SYDOW MAX VON (1929-2020)
Chevalier qui joue aux échecs avec la mort (Le Septième Sceau, 1957), mage ambigu (Le Visage, 1958), père vengeur (La Source, 1960), Max von Sydow est une figure indissociable du cinéma d’Ingmar Bergman. Ses prestations dans L’Exorciste (William Friedkin, 1973), Star Wars :Épisode VII-Le Réveil de la Force (J. J. Abrams, 2015) ou la série Game of Thrones (2016) l’ont aussi lié au « cinéma de genre ». Au cours d’une carrière de quelque soixante-dix ans, il a enchaîné les premiers et seconds rôles, apparaissant dans les productions les plus diverses, variant les styles, les genres et les pays. Imprimant à l’écran sa haute silhouette et les traits anguleux de son visage allongé, souvent inquiétant.
De son vrai nom Carl Adolf von Sydow, Max von Sydow est né le 10 avril 1929 à Lund, en Suède. Tôt aiguillonné par le métier d’acteur, il entre en 1948 au Conservatoire royal de Stockholm. Engagé dès sa sortie au Théâtre municipal de Norrköping-Linköping, il y est repéré par Ingmar Bergman qui, en 1955, l’enrôle dans la troupe qu’il dirige à Malmö. Quand, en 1960, il intègre le Théâtre royal de Stockholm, il est déjà un acteur de cinéma reconnu.
Si Alf Sjöberg l’y fait débuter (Bara en mor[Rien qu’une mère], 1949), c’est Bergman qui, en 1957, l’impose au cinéma dans toute sa puissance. Le Septième Sceau, prix spécial du jury au festival de Cannes, fait de lui à tout jamais ce sombre chevalier au questionnement métaphysique. Et amorce sa brillante et internationale carrière.
Bergman, qui lui a, disait-il, « tout appris », le dirige encore dans dix longs-métrages. Dix films qui l’inscrivent définitivement dans l’histoire du cinéma : Les Fraises sauvages (1957), Au seuil de la vie (1958), Le Visage (1958), La Source (1960), À travers le miroir (1961), Les Communiants (1963), L’Heure du loup (1968), La Honte (1968), Une passion (1969), Le Lien (1971).
À Hollywood, Max von Sydow fait son entrée en interprétant le rôle du Christ dans La Plus Grande Histoire jamais contée (George Stevens, 1965). L’année suivante, il joue le rôle d’un néo-nazi dans Le Secret du rapport Quiller (Michael Anderson). Dès lors, il alterne, comme il le dira plus tard, « des rôles de prêtres ou de méchants ». C’est en prêtre qu’il fait son apparition la plus marquante, dans L’Exorciste de William Friedkin, en 1973. Méchant « made in USA », il l’est pour le meilleur (Les Trois Jours du Condor, Sydney Pollack, 1975 ; MinorityReport, Steven Spielberg, 2002 ; Shutter Island, Martin Scorsese, 2010) et le moins bon (Flash Gordon, Mike Hodges, 1980 ; Conan le Barbare, John Milius, 1982 ; Judge Dredd,Danny Cannon, 1995). Un personnage d’artiste peintre au caractère certes colérique tranche avec cette longue liste, celui de Hannah et ses sœurs(1986), qui lui est confié par Woody Allen, admirateur proclamé de Bergman.
Tournant en Italie (Cadavres exquis, Francesco Rosi, 1976 ; Le Désert des Tartares, Valerio Zurlini, 1976) ou en France (La Mort en direct, Bertrand Tavernier, 1980), Max von Sydow reste attaché au cinéma nordique. On le voit dans le diptyque de Jan Troell, Les Émigrants (1971) et Le Nouveau Monde (1972). On l’entend tout au long d’Europa, de Lars von Trier (1991). Il est aussi de deux films du Danois Bille August, tous deux palme d’or au festival de Cannes : Pelle le Conquérant (1988) et Les Meilleures Intentions, d’après un récit autobiographique de Bergman (1992).
Acteur globe-trotter, fixé en Provence et naturalisé français en 2002, il retourne à Hollywood en 2015 pour Star Wars :Épisode VII-Le Réveil de la force (J. J. Abrams) ou, en 2016, la série Game of Thrones. On retiendra enfin sa participation dans le rôle d’un croque-mort, clin d’œil au Septième Sceau, à Les Premiers, les Derniers, du Belge Bouli Lanners, en 2016.
Max von Sydow meurt le 8 mars 2020.
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Écrit par
- Colette MILON : journaliste
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Média