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ROBESPIERRE MAXIMILIEN DE (1758-1794)

Le Jacobin, membre de la Commune de Paris

Ce fut donc avec une autorité intacte que, de septembre 1791 à septembre 1792, n'étant plus député, selon une règle qu'il avait fait accepter, il milita sans trêve au club des Jacobins. Il adjurait les frères et amis des clubs de toute la France, les députés démocrates, d'être « toujours armés d'une salutaire défiance ». La déclaration de guerre l'opposa vigoureusement aux Brissotins, elle lui paraissait imprudente et criminelle, faisant le jeu du roi et des généraux en cas improbable de succès. Avec les défaites, un sursaut patriotique éclata, en même temps que grandissait l'action des sans-culottes ; Robespierre appuya le mouvement qui aboutit à la chute du roi, le 10 août ; il devint membre de la Commune de Paris et commença de tenir un rôle de premier plan.

Non seulement il fut élu député de la Convention, mais il orienta le choix des autres députés de Paris par le vote oral et public et l'épuration des candidats. Lié désormais aux démocrates parisiens, il fut éclaboussé par les massacres de septembre, dont il n'était pas responsable bien qu'il ait failli y exposer Brissot.

À la Convention et aux Jacobins, Robespierre combattit farouchement les Girondins, bourgeois égoïstes, privilégiés par la fortune et par l'éducation, hostiles au peuple et surtout à celui de Paris. C'est ainsi qu'il les voyait, comme tant de Montagnards et de démocrates. Pourtant cette dialectique des riches et des pauvres lui apparaissait simpliste et trompeuse ; le critère de la vertu et de la croyance en l'Être suprême rejetait les athées corrompus et corrupteurs, fussent-ils Montagnards.

D'autre part, les relations avec les sans-culottes n'étaient pas seulement affectées par la prise de position morale et religieuse, mais encore par les divergences de politique sociale et économique. Robespierre refusait au domaine économique et financier un rôle fondamental : grâce à la Providence, la France était largement pourvue de richesses ; il suffirait que la vertu élimine l'égoïsme et la spéculation pour que chacun soit assuré du nécessaire. C'était donc le refus de l'intervention, de la taxation, du contrôle, réclamés par les sans-culottes. Déjà déçu par les parlementaires, Robespierre se défiait des porte-parole du peuple et admettait que, si le peuple n'avait jamais tort en principe, il pouvait cependant être induit en erreur et que, de ce fait, l'insurrection, arme suprême, risquait de tourner à l'aventure. Finalement Robespierre jouissait d'un prestige plus éclatant que solide, plus assuré dans la lutte contre les ennemis communs que dans l'édification d'une France nouvelle.

S'il imposa son point de vue pour la mort du roi, quand il lutta contre les Girondins après la trahison de Dumouriez en avril 1793, il dut faire des concessions aux sans-culottes. Il alla jusqu'à proposer de définir la propriété comme « la portion de biens garantie par la loi », il proclama le « droit à l'existence », ce qui impliquait de profondes réformes. Il obtint ainsi l'appui des sections armées de Paris, dont les canons décidèrent l'éviction des principaux Girondins le 2 juin 1793. Près de deux mois plus tard, le 26 juillet 1793, Robespierre entrait au grand Comité de salut public : ce fut l'apogée de sa carrière. Le délai de deux mois s'explique-t-il par une hésitation ? Robespierre eut-il conscience qu'il maniait mieux les clubs que les députés, et mieux les députés qu'un petit groupe de personnages fortement trempés ?

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Maximilien de Robespierre - crédits : Musée Carnavalet/ Paris Musées ; CC0

Maximilien de Robespierre

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