MAURYA
Influences étrangères
La ville de Śiśupālgaṛh en Orissa, peut-être fondée au iiie siècle avant notre ère, présente un aspect très différent de ces villes purement indiennes. Elle a été à peine fouillée, mais son plan carré, ses entrées monumentales, le soin apporté à la construction du rempart de terre et de latérite, représentent une telle rupture avec l'urbanisme de l'Inde ancienne que l'on y suppose à bon droit l'influence d'architectes grecs, attirés en Inde par la puissance des Maurya.
En 1912 furent dégagés à Patna les restes d'un édifice que beaucoup considèrent comme le palais de Candragupta et qui consiste en une grande salle hypostyle, comportant plus de quatre-vingts colonnes de grès poli, hautes de 6 à 7 mètres. Ce plan évoque immédiatement celui de la salle d'audience de Darius à Persépolis. Sur le même emplacement avait été découvert un chapiteau à volutes, dont la forme rappelle celle de certains chapiteaux de Persépolis, décoré de rosettes semblables également à celles de Persépolis, mais aussi de palmettes qui évoquent davantage l'art hellénistique. On ne connaît pas en Inde de restes plus anciens d'une grande architecture en pierre de taille. L'introduction en Inde de ces techniques et de ces modèles procède incontestablement, de la part des souverains maurya, d'une volonté politique : celle d'élever, à l'imitation des grandes puissances passées (Achéménides) ou contemporaines (royaumes séleucide et bactrien), des monuments dignes de leur puissance. Pour ce faire, les Maurya attirèrent à leur service des artistes et des artisans perses, sans travail depuis la chute des Achéménides, et, grâce aux relations suivies qu'ils entretenaient avec l'Orient hellénistique, des artistes grecs ou hellénisés. La difficulté est dès lors de démêler ce qui, dans l'art maurya, appartient en propre à l'Inde, à la Perse, et à la Grèce.
Ainsi les grottes artificielles de Barābar et Nāgārjuni, au sud de Patna, imitent clairement par leurs volumes les huttes de bois des ascètes indiens. La façade de la plus belle d'entre elles, la grotte de Lomaśa Rṣi, est la transcription en pierre d'une porte et d'une avancée de toit en bois. Les habitations troglodytes sont suffisamment répandues pour que l'on ne cherche pas l'origine de ce procédé dans les tombes achéménides, mais le poli des parois évoque celui des sculptures de Persépolis.
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Écrit par
- Gérard FUSSMAN : professeur au Collège de France
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