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DVOŘÁK MAX (1874-1921)

Né à Roudnice, en Tchécoslovaquie, Dvořák fait ses études à l'université de Vienne où il est l'élève de Riegl et de Wickhoff et où il est nommé à son tour titulaire de la chaire d'histoire de l'art. De l'enseignement de ses maîtres, il retient que l'histoire de l'art doit porter sur l'inventaire, l'analyse et la critique de toutes les œuvres. Nommé responsable du service d'État des Monuments historiques rattaché à son institut après sa nomination, il assure la direction de l'inventaire artistique de l'Autriche (Österreischiche Kunsttopographie) à partir de 1907, et dès 1905 celle du Jahrbuch der K.K. Zentralkommission für die Denkmalpflege (Annuaire de la Commission royale centrale pour les monuments historiques). Reprenant les thèses de Riegl, il se refuse à considérer les œuvres par rapport à des notions de progrès ou de régression.

On peut dire qu'avec Dvořák commence réellement la revalorisation méthodique de l'art gothique, en particulier des xive et xve siècles. Alors que les œuvres de ces époques étaient encore le plus souvent considérées comme de simples documents historiques (ainsi par Schnaase), Dvořák se propose de mettre à jour les « fondements spirituels de l'art médiéval » et de montrer que la conception médiévale du monde n'avait pas un effet négatif sur l'art. Bien au contraire, c'est dans l'art médiéval que se situent les racines d'un phénomène qui donne la mesure de ce que l'art moderne ne doit pas à l'héritage classique. Dvořák se sépare également des thèses de W. Worringer (Formprobleme der Gotik, 1912) sur l'existence d'une structure formelle liée à une structure ethnopsychologique, thèse qu'il considère comme simplificatrice de faits infiniment plus complexes.

Dès son origine, l'art gothique se caractérise par un conflit latent entre l'idéalisation, qui a ses racines dans la spiritualité chrétienne, et le naturalisme. C'est cette notion de naturalisme qui pousse Dvořák à étudier en 1901 les origines de la peinture de Bohême, à partir des enlumineurs de Jean de Neumarkt, le chancelier de l'empereur Charles IV. Les sources de ces œuvres se situent dans la peinture de Toscane où se manifeste au xive siècle une nouvelle conception de l'espace et de la nature.

Dans la seconde moitié du xive siècle, dans tout l'Occident chrétien, l'art traduit une nouvelle relation de l'homme à la nature et à l'art. La pratique artistique commence à se détacher des autres pratiques artisanales et à gagner une certaine autonomie. L'art devient un instrument au service d'une connaissance plus précise et plus nuancée de l'univers. En 1904, il publie son grand travail sur L'Énigme de l'art des frères Van Eyck (Das Rätsel der Kunst der Brüder Van Eyck) complété bientôt par Les Débuts de la peinture hollandaise (Die Anfänge der holländischen Malerei, 1908) et par Sur les antécédents historiques du romanisme néerlandais (Über die geschichtlichen Voraussetzungen des niederländischen Romanismus, 1920).

Le travail sur les Van Eyck, et plus particulièrement sur le retable de Gand, constitue la première approche critique et méthodique de l'art des anciens Pays-Bas. Avant d'étudier attentivement le corpus de leurs œuvres respectives, d'en discerner les qualités picturales particulières, Dvořák esquisse une magistrale fortune critique de ces peintres et trace ainsi les grandes lignes d'une histoire du goût en évoquant les liens qui l'unissent aux conditions historiques et psychologiques de son apparition. Puis il distingue nettement la manière de Hubert Van Eyck, le plus âgé des deux, plus traditionaliste, de celle de Jean chez lequel éclate clairement le conflit entre l'idéalisme et le naturalisme. Quant aux enluminures des [...]

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur au Collège de France

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