MÉDAILLE
Des premières médailles à la Renaissance
Bien que les Romains n'aient pas connu de médailles distinctes de la monnaie, il existait des pièces de souvenir frappées pour commémorer un événement particulièrement important – types agrandis et plus lourds que les monnaies, appelés « médaillons » ; ils étaient offerts généralement par l'empereur, et portés suspendus à une chaîne. Considérés comme bijoux, certains de ces médaillons furent montés dans des montures ouvragées, ornées de pierres précieuses. Cet usage fut perpétué non seulement par les Byzantins, mais encore il survécut à travers tout le Moyen Âge, où ces pièces réapparaissaient à l'occasion de circonstances exceptionnelles. Ces monnaies-médailles préparèrent l'avènement de la médaille.
Ce fut en 1390 que furent exécutées, en Italie, les premières médailles, pièces qui rappellent par leur aspect extérieur les plus grandes monnaies de l'Empire romain : l'une était à l'effigie de Francesco II Novello de Carrare, et commémorait la reprise de Padoue par ce prince, le 15 août 1390, l'autre faite à la même époque était à l'effigie de Francesco Ier de Carrare. Dès 1402, ces pièces ont été connues en France ; la preuve en est apportée par le plus ancien des inventaires des collections de Jean, duc de Berry, daté de 1401-1402, dans lequel on lit : « Une empraincte de plomb, où est le visage de François de Carrare en un costé, et en l'autre, la marque de Pade (Padoue). »
L'Italie
Brisant avec le moule hiératique où restaient enfermées les médailles des Carrare, Antonio Pisano, dit Pisanello, créa réellement l'art de la médaille en 1439 avec la célèbre médaille de Jean Paléologue, l'avant-dernier empereur de Constantinople. Cet artiste sut d'emblée conjuguer la grande hardiesse des raccourcis dans les revers au réalisme vivant des portraits. Il fit souvent entrer, dans la composition des devises, des animaux qu'il traitait avec une vérité et une noblesse de forme exceptionnelles, propres au talent d'un peintre. Pisanello n'a pas connu d'autre technique que la fonte ; il a signé toutes ses médailles et quelques-unes portent la date de leur exécution.
Les élèves et les émules que Pisanello a formés furent nombreux. Tous ces graveurs, comme leur maître, étaient peintres, et certains, sculpteurs, tels Francesco Laurana, Antonio Pollaiuolo, Andrea Della Robbia, Sperandio, qui mérite une mention particulière comme auteur d'un grand nombre de médaillons d'une facture admirable. Un nombre important de médailles du xve siècle, dont certaines comptent parmi les meilleures, restèrent anonymes.
Vers la fin du xve siècle, Ambrogio Foppa, dit Caradosso, déroge le premier sur trois points avec la tradition établie par Pisanello. En premier lieu, il rompt avec le médaillon pour donner aux médailles un module plus proche des grands bronzes et des médaillons romains. En deuxième lieu, il emprunte à ces mêmes pièces antiques le grènetis qui sert de cadre aux types de l'avers et du revers. En troisième lieu, conformément à l'usage des Romains, le type du revers est à l'inverse du portrait de l'avers. Il fit les médailles des derniers Sforza de Milan, celles des papes Alexandre VI et Jules II, ainsi que le portrait de Bramante.
Vittore Gambello, dit Camelio, sculpteur de Venise, contemporain de Caradosso, accentue encore l'imitation des grands bronzes romains, en se rapprochant de leur style, de leur esprit, de la disposition de leur type. C'est une conséquence du goût marqué pour les collections de monnaies anciennes, qui a poussé un peu plus tard Giovanni Cavino, surnommé le Padouan, et son associé, l'érudit Alessandro Bassiano, dans un dessein de spéculation frauduleuse, à imiter jusqu'à la falsification des modèles antiques.[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Josèphe JACQUIOT : conservateur honoraire du Cabinet des médailles de Paris, ancien professeur à l'École du Louvre, professeur à la Monnaie de Paris
Classification
Autres références
-
BERTOLDO DI GIOVANNI (1420 env.-1491)
- Écrit par Jean-René GABORIT
- 396 mots
Selon le témoignage de Vasari, Bertoldo di Giovanni était très âgé lorsqu'il mourut, le 30 décembre 1491, à Poggio a Caiano. On en a déduit assez arbitrairement, qu'il était né vers 1420. Élève de Donatello, il fut son collaborateur pour la seconde chaire de San Lorenzo, qu'il...
-
CELLINI BENVENUTO (1500-1571)
- Écrit par Adrien GOETZ
- 1 406 mots
- 4 médias
...avaient consacré son habileté – comme artiste, comme courtisan et aussi comme défenseur de la cité, lors du Sac, deux ans plus tôt. Pour qui a commencé en réalisant, à la perfection, cesmédailles à chapeau, ornements indispensables à la mode masculine dans les années 1525, c'est un beau début. -
DELAUNE ÉTIENNE (1519 env.-env. 1583)
- Écrit par Michel MELOT
- 294 mots
Auteur de plus de quatre cents petites gravures, extrêmement fines, qui offrent un panorama assez complet du style décoratif de l'école de Fontainebleau qu'il contribuera à diffuser sous le règne de Henri II, Étienne Delaune est-il né à Paris (où il serait mort), à Orléans ou à Genève ? en...
-
DOMENICO DE' CAMMEI (actif fin XVe-déb. XVIe s.)
- Écrit par Marguerite KRASSILNIKOFF
- 211 mots
- Afficher les 19 références