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ERNST MAX (1891-1976)

On a appelé Max Ernst le « Léonard du surréalisme ». Il ressemble en effet au grand Florentin par l'étendue de sa culture, par ses multiples intérêts (philosophiques, mathématiques, littéraires), comme par sa volonté de tout expérimenter, de tout connaître. Peintre, sculpteur, poète et essayiste, il a créé une œuvre à sa mesure. Imbu d'art ancien et contemporain, grand lecteur des écrivains de son pays natal, les romantiques allemands, de Nietzsche et de Freud, il découvrit très tôt l'art des malades mentaux, et éprouva le besoin impérieux d'élargir l'expression artistique, en l'ouvrant au foisonnement de l'inconscient, aux archétypes et aux mythes. Max Ernst dépasse les limites de la peinture purement descriptive ou abstraite en même temps qu'il en renouvelle les techniques. Par l'utilisation du collage, du frottage et de l'assemblage, il a conquis la liberté d'aller « au-delà de la peinture », et créé une nouvelle iconographie, capable de transcrire les rêves, les angoisses et les aventures de l'homme moderne.

Peintures et collages

Max Ernst est né à Brühl (Rhénanie) en 1891. Pendant ses études de philosophie et de psychologie à l'université de Bonn, il rencontre August Macke et Hans Arp. En 1913 il fait un séjour à Paris. Après la guerre, il participe au mouvement dada à Cologne, devient l'ami de Paul Eluard et s'installe en France en 1922. De 1924 à 1938, il est membre du groupe surréaliste. Puis, en 1938, il se retire à Saint-Martin-d'Ardèche, où il décore sa maison de sculptures. Max Ernst est interné au début de la guerre dans un camp en France ; en 1941, il se réfugie aux États-Unis où il devient citoyen américain. Il vit à New York, ensuite à Sedona (Arizona). En 1949, Ernst rentre en Europe et reçoit cinq ans plus tard le Grand Prix de peinture à la Biennale de Venise. En 1958 il est naturalisé français. Différentes rétrospectives à Brühl (1951), Berne (1956), Paris (1959), Londres (1961), Cologne-Zurich (1962-1963), New York-Venise (1966), Stockholm-Amsterdam-Stuttgart (1969), Londres-Paris (1991-1992) lui sont consacrées.

L'ensemble de l'œuvre de Max Ernst possède un dénominateur commun : la perte de l'innocence. Pour l'artiste du xxe siècle, qui en peinture ne croit plus au mythe de la création ex nihilo, la réflexion sur son art prend une place toujours croissante. Cette méfiance envers soi-même tend finalement à lui ôter toute spontanéité. Pour éviter ce dilemme, Max Ernst emploie des techniques semi-automatiques. Mais il dépasse ce stade passif pour exercer une activité contrôlée. Il part donc toujours de quelque chose de donné, de préexistant, qu'il sollicite et interprète ensuite.

Tel fut le cas des peintures et collages exécutés en Allemagne entre 1919 et 1922. Max Ernst se servait de reproductions d'appareils scientifiques ou domestiques, qu'il avait trouvées dans un vieux catalogue illustré. En les isolant de leur contexte, en les juxtaposant à d'autres, il effaçait leur banalité, suscitait des allusions anthropomorphes, ouvrait une dimension inconnue, insoupçonnée. Ainsi L'Éléphant Célébès, à l'origine un aspirateur, devient un monstre technique assez menaçant, gazomètre marchant, prophète d'une ère nouvelle. Par sa lumière crue, ses ombres portées, son vide étrange, sa poupée-torse, cette toile démontre clairement quelle influence Giorgio de Chirico a exercée sur l'œuvre en formation.

Pour ses collages, Max Ernst utilise en toute liberté photos, gravures, papiers peints, afin de provoquer des rencontres inattendues. Il transgresse la banalité, aliène le quotidien par des changements intelligents et cruels. En ces collages, André Breton, Louis Aragon et Paul Eluard saluent l'équivalent artistique de leurs aspirations littéraires : détruire pour recomposer.[...]

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