MAXIMILIEN Ier (1459-1519) empereur germanique (1493-1519)
Fils de l'empereur Frédéric III, qui meurt en 1493, le jeune Maximilien, roi des Romains, prend en 1508 le titre d'« Empereur romain élu » sans être couronné par le pape, épouse Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire mort devant Nancy en 1477, s'affirme par les brillantes qualités de son esprit, les fantaisies de son tempérament à la fois prodigue, mystique et chevaleresque, aspirant à la tiare, et ami de Dürer et des humanistes. Rassembleur de terres, il réunit à son domaine par héritage la Styrie et le Tyrol. Il défend contre Louis XI l'héritage de sa femme. En 1482, après la mort de Marie, il signe avec le roi de France le traité d'Arras qui laisse à celui-ci la Picardie et la Bourgogne ducale, et prévoit le mariage de Marguerite, fille de Maximilien, avec le Dauphin. Après la mort de Louis XI, en 1493, par le traité de Senlis, Charles VIII, qui a épousé Anne de Bretagne, renvoie Marguerite à son père et abandonne à celui-ci l'Artois, la Franche-Comté, le Charolais. Maximilien marie son fils Philippe à Jeanne la Folle, fille de Ferdinand le Catholique et d'Isabelle de Castille, et, plus tard, son petit-fils et sa petite-fille aux enfants du roi de Hongrie et de Bohême : Marie avec Louis de Hongrie qui mourra à Mohacs, Ferdinand, qui sera roi de Hongrie (1526) et de Bohême (1527) avec Anne de Hongrie (1521). Dans ses entreprises, Maximilien a été entravé par l'hostilité des États de Flandre qu'il a combattus à Guinegatte (1479), mais qui le reconnaissent en 1489 comme tuteur de son fils mineur Philippe. Reprenant le rôle traditionnel des Habsbourg, il chasse en 1490 les Turcs des provinces autrichiennes ; en 1492, par la bataille de Villach, il les refoule jusqu'en Bosnie. Par son mariage avec Maria Bianca Sforza, fille de Galeas Sforza, duc de Milan, il prend pied en Italie et s'oppose aux rois de France : en 1515, François Ier lui impose la reconnaissance de la cession du Milanais. En 1499, par le traité de Bâle, il a dû reconnaître l'indépendance des cantons helvétiques.
Importante également est l'œuvre de réorganisation administrative, moins dans l'Empire qu'il veut sortir de l'anarchie que dans les États héréditaires qu'il veut doter, sur le modèle français et bourguignon, d'une organisation moderne, conformément aux progrès de l'État qui se manifestent dans tous les domaines. On lui doit de grandes réformes constitutionnelles comme la paix perpétuelle de 1495, l'institution de la Chambre impériale (Reichskammergericht), la création d'un impôt général (gemeine Pfennig), la division de l'Empire en dix cercles ; des réformes administratives proprement dites, Conseil aulique (Hofrath), organisation de la Chancellerie, création d'un grand maître du Trésor comparable au trésorier de l'Épargne créé par François Ier, et d'une Chambre des finances (Hofkammer), à qui est confiée la haute administration financière des États héréditaires et de l'Empire.
Maximilien est aussi un chef de guerre qui perfectionne l'art militaire, améliore l'artillerie, organise l'infanterie allemande des lansquenets ; un mécène allié aux Fugger d'Augsbourg dont les différentes entrées et triomphes magnifient les vertus, grâce aux allégories de la Renaissance ; enfin un homme de lettres qui compose le plan d'un poème, où il célèbre son mariage avec Marie de Bourgogne, et dicte un récit romanesque de sa vie, le Weiss-Kunig.
En conclusion, sur l'homme et sur l'œuvre, l'opinion est nuancée et les jugements contradictoires : pour les uns, il a eu « l'intuition de l'avenir », d'autres sont sensibles à ses « douloureux désenchantements » ; d'autres enfin condamnent ses combinaisons politiques et ses rêves chimériques. Il a été tout cela à la fois, âme complexe et imaginative, « panier percé » aimé[...]
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Écrit par
- Georges LIVET : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Strasbourg
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