MÉDAILLE D'OR DU CNRS 2017
Le 27 septembre 2017, deux physiciens français, Alain Brillet et Thibault Damour, reçoivent la médaille d’or du CNRS qui récompense leurs travaux ayant joué un rôle déterminant dans la détection des ondes gravitationnelles. Ces ondes sont d’infimes déformations de l’espace-temps, produites par un violent et soudain changement local de la répartition dans l’espace d’une masse de matière, telle que la coalescence (fusion) de deux étoiles à neutrons ou de deux trous noirs. Elles se propagent ensuite sur de très grandes distances dans l’Univers, à la vitesse de la lumière.
Deux pionniers mis à l’honneur
Physicien expérimentateur, Alain Brillet a développé la méthode de détection sur laquelle repose l’extrême sensibilité des interféromètres LIGO (Laser Interferometer Gravitational-Wave Observatory) et Virgo (qui tire son nom de l’amas de galaxies de la Vierge), instruments scientifiques situés respectivement aux États-Unis et en Europe, construits pour traquer ces ondes gravitationnelles. Physicien théoricien, Thibault Damour a calculé l’intensité des ondes gravitationnelles émises par la coalescence de deux trous noirs, une contribution essentielle pour déterminer les performances requises des instruments d’observation, puis analyser et interpréter leurs données de mesures.
Le 11 février 2016, aux États-Unis, la première observation directe d’ondes gravitationnelles avait été annoncée (l’événement observé étant noté GW150914, GW pour gravitationalwave et 150914 correspondant à la date de détection, soit le 14 septembre 2015), un siècle après qu’Albert Einstein en eut prévu l’existence comme une conséquence de la relativité générale. Au moins une seconde détection (GW151226) est ensuite annoncée par la même équipe le 15 juin 2016 (observation effectuée le 26 décembre 2015), obtenue par la même collaboration LIGO mettant en œuvre les instruments situés sur le sol des États-Unis. Une physique déjà ancienne trouvait là une éclatante confirmation, tandis que naissait une nouvelle astronomie, aux immenses perspectives. En effet, depuis vingt-cinq siècles, l’astronomie s’est construite sur l’observation des ondes lumineuses provenant des astres. Ces ondes gravitationnelles, aux propriétés différentes de celles de la lumière, ouvrent à de nouvelles connaissances des phénomènes célestes.
Moins d’une semaine après la remise des médailles d’or du CNRS, le prix Nobel de physique 2017 est décerné à trois physiciens américains – Rainer Weiss, Barry Clark Barish et Kip Stephen Thorne – pour leurs contributions décisives au détecteur LIGO et à l’observation des ondes gravitationnelles.
Après plus d’un demi-siècle d’efforts, ces distinctions exceptionnelles témoignent d’un moment majeur dans l’histoire de la physique et de l’astrophysique, d’une convergence exemplaire entre travaux théoriques et expérimentaux, les uns et les autres parmi les plus difficiles et, enfin, des collaborations intellectuelles et internationales ayant conduit au succès.
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Écrit par
- Pierre LÉNA : professeur émérite de l'université Paris-VII-Denis-Diderot, membre de l'Académie des sciences
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Médias