MÉDAILLE
La médaille aux XVIIe et XVIIIe siècles en France ; son influence à l'étranger
On distingue quatre périodes : de 1590 à 1663, sous le règne de Henri IV, de Louis XIII, et le commencement du règne de Louis XIV, apparaissent de très grands médailleurs. Le premier, Guillaume Dupré (1574-1649), qui était sculpteur et fondeur, reprenait la tradition des médaillons coulés de l'Italie ; ses portraits sont caractérisés par l'accent vivant et vrai des physionomies. Outre les célèbres médailles de Gabrielle d'Estrées et de Henri IV, de Henri IV et de Marie de Médicis, de Louis XIII, de Lesdiguières, de Jérôme de Villars, archevêque de Vienne, il exécuta des portraits de grande qualité du doge Marc Antonio Memmo, de François IV, du duc de Mantoue, de Matteo Barberini, lorsqu'il séjourna à Venise, Mantoue, Bologne ou Florence, entre 1612 et 1613. Jean Varin (1604-1674), graveur, sculpteur et peintre probablement flamand d'origine, laissa une œuvre considérable, faite de médailles frappées et de médailles fondues. Voltaire le considérait « comme le premier qui tira l'art de la médaille de la médiocrité, à la fin du règne de Louis XIII ». Il n'a pas signé toutes ses médailles, certaines lui ont été attribuées d'après des documents et des auteurs de l'époque.
De 1663 à 1715 s'ouvre pour la médaille une période de caractère particulier. Dès que Louis XIV eut pris en main, en 1661, le gouvernement de l'État, l'art de la médaille fut orienté de la même manière que le furent les lettres, les sciences et les arts, sous l'autorité de la Petite Académie fondée en 1663, qui devint, en 1716, l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres. Le graveur en médaille, dépossédé de toute initiative, témoignait de ses qualités par son habileté technique ; pour raison d'État, le monopole des devises appartenait à l'Académie. Un grand nombre de graveurs particulièrement distingués dans l'art des médailles furent appelés à la « Monnoye des médailles » pour graver et frapper les pièces des quatre histoires métalliques de Louis XIV ; le premier fut Jean Varin. Les médailles de Louis XIV sont signées de Jean-Baptiste Dufour, Thomas Bernard, François Chéron, Hercule Le Breton, Jean Mauger, Michel Molart, Jérôme Roussel, et d'un certain nombre de médailleurs étrangers célèbres dans leur pays : Antoine Meybusch, Raymond Faltz, Joseph Roettiers, Smeltzing ou Rüg.
De 1715 à 1789, on distingue, d'une part, l'achèvement partiel de la quatrième histoire métallique de Louis XIV, l'amorce d'une histoire métallique pour Louis XV, qui n'a pas été faite avec autant de rigueur que celle de Louis le Grand, et, d'autre part, des médailles frappées pour commémorer des événements du règne de Louis XVI. Toutes ces médailles ont été frappées d'après des devises composées par l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres. Deux noms dominent cette période, ceux des Duvivier, Jean et Benjamin, père et fils, peintres et graveurs. Les médailles qu'ils gravent sont exécutées avec la netteté et la puissance qu'impose le trait, laissant percevoir le talent du peintre dans les détails des fonds, ou des paysages.
L'influence de cet art des xviie et xviiie siècles, jusqu'à la Révolution, a dominé chez les médailleurs étrangers qui ont gravé dans le style français. C'est ce qu'on constate en examinant les séries de médailles réalisées aux Pays-Bas, en Angleterre, en Allemagne et en Russie.
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Écrit par
- Josèphe JACQUIOT : conservateur honoraire du Cabinet des médailles de Paris, ancien professeur à l'École du Louvre, professeur à la Monnaie de Paris
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