MDC (Mouvement des citoyens)
Une collection de fiefs électoraux
La rupture des chevènementistes avec leur ancien parti, au début des années 1990, s'explique par les ressources sociales et politiques qu'ils sont capables de mobiliser. La situation électorale est compromise pour les socialistes et, dès la fin de 1991, certains dirigeants du P.S. ont conscience de leur prochaine défaite aux élections législatives de 1993. Pour certains, il s'agit cependant de conserver une place pour les prochaines investitures ou de se préparer pour les sénatoriales, autant d'activités qui demandent de ne pas se couper du plus important parti électoral de gauche. Du coup, les fondateurs sont le plus souvent d'anciens élus implantés de longue date (J.-P. Chevènement, G. Sarre, J.-P. Michel) ou des notables ralliés, souvent en délicatesse avec la figure socialiste locale (Jacques Desallangre, Gérard Saumade). En dehors de ces fiefs, le coût du passage au M.D.C. est élevé : en 1997, les résultats obtenus ne dépassent qu'exceptionnellement 4 p. 100 des suffrages et des élus issus du C.E.R.E.S. perdent leurs mandats au fil des consultations électorales.
En revanche, les élus les mieux installés du M.D.C. peuvent, en raison de leur maîtrise même du jeu politique local, continuer d'apparaître comme des dirigeants politiques idéologues ou intellectuels, proches du pôle de l'expertise ou de la recherche, plutôt que comme des élus attachés à conserver leur mandat. La durée et les propriétés de leur carrière manifestent qu'ils savent parfaitement contrôler les prétendants et les adversaires ainsi que gérer les distributions de positions de pouvoir local ou national. De plus, la marque chevènementiste n'interdit pas de négocier localement avec des partenaires différents, au point que le flou des frontières partisanes est parfois recherché afin de conserver les acquis électoraux de chacune des composantes d'une majorité locale.
Cette relative autonomie des élus du M.D.C., ainsi que la faiblesse organisationnelle, électorale et militante du parti (entre 2 500 et 5 500 adhérents, plutôt âgés, diplômés, peu d'activistes) ont pu constituer une force en ce sens que ce dernier et son leader ont exercé un pouvoir d'attraction sur des individus très différents, situés aux frontières du champ politique.
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Écrit par
- Benoît VERRIER : docteur en science politique, chercheur associé (contractuel) au Groupe de sociologie politique européenne, I.E.P. de Strasbourg
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