WEYGAND MAXIME (1867-1965)
Né de parents inconnus — dont l'un appartenait sans doute à la famille royale de Belgique — le futur généralissime des armées françaises entre à Saint-Cyr en 1885 à titre étranger (sous le nom de Nimal) et en sort dans la cavalerie. En 1888, il prend la nationalité française sous le nom de son père adoptif, Weygand. Dès le début de la grande guerre, il est choisi par Foch comme chef d'état-major de la IXe armée ; à ses côtés, il sera durant la majeure partie de la guerre le « brillant second » auquel de Gaulle reprochera dans ses Mémoires de n'avoir jamais commandé la moindre unité avant d'accéder aux postes suprêmes. En 1920, Weygand est envoyé en Pologne comme conseiller de Pilsudski et protège Varsovie contre l'Armée rouge. En 1923, il est haut-commissaire et commandant de l'armée du Levant ; en 1924, directeur du Centre des hautes études militaires. En 1930, il devient chef de l'état-major et inspecteur général de l'armée, c'est-à-dire généralissime désigné. Cavalier, il accepte à contrecœur une motorisation partielle et une mécanisation embryonnaire de l'armée. Imposant à l'état-major le respect immuable des « enseignements » de la guerre, il a de ce fait une responsabilité certaine dans la mauvaise préparation de l'armée à la veille du second conflit mondial. En 1931, il est élu à l'Académie française, au fauteuil de Joffre (il a écrit un Turenne et un Foch, auxquels s'ajouteront, entre autres ouvrages, une Histoire de l'armée française en 1938 et ses Mémoires, 1950-1957). Lorsqu'il prend sa retraite, en 1935, il est remplacé par Gamelin. Rappelé en activité sur sa demande en 1939, il est nommé, à soixante-douze ans, commandant en chef des forces françaises du Moyen-Orient, insuffisantes pour mener les vastes opérations envisagées un moment contre les gisements de pétrole de l'ennemi dans les Balkans et au Caucase.
Le 19 mai 1940, Paul Reynaud le nomme généralissime à la place de Gamelin. Le nouveau commandant en chef voudrait aussitôt tenter d'enfermer les divisions blindées allemandes « dans le champ clos où elles se sont audacieusement lancées ». Mais l'organisation du commandement et la situation des réserves léguées par Gamelin ne lui permettent pas de réagir avec la rapidité que la capitulation soudaine de l'armée belge rendait plus nécessaire encore. Le 12 juin, Weygand déclare que le gouvernement doit demander l'armistice. Mais lui-même refuse de déshonorer l'armée en capitulant. Cette attitude, que lui dicte sa conception de l'honneur militaire et que lui inspirent aussi ses convictions antirépublicaines, a pour effet de faire tomber le régime qu'il abhorre, mais aussi de faire cesser théoriquement toute résistance aux Allemands, non seulement sur le théâtre d'opérations où elle est devenue impossible, mais dans l'empire français tout entier. Cette résistance de l'empire français, Weygand va pourtant essayer de l'organiser, en insufflant l'esprit de revanche à l'armée d'Afrique, sans aller toutefois jusqu'à se rallier à de Gaulle avec lequel il n'a jamais sympathisé (ministre de la Défense nationale dans le cabinet Pétain, il l'a, en juin 1940, fait condamner à mort par contumace). Lors du débarquement des Alliés en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942, Weygand insiste vainement auprès de Pétain pour qu'il durcisse sa position à l'égard des Allemands. Arrêté quelques jours plus tard par les SS, il est interné à Itter avec Gamelin et d'autres. En 1945, il est libéré par les Américains, mais aussitôt inculpé par le nouveau gouvernement français pour atteinte à la sûreté intérieure de l'État. Son procès aboutira à un non-lieu. Il se consacre alors à la réhabilitation posthume du maréchal Pétain. Partisan de l'Algérie française, il critique ouvertement le pouvoir sans se rallier à ceux qui veulent le renverser par la force. Weygand laissera dans l'histoire[...]
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Écrit par
- Pierre GOBERT : ancien élève de l'École polytechnique, général
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