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ROBESPIERRE MAXIMILIEN DE (1758-1794)

Un dictateur ou un membre contesté du Comité de salut public ?

La conjoncture était catastrophique, tant au-delà des frontières qu'à l'intérieur de la République, les ennemis étaient déchaînés et victorieux, les révolutionnaires demeuraient divisés. Le Comité de salut public organisa une lutte implacable contre les ennemis déclarés, mais il fallut louvoyer pour éviter les ruptures entre révolutionnaires. Robespierre accepta lui aussi, sous la pression des Enragés, le maximum, la législation contre les accapareurs, la levée en masse, l'armée révolutionnaire parisienne. Il s'efforça d'enrayer la déchristianisation. Il parvint à faire mettre en place un gouvernement d'exception doté de rouages révolutionnaires, tandis que la constitution était mise en sommeil. Ce fut la Terreur. S'il n'en était pas le seul responsable, il était convaincu de sa nécessité ; il ne put cependant la mener à son gré, en dépit de ce qu'on a souvent nommé, à l'époque et depuis, sa dictature. Il se défendit jusqu'à son dernier souffle d'avoir été dictateur. Était-ce à juste titre ?

Assurément aucune magistrature comportant les pleins pouvoirs ne lui fut attribuée, jamais d'ailleurs il ne le demanda. Robespierre était membre d'un comité puissant, mais il n'y était soutenu que par Couthon et Saint-Just, les autres membres n'approuvaient pas sa politique. De plus, le comité dépendait de la Convention et, là non plus, Robespierre n'était pas sûr de rallier la majorité. D'autre part, le Comité de sûreté générale, sauf deux de ses membres, ne soutenait pas Robespierre. En revanche, il n'est pas douteux que Robespierre disposait d'un immense prestige et d'une vaste audience auprès des démocrates, des Jacobins, des sans-culottes de Paris et de province, grâce à quoi il pouvait souvent imposer ses vues. Enfin, Robespierre tenait de plus en plus souvent un langage de dictateur détenteur de la vérité : « Nous sommes intraitables comme la vérité, inflexibles, uniformes, j'ai presque dit insupportables comme les principes. » Il était profondément convaincu de la justesse de ses vues, ceux qui ne les partageaient pas ne pouvaient être que des traîtres à la cause du peuple, ils devaient être éliminés.

Ainsi, tour à tour, ceux qu'on dénomma hébertistes et dantonistes furent guillotinés, respectivement le 24 mars et le 5 avril 1794. À cette occasion, deux décrets, les décrets de ventôse, avaient décidé le séquestre des biens des suspects au profit des patriotes indigents, mesure dont l'audace fut tempérée par l'opportunité dans la décision et aussi dans l'application. Dans le précieux carnet qu'il portait le 9 thermidor, on lit bien que les « bourgeois » étaient les ennemis, mais il n'était pas question d'un transfert de propriété. Robespierre décevait Babeuf.

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Maximilien de Robespierre - crédits : Musée Carnavalet/ Paris Musées ; CC0

Maximilien de Robespierre

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