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REINHARDT MAX (1873-1943)

La carrière de Max Reinhardt, metteur en scène autrichien, s'est déroulée surtout à Berlin, à la tête du Deutsches Theater qu'il dirigea de 1905 à 1933 (malgré plusieurs interruptions). Sa place et son influence dans le théâtre allemand et européen sont considérables. Le théâtre allemand subissait encore l'influence rigoriste des Meininger. Reinhardt, doué d'une grande imagination scénique, met au service de son art la danse et la musique, la lumière et le mouvement, manifestant une grande maîtrise dans le maniement des techniques nouvelles et des machines à jouer (scènes tournantes par exemple). Attaché à utiliser et à développer toutes les ressources de la scène, il est à l'origine du puissant courant de réforme qui, après la Première Guerre mondiale, revendique l'autonomie de la mise en scène, trop souvent reléguée au second plan par la littérature. Dès 1901, il avait créé à Berlin un cabaret littéraire où il donnait des pièces de Strindberg, Wilde, Maeterlinck, Hofmannsthal. Pendant la guerre, il crée un théâtre d'avant-garde où il monte la première pièce de l'expressionnisme allemand, Le Mendiant (Der Bettler) de Reinhardt Sorge. L'influence de Reinhardt se combinera à celle du mouvement expressionniste pour entreprendre de vastes réformes esthétiques et idéologiques. À la même époque, le théâtre subissait une transformation économique : les théâtres de cour devenaient théâtres d'État ou municipaux.

Peu après la guerre, Reinhardt, animateur de grands spectacles pour de vastes publics, transforme un cirque de Berlin en un vaste lieu théâtral capable de réunir trois mille personnes installées sur les trois quarts d'un cercle, le dernier quart étant un vaste plateau ouvert, sans rideau ni rampe ; une de ses plus importantes réalisations au Grosses Schauspielhaus fut le Danton de Romain Rolland, où acteurs et spectateurs se confondaient dans le Tribunal révolutionnaire. L'influence d'Edward Gordon Craig nourrissait son sens de la scène. Berlin est alors la capitale européenne du théâtre. Reinhardt monte les œuvres des grands classiques : Sophocle, Shakespeare, Molière, Kleist, Goethe, mais aussi celles de Shaw, Strindberg, Ibsen... Il crée des théâtres à Berlin, à Vienne. En 1919, avec Hofmannsthal et Richard Strauss, il crée le festival de Salzbourg. En 1933, Reinhardt est, comme beaucoup d'autres, contraint de quitter l'Allemagne. Il poursuivra ses activités en Amérique. Son dernier spectacle sera La Route du destin (Der Weg der Verheissung) de Werfel, montée à New York en 1936, avec une partition de Kurt Weill. L'influence de Reinhardt s'est exercée sur de nombreux films de l'époque expressionniste ainsi que sur les auteurs dramatiques. Elle s'est manifestée également dans la mise en scène d'opéras (Le Chevalier à la rose, de Strauss, 1911). Cet homme inlassable n'a pas créé moins de quatre théâtres à Berlin : le Kammerspiele, le Deutsches Theater, le Grosses Schauspielhaus et la Komödie. À cela il faut ajouter l'école fondée pour répondre à toutes les exigences des techniques de théâtre, et aussi à celles de l'acteur. Reinhardt n'hésite pas à revendiquer sa primauté de créateur, en accusant de défection les auteurs : « Le metteur en scène est simplement né de la carence des auteurs hommes de théâtre. » Inépuisable créateur de formes, il eut un rôle déterminant dans l'hégémonie du metteur en scène sur le théâtre européen.

— Armel MARIN

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  • : metteur en scène, conseiller en éducation populaire et techniques d'expression

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