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KONTSEVITCH MAXIM (1964- )

Le mathématicien Maxim Kontsevitch est né le 25 août 1964, à Khimki, près de Moscou d'un père linguiste, spécialiste de l'histoire médiévale de la Corée, et d'une mère ingénieur. Dès l'âge de quatorze ans, il se distingue aux Olympiades de mathématiques, et il intègre une école spéciale. À seize ans, il entre à l'université et à dix-sept il rédige son premier article. Il semble que ce soit son frère aîné, aujourd'hui spécialiste de la vision par ordinateur, qui, très tôt, force son goût pour les mathématiques en lui indiquant que les structures de ces dernières organisent la compréhension du monde physique, de l'univers réel. Dès le lycée, Israël M. Gelfand qui, de facto, règne d'une main très ferme sur la communauté mathématique moscovite, a remarqué le brillant sujet. De 1980 à 1985, il est étudiant dans le département de mathématiques, à l'Université d'État de Moscou. Puis, de 1985 à 1990, jeune chercheur, il est engagé par la même université pour travailler sur le problème de l'information et des transmissions de données.

Pour beaucoup de témoins, cette période de l'école soviétique de mathématiques a été comparable à la grande époque d'Heidelberg au début du xxe siècle. Alexei Sossinsky, mathématicien, spécialiste de topologie, rapporte qu'à cette époque « ...pour les gens doués, deux carrières s'ouvraient pour déjouer la censure politique, instrumentiste ou mathématicien, voire physicien théoricien. Chef d'orchestre étant plus dangereux, devant le choix à faire des compositeurs, surveillé par la censure politique ». C'est, peut-être, en 1988, en tant que visiteur au Centre de physique théorique de Marseille-Luminy que Maxim Kontsevitch sort de sa période de gestation théorique. Deux ans plus tard, il est à Bonn, invité pour trois mois à l'Institut Max-Planck. Il affirme ne pas y avoir fait grand-chose, sinon qu'à la fin du séjour il va se révéler aux yeux de tous ses pairs comme un véritable problem solver, un résolveur de problème, ainsi que le définit Jean-Pierre Bourguignon, mathématicien et directeur de l'Institut des hautes études scientifiques (I.H.E.S.). Vers la fin de son séjour en Allemagne se tient une sorte de petit colloque qui regroupe tous les ans à la même époque environ quatre cents mathématiciens. Dans ce genre de réunion, que les Allemands désignent du terme de Arbeistagung, et où les scientifiques discutent de manière informelle de divers problèmes mathématiques, l'éminent mathématicien Michael Atiyah présente dans sa conférence d'ouverture une conjecture, ce qui, en langue mathématicienne, désigne une propriété que l'on considère comme vraie mais qui n'est pas encore complètement démontrée.

Kontsevitch écoute, comprend et, dans la journée qui suit, résout la conjecture. Tout le monde est, bien sûr, impressionné. Il prolonge alors d'un an son séjour à Bonn et y soutient une thèse sous la direction de Don Zagier. À la suite de ce coup de maître, Kontsevitch va entamer une sorte de tour du monde des lieux d'excellence. En 1991, il est à Harvard ; en 1992, il est de retour à l'Institut Max-Planck à Bonn puis, dans la même année, visite l'Institute for Advanced Study à Princeton ; enfin, après un ultime passage à Bonn, il est nommé, en 1995, professeur à l'université de Californie à Berkeley. « Les mathématiciens doivent être voyageurs », précise-t-il.

Pourtant il s'établit en France. Depuis le 1er septembre 1995, il est professeur permanent à l'I.H.E.S., à Bures-sur-Yvette, dans la banlieue parisienne. Ultime consécration, en 1998, Maxim Kontsevitch reçoit, à Berlin, à trente-quatre ans, la médaille Fields avec ses collègues Richard Borcherds et William Thimothy Gowers, de l'université de Cambridge,[...]

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