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MÉDECINE Médecine prédictive

Le dernier quart du xxe siècle restera sans aucun doute dans l'histoire des sciences comme la période la plus faste pour la compréhension moléculaire du vivant en général, de la génétique – et de la génétique humaine – en particulier. Si cette avancée majeure de la biologie est encore tout juste émergente dans le champ de la thérapie humaine (cf. thérapeutique-Thérapie génique), elle commence à prendre corps dans un domaine nouveau, passionnant et hautement problématique, celui de la médecine dite « prédictive » ou de prévision, qu'il convient de bien distinguer de la médecine de prévention bien que leurs buts soient similaires.

Le principe de base de cette médecine prédictive, selon l'expression popularisée par l'éminent biologiste et médecin Jacques Ruffié, est de prévoir l'apparition de certaines maladies avant même l'expression de leurs symptômes. « La médecine prédictive s'adresse non pas à des malades mais à des individus sains susceptibles de développer une maladie donnée », souligne pour sa part Jean Dausset, Prix Nobel de physiologie ou médecine en 1980, dont les travaux ont puissamment aidé à l'émergence de cette nouvelle et future médecine. « Ainsi définie, la médecine prédictive exclut les maladies déjà déclarées in utero, mais par contre peut détecter in utero chez un fœtus sain l'éventualité d'une affection qui n'apparaîtra qu'à l'adolescence ou à l'âge adulte. La médecine prédictive est essentiellement probabiliste. Elle ne peut que mesurer un risque sans jamais l'affirmer. À l'inverse de la médecine préventive, qui est souvent de masse (comme la vaccination), la médecine prédictive est personnalisée. »

Les outils de la médecine prédictive

En pratique, l'application des examens des caractéristiques génétiques d'un individu dans le cadre de la médecine prédictive comporte deux étapes essentielles. Il s'agit d'abord d'une identification de sujets présentant un risque accru. Il s'agit ensuite de l'application des mesures préventives aux sujets identifiés ; elles reposent sur une surveillance médicale ou sur des stratégies thérapeutiques destinées à empêcher ou à freiner le développement du processus pathologique. Comment sélectionner les personnes présentant un risque plus élevé que la moyenne ? La mise en œuvre des méthodes de dépistage génétique ne peut se faire qu'à partir d'un certain nombre de critères, comme la prévalence de l'affection que l'on souhaite prévenir, la sensibilité et la spécificité du test génétique que l'on va utiliser pour ce dépistage.

En France, le Comité national d'éthique a souligné à ce propos : « Les examens des caractéristiques génétiques présentent une particularité essentielle sur laquelle il convient d'insister : les résultats qu'ils fournissent sont des données constitutionnelles, qui identifient l'individu sur le plan biologique et qui, au-delà de l'individu testé, concernent souvent l'ensemble de sa famille et sa future descendance [...] En cela, ils diffèrent des examens habituels consistant en des analyses biologiques. Ils nécessitent que des précautions particulières soient prises, lors de leur prescription et de leur réalisation ainsi que lors de la communication des résultats. En particulier, la nature de l'information donnée aux intéressés est d'une importance essentielle. »

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Écrit par

  • : docteur en médecine, journaliste, chroniqueur médical sur le site d'information Slate.fr
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