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BILL MAX (1908-1994)

Fortement influencé par le Bauhaus, sous-tendu par des concepts mathématiques, rationnels et des formes géométriques pures, l'univers artistique de Max Bill frappe par son unité. Sa carrière, commencée dès 1929, s'est accomplie dans tous les domaines de la création artistique et de la vie publique avec la même force. Max Bill a été simultanément peintre, sculpteur, architecte, typographe, designer, mais aussi théoricien, écrivain d'art, éditeur, conférencier, tout autant que professeur, chef d'établissement, organisateur d'expositions, sans oublier son action d'homme politique.

Vers un art rationnel

Max Bill est né à Winterthur (canton de Zurich). Sa vocation est précoce : après des études à la Kunstgewerbeschule de Zurich de 1924 à 1927, années au cours desquelles il se rend à l'Exposition des arts décoratifs à Paris et assiste à une conférence donnée par Le Corbusier à Zurich, Max Bill décide d'apprendre l'architecture. Il a dix-neuf ans quand il entre en 1927 au Bauhaus de Dessau. Jusqu'en 1929, il suit les enseignements d'Albers, de Schlemmer, de Klee, de Kandinsky, de Moholy-Nagy et de l'architecte Hannes Meyer, puis s'établit à Zurich, où il exerce la profession d'architecte, de typographe et de designer. Il poursuit ses contacts internationaux en se tournant vers Paris, où il rend visite à Mondrian en 1932 en compagnie de Jean Arp. Il adhère la même année au groupe Abstraction-Création, auquel il participera jusqu'à la fin, en 1936. Là, il y fait la connaissance de Georges Vantongerloo, avec lequel il entretiendra des relations continues et qui exercera une influence décisive sur son œuvre. Toutefois, il se montre aussi réceptif à l'art de Brancusi qu'à celui de Pevsner, ce dont témoignent les sculptures qu'il exécute dans les années 1930.

En 1937, Max Bill prend part aux activités de l'association Allianz, dont le but est de regrouper tous les artistes suisses modernes et de faire connaître leurs travaux par des expositions, des catalogues et des éditions. Il publie en 1938 le tome III de l'œuvre complet de Le Corbusier et édite la même année un album de gravures, Quinze Variations sur un même thème, imprimé chez Mourlot à Paris, qui marque véritablement son début dans l'utilisation de principes systématiques. Il peut alors dégager une théorie de toutes ces expériences : il l'intitule « art concret » en prenant appui sur les idées exprimées à Paris en 1930 par Théo Van Doesburg et introduite par Max Bill en 1936 lors de l'exposition « Problèmes actuels de la peinture et de la sculpture suisses » au Kunsthaus de Zurich. Pour lui, « concret est le contraire d'abstrait » : l'art figuratif est abstrait de la réalité, tandis que l'art non figuratif, qui est une pure création de l'esprit, devient concret par sa matérialisation, comme une chose existant dans la réalité. « En donnant forme à ces éléments, écrit l'artiste, on crée des réalités nouvelles qui n'existaient auparavant que dans l'esprit et qui sont rendues visibles sous forme concrète » ; et il ajoute : « L'art concret est pure expression de mesures et de lois harmonieuses. »

Max Bill sera amené à développer et à enrichir sa réflexion dans un texte de 1949, La Pensée mathématique dans l'art de notre temps. Pour contrôler tout le processus de la création et le rendre visible, il veut développer un art qui prenne appui sur les mathématiques, à l'instar de Georges Vantongerloo. Il cherche à créer un art rationnel et prétend remplacer l'imagination « par la conception mathématique » : sa sculpture Ruban sans fin (1935) est obtenue à partir de l'anneau de Möbius, cette surface sans fin à laquelle une torsade permet de se développer en trois dimensions et ouvre sur un sentiment[...]

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Écrit par

  • : directeur du musée d'Orsay
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