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TYNER MCCOY (1938-2020)

Au fil d’une carrière longue de plus d’un demi-siècle, le pianiste et compositeur américain McCoy Tyner aura contribué à façonner le jazz moderne, accompagnant notamment dans ses sommets le saxophoniste John Coltrane qui reconnaissait en lui « celui qui lui a donné des ailes pour décoller ».

The Believer

Alfred McCoy Tyner – plus tard, converti à l’islam sous le nom de Sulieman Saud – naît à Philadelphie le 11 décembre 1938. À treize ans, il prend ses premières leçons de piano. Il poursuit sa formation à la Granoff School of Music de sa ville natale. L’adolescent bénéficie des conseils d’un voisin pianiste qui s’est fait un nom au royaume du jazz bop : Bud Powell. Dès 1953, il se produit en professionnel dans des formations locales de rhythm and blues et travaille avec le trompettiste Calvin Massey. En 1956, il est programmé au club Red Rooster en compagnie de John Coltrane. Il offre au saxophoniste, qui fait alors partie du célèbre quintette de Miles Davis, l’une de ses compositions, « The Believer », que ce dernier enregistrera en 1958 pour Prestige, avec le concours de Donald Byrd (trompette), Red Garland (piano), Paul Chambers (contrebasse) et Louis Hayes (batterie). À cette époque, McCoy Tyner accompagne les solistes de passage à Philadelphie comme Kenny Dorham (trombone), Jackie McLean (saxophone alto), Sonny Rollins (saxophone ténor), Max Roach et Roy Haynes (batterie) ou Frank Strozier (saxophone alto). En 1959, Benny Golson (saxophone ténor) et Art Farmer (trompette) lui proposent de rejoindre leur Jazztet où figurent Curtis Fuller (trombone), Addison Farmer (contrebasse) et Lex Humphries (batterie). Avec cet ensemble, le jeune pianiste apparaît sur l’album Meet the Jazztet publié en 1960 par Argo. Il figure également en sideman sur quelques séances d’enregistrement marquantes avec Wayne Shorter (saxophone), Grant Green (guitare) et surtout Freddie Hubbard (trompette) qu’il accompagne dans plusieurs albums.

McCoy Tyner - crédits : Philippe Gras

McCoy Tyner

Mi-1960, McCoy Tyner quitte le Jazztet pour remplacer Steve Kuhn dans le légendaire quartette de John Coltrane qui réunit essentiellement Jimmy Garrison (contrebasse) et Elvin Jones (batterie). Pendant cinq ans, il va participer, pour le label Prestige, à une série d’albums entrés dans l’histoire : Coltrane’sSound (enregistré en 1960), My Favorite Things(1960), Coltrane Plays the Blues (1960), Africa/Brass (1961), Olé Coltrane (1961), Ballads (1961-1962), Crescent (1964), A Love Supreme (1964), Ascension (1965). Avec des accords flottants, McCoy Tyner installe une base harmonique souple et un climat incantatoire propice aux envolées à la fois furieuses et lyriques du leader. Face à la contestation rythmique permanente d’Elvin Jones, il impose une respiration plus sereine et une calme certitude esthétique. Sans pour autant renier la profonde admiration qu’il porte à John Coltrane, il quitte le quartette en 1965, après une prestation mémorable de A Love Supreme au festival de jazz d’Antibes – Juan-les-Pins, se sentant incapable d’accompagner plus avant les aspirations de l’aventureux saxophoniste à se libérer de la pulsation régulière.

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McCoy Tyner - crédits : Philippe Gras

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