les entourent. Car, au fond, Bolognini ne parle que de cela : comment quitter l'habit social qui opprime. Dans Le Chevalier de Maupin(Madamigella di Maupin, 1966), une jeune fille quitte ses atours pour se cacher sous l'uniforme d'un soldat. Le curieux, personnel mais raté L'Assolutonaturale (1969) prône la nudité libératrice. Plus convaincants sont les falbalas froissés d'où surgit la nudité des protagonistes, dans Bubù de Montparnasse (Bubù, 1971), La Grande Bourgeoise (Fatti di gente perbene, 1974) ou L'Héritage (L'EreditaFerramonti, 1976). Cinéaste de la chair attristée et des fêtes crépusculaires, Bolognini sait comme personne cerner l'éclat factice du carnaval : fêtards moroses ou assassins hantent les bordels (La Viaccia) aussi bien que les asiles psychiatriques (Vertiges, Per le antichescale, 1975). Ces films constituent un ensemble d'une grande cohérence et ce n'est que dans ses dernières adaptations télévisées (La Dame aux camélias, 1980 ; La Chartreuse de Parme, 1982), que le metteur en scène succombe à l'esthétisme creux qui lui a été si souvent reproché.

Par ailleurs, Bolognini traite avec sensibilité des sujets sociaux ou contemporains qui le préoccupent comme dans Ce merveilleux automne (Un bellissimo novembre, 1968), Metello (1970) et Libera mon amour (Libera amoremio, 1973) ; les notations sociales abondent et enrichissent les magnifiques portraits de femme où le cinéaste affirme son aisance avec les actrices (Gina Lollobrigida, Lucia Bosè, Claudia Cardinale).[...]

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Écrit par

  • : historien du cinéma, professeur émérite, université de Caen-Normandie, membre du comité de rédaction de la revue Positif

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